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Une commune dans un écrin de verdure
OUED-DJER (BLIDA)
Publié dans Liberté le 10 - 12 - 2008

Le centre de Oued-Djer (transcription erronée de Ouadjer et que les autochtones distinguent de son oued Oued Ouadjer) créé par la France coloniale en 1858 était, jusqu'à l'Indépendance, un hameau. Depuis trois décennies, petit village, il est rattaché à la daïra d'El Affroun.
Chef-lieu de commune dont dépendent les hameaux de El H'chem, Si Hamdène, Maïef, Hsasna, Ouled Aïda ainsi que de petits douars disséminés sur les hauteurs de la circonscription, il est niché entre de basses collines à l'ouest et au nord, et la RN4, au sud, que surplombe la haute chaîne du Tell – un superbe amphithéâtre de montagnes en forme de ceinture. Le village posé dans la vallée, en contrebas de la route, surprend. À 9 km d'El Affroun, sur un tronçon de route verte encaissée, la voie ferrée et sa halte gare, à droite, puis le petit pont de l'oued, datant de l'époque coloniale, annoncent l'entrée du village de Oued-Djer. Un chemin vicinal goudronné bordé de champs verdoyants (des E.A.C.), naguère une piste cahoteuse que rappelle une chanson ancienne “trig Ouadjer fiha essicouss ouel hdjar” (la route de Oued Djer pierreuse et cahoteuse –pour “secousses”) mène au centre.
Une paisible localité
Le jour doré de l'automne se lève avec une fraîcheur vive sur la paisible localité. Des écoliers nonchalants se dirigent vers leur école ou le collège qui jouxte la brigade de gendarmerie, des lycéens pressent le pas pour atteindre les trois minibus en stationnement. Un mouvement constitué par les employés de la mairie, de la poste, du centre de soins, de la maison de jeunes… renseigne sur les structures existantes dans le village. Ceux (la plupart, pour ne pas dire tous) qui travaillent à Blida ou Alger sont sortis bien plus tôt pour regagner la gare ferroviaire d'El Affroun. Les autres, au chômage, fatigués d'attendre et d'espérer, de se déplacer vainement, se lèveront plus tard. Des échoppes (une dizaine en tout) s'ouvrent. Une odeur de pain chaud s'exhale de l'unique boulangerie. Une camionnette chargée de légumes frais entame sa vente à la criée au cœur du village, de préférence en retrait des habitations pour éviter d'incommoder les foyers, le sens de la “horma” (respect basé sur de la pudeur) étant très marqué à Oued-Djer. Et puis, plus rien. L'animation s'arrête. Les voix se font basses comme pour éviter l'écho que renverraient les montagnes alentour dans un sursaut d'indiscrétion. Un sentiment de paix s'installe sur les lieux, véritable thébaïde où le temps s'est arrêté.
Le dépaysement est certain quand on vient d'El-Affroun
De la rue principale qui se distingue par une propreté remarquable, partent des ruelles qui donnent l'impression d'avoir été tracées au cordeau par un géomètre et renfermant des pâtés de maisons basses aux tuiles rouges. Des cours intérieures s'élèvent des grenadiers, jujubiers, figuiers, orangers, citronniers…mais encore des sarments de jasmin fleuris, des rosiers grimpants, des roses trémières aux hampes dressées. Des treilles pendent les dernières grappes qui ont pu être préservées et protégées des premiers frimas. Un troupeau de chèvres folâtre dans le maquis. L'odeur de la bouse de vache annonce le bon lait et le beurre produit sur place, et le bourdonnement des abeilles, le miel de montagne. C'est dans cette atmosphère de village-dortoir bucolique, de lieu-dit où la population a conservé une mentalité rurale empreinte de naïveté, attachée à des valeurs ancestrales, que des personnes d'El Affroun, telles que le receveur de la poste Mouloud Abed alliant élégance et raffinement citadin et le médecin-chef du centre de santé, le Dr Akli Nacéra, très appréciée pour son dévouement, ont choisi de travailler malgré la masse de travail qu'ils abattent chaque jour. Au centre de santé, le personnel est, en majorité, féminin. Un atout pour les femmes de la commune qui viennent se soigner, se faire suivre pendant la grossesse, accoucher, vacciner leur bébé ou prendre leur pilule contraceptive. Les lieux sont propres et bien approvisionnés en médicaments d'urgence, en vaccins et produits de contraception. La maternité de dix lits dispose de l'équipement nécessaire à la prise en charge des parturientes. Un petit centre qui fonctionne, en fait, comme un grand. Une chance pour une population en majorité démunie et qui a été durement éprouvée par le terrorisme. Un point noir : au-delà de 16h, faute d'ambulance pour les évacuations et de médecin pour le service de nuit, les femmes en état d'accoucher sont obligées de se déplacer vers la maternité d'El Affroun. L'absence d'antenne de la Protection civile sur les lieux est ressentie comme un handicap par la population. A cet effet, le maire, Bouarar Amar, 57 ans, ingénieur de formation, rassure : “nous venons de bénéficier d'une ambulance qui sera réceptionnée incessamment ; quant à l'antenne de Protection civile, l'APC lui a réservé un terrain, il en est de même pour un point de sûreté urbaine qui devraient voir le jour, il est à l'espérer, dans l'année à venir.”
A quelques dizaines de mètres de là, la poste, un bureau de 4ème classe bien équipé. Petite, à l'image du village mais où toutes les opérations postales et financières sont assurées. Au guichet, des hommes venus de Bou-Medfaâ et Khemis-Miliana justifient leur raison d'être là : “ça va vite ici et les employés sont gentils”. Un entrepreneur de la région, tout en rangeant une liasse de billets, se tourne vers nous et résume solennellement : “rapidité, efficacité et sécurité”. Entre le 20 et le 24 du mois, la structure est assaillie par les retraités de la commune mais encore de toute la région. C'est ainsi que des taxis de Khemis Miliana ont trouvé le filon : durant ces 4 ou 5 jours, ils transportent, entre leur ville et Oued-Djer, des personnes âgées qu'ils déposent devant le bureau de poste et qu'ils reprennent plus tard.
L'impossible extension
À 9 km seulement d'El Affroun (une commune de 42 193 habitants, en pleine mutation de par un développement intensif et l'accroissement de sa population, encombrée par une circulation intense) le village de Oued-Djer est une merveille en matière de qualité de vie. La nature généreuse des maquis, malgré les multiples incendies qui ont ravagé la région, est parée d'un manteau de verdure constitué de pins, thuyas, arbousiers, oliviers, chênes à glands doux, buissons d'aubépine, lentisque, myrte, palmiers nains, jonc, plantes bulbeuses, absinthe…. Ici, l'automne et le printemps sont les plus belles saisons. L'atmosphère d'oasis qui règne dans la vallée enclavée, le centre de Oued-Djer la doit à l'impossibilité qu'il a de connaître une extension, limité qu'il est par l'oued, la voie ferrée, l'autoroute, le gazoduc et les collines. Seule une ouverture dans le sens ouest-est est envisageable avec l'extension du douar M'aïef distant du centre de 4 km. Là, une Nouvelle-Ville est en projet de création. Ce hameau dont la population actuelle est de 678 habitants, atteindra, alors, en 2025, le chiffre de 30 000 habitants, prévoit-on ; et le centre de Oued-Djer qui en compte, aujourd'hui, 3700 âmes en atteindra 9000. Au dernier recensement, la commune de Oued-Djer avec les douars qui lui sont rattachés, les habitations disséminées dans cette zone et la population étrangère qui y résidait (Turcs, Italiens et Russes) dans le cadre des travaux de l'autoroute, comptait une population de 6 514 habitants.
Il y a quarante ans, le hameau de Oued-Djer, alors centre de regroupement constitué d'une soixantaine de familles indigènes dont les habitations étaient cernées de fil barbelé, comprenait un groupement de soldats sénégalais, une trentaine de poudrières au nord et, plus loin, sur le bord de la route, une S.A.S., 4 fermes de colons et une auberge. Le reste n'était que gourbis aux murs de torchis et aux toits de chaume ou de tuile.
Des ressources incontestables
Pour le chef de daïra, M. Cherchali Mohamed, qui préconise des solutions en vue de la résorption du chômage, “la population doit s'organiser, individuellement ou en coopérative, pour créer la richesse sur place en s'intégrant dans les programmes de l'Etat, à l'instar du PPDRI, par le biais des organismes tels que l'Ansej et l'Angem”. Il évoque, à cet effet, la vocation agricole de la population rurale de cette commune de 72km2 de superficie et les ressources qu'elle recèle et qu'elle pourrait développer : l'artisanat (la poterie, le tissage …), l'élevage d'ovins et de caprins, l'aviculture, l'apiculture, l'horticulture, l'héliciculture (les escargots sont recherchés dans certains milieux, dans les restaurants d'Alger et du littoral) tant de perspectives (et sans doute bien d'autres encore si on pense aux plantes médicinales et potagères dont regorge la région) qui s'offrent à qui veut bien s'y intéresser et qui pourraient constituer une source appréciable de revenus.
“Le développement rural, insiste-t-il, ne doit pas être uniquement l'affaire de l'Etat”. Il cite, à cet effet, l'expérience pilote fructueuse réalisée à Azeffoun, durant son mandat à la tête de la daïra, où des femmes avec une vache et quelques oliviers acquis au moyen du dispositif de l'Etat, ont réussi dignement grâce à leur courage et leur persévérance. “Elles ont créé leur propre richesse”.
A quelques km de là, en entrant dans la commune de Boumedfaâ, l'on s'étonne : les poteries qui se vendent sur le bord de la route viennent du Chenoua, de Draâ El Mizan ou encore…de Sousse et Nabeul mais pas de Oued-Djer—une région où, il n'y a pas bien longtemps, les femmes fabriquaient leurs propres ustensiles de cuisine en terre cuite ou en bois. L'argile est là. Le bois aussi. Une richesse négligée, dédaignée. Il y a un an, un ancien fils de colons français né dans une ferme qui existe encore à la sortie de Oued-Djer, 78 ans, a souhaité revoir, toucher et sentir une des belles poteries de sa région d'origine avant de quitter ce monde. A-t-on conscience d'une telle ressource dont le tourisme pourrait s'enorgueillir ? Mais ne découvrons pas trop Oued-Djer ; sa population veut préserver ce lieu isolé, sauvage et paisible qui pourrait être convoité s'il était exposé. “Pour vivre heureux, vivons cachés, n'est-ce pas ?” nous dit avec le sourire M. Alili Abdelkader, l'adjoint au maire.
F. S.


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