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Il y a 16 ans, une lumière s'éteignait
MOULOUD MAMMERI
Publié dans L'Expression le 28 - 02 - 2005

Dans un petit coin du cimetière d'Aman Imarghanen, au lieudit Abri Bouzal, repose un géant.
L'homme était grand et la mort en a fait un géant ! Mouloud Mammeri, que tout le monde aime à appeler Dda l'Mouloud, est mort des suites d'un malheureux accident de la route aux environs d'Aïn Defla alors qu'il revenait du Maroc en ce 27 février 1989. La nouvelle, qui s'est répandue telle une traînée de poudre en Kabylie d'abord et en Algérie ensuite, a pris de court un peu tout le monde et notamment, ces dizaines de milliers de jeunes pour qui il est le phare dans le brouillard. Dda l'Mouloud est mort ! La nouvelle dure et terrible a surpris plus d'un! On le pensait tel un vieux chêne solidement enraciné sur l'humus amazigh, comme quasi éternel. C'est qu'il avait encore tant à faire et tamazight et la culture avaient tellement besoin de lui. Mais la force puissante du sort en avait décidé autrement. Ce 27 février, Tizi Ouzou pleurait et se tordait de douleur. Les étudiants et les animateurs du MCB originel ne savaient plus quoi dire ni que faire ! Le père, l'Amusnaw, le sage d'entre les sages, et l'homme attentif aux autres n'est plus. De toutes les régions de Kabylie et aussi de tous les coins d'Algérie, des convois d'hommes, de , d'adolescents ont tenu à rendre l'ultime hommage à un géant. Le lendemain, lors de son enterrement, la foule était immense ! De mémoire des gens de Beni Yenni, jamais il n'y eut autant de visiteurs. Tout le monde voulait le voir, et chacun voulait lui rendre hommage. Jusqu'à ses détracteurs de la veille, ceux-là qui, du haut des tribunes, vilipendaient de façon abjecte les travaux de l'homme, qui ont tenu à faire le déplacement de Beni Yenni. Ceux-là s'étaient d'ailleurs faits tout petits ce jour-là, ils avaient peur de la vindicte populaire. Un ministre de la République, aujourd'hui disparu, et se piquant de culturalisme, lui qui en fait n'était qu'un simple concentré de slogans et autres «prêt à penser», a difficilement évité les jets de pierres des jeunes gens. Heureusement pour lui, les gens de Beni Yenni étaient intervenus pour lui éviter les blessures, mais il était reparti de là conscient de son détachement du peuple! La presse n'était pas tellement représentée à l'enterrement ; il est vrai qu'à cette époque, seule la Pravda nationale était sur les étals des kiosques. Cette Pravda qui, un jour d'avril 1980, avait fait un mauvais procès à l'homme et l'avait désigné pratiquement à la vindicte populaire. Fort heureusement, le peuple savait faire la différence entre les propos des spécialistes de l'insulte et de la calomnie et le legs d'un homme de culture.
Dda l'Mouloud était un écrivain fécond et aussi un enseignant de valeur pour finir comme chercheur. Sa vie, il l'avait vouée à un seul idéal : servir réellement son pays. Déjà, lors de la guerre de Libération nationale et dans le secret que demandait l'époque, il rédigeait, à la demande de feu M'hamed Yazid, les dossiers dont se servait l'Algérie en lutte, dans les assises internationales. Mais les tenants de la vindicte et la pensée unique ont longtemps prétendu le contraire. Ces révolutionnaires de la 25e heure ont cru faire oeuvre utile en essayant d'effacer de la mémoire du peuple cet homme et ce faisant, ils l'avaient chargé des maux qui, en fait, pouvaient être les leurs ! Enseignant, il s'est vu refuser la chaire de berbère à l'université d'Alger ! Cette chaire où il avait éveillé tant et tant de consciences à la culture originelle.
Homme de lettres, il a vécu l'ostracisme et le rejet quand, au printemps 1980, et sur ordre du wali de l'époque, sa conférence sur les poètes kabyles anciens fut interdite à Tizi Ouzou.
Dda l'Mouloud a fait la traversée après nous avoir raconté la mort absurde des Aztèques dans le banquet et s'en est allé se reposer du sommeil du juste dans un petit coin de la colline oubliée, il n'avait cure ni de l'opium ni du bâton, il savait depuis Ameur des arcades que ce qui importe c'est de laisser derrière soi, après le départ des Isefras de Si Mohand ou encore Cheikh Mohand a dit ! Son nom brille dans le firmament de la culture universelle alors que ses détracteurs sont tombés dans l'oubli. Belle revanche de l'histoire ! Aujourd'hui, la tombe du cimetière d'Aman Imarghanen n'arrête pas de recevoir les foules de visiteurs les uns pour un moment de recueillement et les autres pour y déposer une fleur. Dda l'Mouloud repose en paix, tu as fait ta part et la meilleure, nul ne t'oubliera et tamazight en particulier!


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