Bouchouareb et son homologue indonésien De nombreux hommes d'affaires ou de riches héritiers ainsi que des contrebandiers préfèrent thésauriser leur fortune par crainte de «riba» dans le réseau bancaire traditionnel. Jusque-là négligée, la finance islamique sera-t-elle promue en Algérie? ss il faut que la différence avec la finance classique soit expliquée. C'est sur cette question que tentera de se pencher le ministre de l'Industrie et des Mines, Abdessalem Bouchouareb, à son retour de Jakarta en Indonésie où il a plaidé pour la finance islamique. Il est clair que pour le ministre, le nouveau modèle de croissance économique et la promotion des investissements ont besoin de la finance islamique pour être financés. D'ailleurs, parmi les domaines de coopération intéressant les deux parties, il y a le commerce, l'investissement, notamment dans les filières industrielles et minières et le tourisme, a indiqué le ministre de l'Industrie et des Mines. Ce dernier s'est aussi entretenu avec Mme Sri MulyaniIndrawati, ministre indonésienne des Finances pour partager les grandes lignes de la politique algérienne dont le nouveau modèle de croissance. Les deux ministres ont aussi abordé les questions liées à la finance islamique qui peut contribuer à drainer de l'argent vers les projets initiés en Algérie. Il n'est donc pas mauvais pour le ministre Bouchouareb de mobiliser l'épargne tout en comptant sur le financement externe par le biais de la finance islamique qui pourrait s'intéresser à la destination Algérie grâce à ses opportunités. Ces dernières sont représentées, entre autres, par les 2500 participants au Forum islamique dont certaines entreprises internationales. En plus de ce forum, d'autres manifestations ont eu lieu récemment sur la finance islamique. En effet, en mai dernier, de nombreux experts étaient invités par Finances & Conseil Méditerranée afin d'expliquer ses fondamentaux. L'un des intervenants fut justement Francis Papazian, président de Finances & Conseil Méditerranée suivi de Kader Merbouh, directeur de l'executive master «Principes et pratiques de la finance islamique» de l'université Paris-Dauphine. «La finance islamique, ses règles de base, son fonctionnement, son intérêt» fut l'intitulé de sa conférence. Il y a eu aussi Randi Carolyn Deguilhem, historienne, directrice de recherche au Cnrs, responsable du Groupement de recherche international. Elle s'est exprimée sur le thème: «Waqfs en terre d'islam, l'économie des waqfs ou le statut des biens communs en terre d'islam.» Quant à Bernard Paranque, économiste, délégué général à l'Euroméditerranée à Kedge Business School, il s'est interrogé en quoi la finance islamique est-elle une finance plus éthique? Le regard d'un banquier sur cette finance différente a échu à Jean Ticory, secrétaire général de la Caisse d'épargne Provence-Alpes Corse. Il est constaté que la finance islamique est loin de bénéficier de la préférence des populations de la région Afrique du Nord et de certains pays du Moyen-Orient, comme on pourrait le penser. Le phénomène, qui croît de façon très dynamique en Europe, en Asie et dans le Golfe, bute, apparemment, sur une résistance que l'on n'arrive pas pour le moment à expliquer comme c'est le cas en Algérie. Cette finance peut prendre la forme de «soukouk» ou de «takaful» en assurances. Seules quelques institutions se penchent sur ces créneaux en Algérie comme en Tunisie et au Maroc.