Dans cette interview express, le numéro deux du RND répond à ceux qui demandent le report du congrès extraordinaire du parti en jugeant leur revendication «irresponsable». Il estime, également, que «le pays a encore besoin d'une coalition forte, solidaire et intelligente». L'Expression: Pour la première fois dans l'histoire du RND, deux candidats vont se présenter au poste de secrétaire général. Quelle lecture faites-vous de cette situation inédite? Seddik Chihab: Avoir plusieurs candidats au poste de secrétaire général du parti est effectivement une expérience nouvelle. Ce sera sans nul doute un plus. Le RND est une formation politique jeune. Il est en pleine construction. A travers cette expérience, nous essayons de consacrer un fonctionnement démocratique au niveau interne. Nous en sortirons certainement aguerris. De plus, une démocratie interne permettra au parti d'attirer de nouveaux militants et des cadres. Les militants ont bien accueilli cette nouvelle façon de faire? Au début, il y avait quelques réticences. La majorité des militants croit en Ouyahia et pense que c'est l'homme de la situation, estimant qu'il est le mieux placé pour insuffler au RND la dynamique qui soit à la hauteur des défis qui s'imposent au parti et au pays. Ouyahia a effectivement une grande expérience et un sens aigu des responsabilités. Mais il faut que le RND fasse sa mue et poursuive sérieusement sa construction démocratique. Nous sommes un parti sérieux et les gens mettent beaucoup d'espoir en nous. Nous avons le devoir d'être à la hauteur de leurs attentes. Mais, justement, dans le sillage du congrès du parti qui va se tenir bientôt, des opposants à Ouyahia demandent le report de ce rendez-vous organique. Pourquoi? A chaque fois qu'il y a un grand événement politique ou un rendez-vous organique important, quelques militants entrent dans l'arène et essaient de faire du bruit en comptant particulièrement sur les effets amplificateurs des médias. Mais, ces gens ne représentent pas grand-chose. Ils sont en mal de popularité et veulent faire parler d'eux. De plus, le fait que des militants contestent une décision politique est quelque chose d'absolument ordinaire, qui plus est, dans un parti comme le RND. Néanmoins, il n'est pas question qu'une minorité, quelle qu'elle soit, impose son diktat. Demander le report d'un congrès du parti, à la veille de sa tenue, est irresponsable. Une commission de deux-tiers des membres du conseil national est en train de préparer ce rendez-vous depuis plus de six mois. Des réunions sont quotidiennement organisées, les congressistes sont choisis, des engagements inhérents à la logistique sont pris, etc. On ne va pas se réveiller et revendiquer le report d'un congrès auquel vont assister 1600 militants, sans compter les invités du parti. Cette demande est farfelue et irresponsable. Est-ce que Amar Saâdani, qui n'arrête pas de tirer sur le secrétaire général par intérim du parti, sera invité au congrès? On n'a pas encore arrêté la liste des invités. Nous sommes en train de préparer les huit congrès régionaux qui vont se tenir le 16 avril. Après, on se penchera sur ces aspects protocolaires. Ceci dit, le FLN, quoi que l'on dise, est un allié stratégique. On a les mêmes références, notamment la déclaration du 1er Novembre, le même ancrage et les mêmes engagements envers le président de la République. Le FLN est membre de l'Internationale socialiste et le RND de l'Internationale centriste. Mais notre présence à l'international est au service de l'Algérie. Ce ne sont pas les déclarations conjoncturelles qui vont altérer les relations entre le FLN et le RND. Pour certains observateurs, la réussite ou l'échec du congrès du RND sera déterminante dans la scène politique nationale. Comment concevez-vous cette analyse? Le RND est un parti nationaliste qui a été constitué dans une période très difficile. Notre premier devoir est et restera celui de préserver l'Etat et de restaurer ses institutions. Aujourd'hui, il est plus que jamais impératif d'agir dans ce sens. Ensuite, nous avons un plan de redressement national qui consiste à réformer tous les secteurs de sorte à ce qu'ils soient gérés d'une façon efficace et efficiente. Nous devons faire face à de grands défis, pas seulement en tant que parti politique, mais en tant que pays. C'est pourquoi, contrairement à certaines formations qui obéissent à des considérations extrêmement partisanes, nous avons choisi, au RND, de nous inscrire dans une logique de consensus. Il faut être réaliste: nous avons besoin, et pour longtemps encore, d'une coalition forte, intelligente et solidaire, pour gouverner le pays.