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«On vit comme dans un film»
LUC LAGIER (CRITIQUE DE CINEMA) À L'EXPRESSION
Publié dans L'Expression le 10 - 04 - 2005

Passionné de cinéma, il doit son regard critique à Hitchcock et son film Vertigo. Là où tout a commencé...
Dans le cadre d'un séminaire de formation sur la critique de cinéma, organisé par l'ambassade de France en collaboration avec l'association Kaïna et ce, au profit des médias algériens, Luc Lagier, un féru de cinéma d'hier et d'aujourd'hui, s'est distingué par de brillantes démonstrations entre étude et interprétation d'une image. Doué d'une extrême sensibilité, ce rédacteur en chef de l'émission Court-circuit (magazine qui passe sur Arte) et auteur de plusieurs livres sur Carpenter et De Palma notamment, a prouvé qu'on pouvait réellement développer un discours «poétique» profond sur le cinéma sans s'éloigner de l'objectivité. Aussi sombre que pragmatique, Luc Lagier parfois énigmatique, se veut volubile afin de comprendre de loin ce qui se voit de près. Soit par une analyse pertinente et riche. Il s'est révélé en cela un des critiques sûrs de sa génération... Interview sur le ton de la confession...
L'Expression : Pourriez-vous vous présenter?
Luc Lagier:Je suis Luc Lagier. J'ai 33 ans. Je suis critique de cinéma, rédacteur en chef de l'émission Court-circuit qui passe sur Arte le mercredi autour de minuit. J'ai écrit des livres sur le cinéma, Brian de Palma, John Carpenter... Je fais aussi des documentaires sur le cinéma sur la chaîne Ciné-cinéma, en fait.
Vous aimez le cinéma étrange «gore», comme vous nous l'aviez confié et pourtant, vous vouez une adoration quasi obsessionnelle à Vertigo, un film classique. Comment expliquez-vous cela?
J'ai découvert Vertigo à l'adolescence. J'avais 14 ans. Donc, je crois que cela m'a beaucoup marqué dans la salle de cinéma où je l'ai vu. Cela a été une de mes premières émotions très fortes. Je pense que la plupart des gens qui aiment le cinéma, le disent : c'est à l'adolescence que cela se passe. Ce n'est pas à l'âge de 30 ans, quand j'ai découvert Citizen Kane de Wells, qui est objectivement un chef-d'oeuvre. Mais quand je l'ai découvert, j'avais déjà 25 ans. Donc, ce n'est plus l'adolescence. A l'adolescence, on cherche des choses, et quand on les trouve, et bien on plonge dedans, complètement et définitivement, et c'est ce que j'ai fait. Je devais certainement chercher à ce moment-là une échappatoire possible à ma vie et en tout cas, la volonté de fantasmer un autre monde et je l'ai trouvée par le cinéma et par le film d'Hitchcock. Pourquoi ce film? Je pense que c'est la beauté de Kim Novak qui a dû me séduire, les couleurs du film, c'est toute une esthétique que j'ai dû aimer. Je me souviens aussi avoir eu peur pendant ce film, alors que quand je le revois aujourd'hui, je me rends compte que ce n'était pas du tout un film d'épouvante. Le film est assez obscur quand même. Il y a la scène du cauchemar qui fait peur. Je pense que cette émotion de la peur irrigue complètement ma passion du cinéma, aujourd'hui. J'aime le cinéma d'épouvante. J'aime la notion de peur au cinéma. Je pense qu'aimer un film comme Vertigo et aimer le cinéma en général c'est toujours tendre vers ce point où on est un peu en danger ou on a un peu peur, et on se demande un peu... J'aime beaucoup le mystère en tous les cas au cinéma, et je pense que c'est lié à Vertigo, lié à cette notion de peur... Le cinéma pessimiste m'intéresse.
Vous parlez de la notion de plonger dans l'image, le fantasme de cinéphile dont vous nous parliez la dernière fois. Quel serait donc le vôtre?
Mon fantasme au cinéma c'est d'abord Vertigo, évidemment. Je dirais ensuite le cinéma de Brian de Palma et plonger dans un film qui en refait un autre. Je trouve cela amusant comme mise en abîme. Comme ironie, je trouve ça bien. Sinon je dirais... Je ne plongerai évidemment pas dans un film d'épouvante parce que c'est trop horrible, mais plutôt dans tout le cinéma de la comédie musicale, tout le cinéma un peu féerique, évidemment sont de beaux lieux pour se lover, plonger et habiter ce genre serait évidemment un grand plaisir.
C'est plonger ou réanimer?
Ce sont les deux. Pour réanimer un film, il faut plonger dedans...
Quelle est, d'après-vous, la bonne méthode pour critiquer un film?
D'abord, ne pas avoir d'a priori positifs ou négatifs, essayer d'être le plus vierge possible par rapport à un film que l'on découvre, c'est avoir tous ses sens en éveil, c'est-à-dire aussi son coeur, l'émotion, être attentif. C'est déjà la seule chose qu'il faut pour une première vision. Je crois qu'il faut se débrouiller pour revoir le film pour, ensuite, intellectualiser ses émotions. Parce que ce n'est pas évident. C'est un travail, c'est l'habitude. On patauge au départ, c'est évident, mais il faut effectivement avoir le coeur, les oreilles, les yeux ouverts sans a priori et surtout avoir confiance. Il n'y a pas des gens qui ressentent des émotions mieux que les autres. je pense qu'à un certain niveau, on est tous égaux, et je pense que par rapport à l'émotion au cinéma, on est tous égaux. Ensuite, on se doit d'avoir confiance dans le fait que l'on a été ému au juste moment, et développer pourquoi et de quelle façon et comment on a été ému...
L'important sur lequel il faudra s'attarder, est-ce le poétique, la technique, l'esthétique ou la thématique?
Alors, pas la thématique, pas la technique, cela n'a aucun intérêt. C'est un mélange de tout cela. Je dirais que le discours d'un critique de cinéma à mon avis, c'est de proposer un discours poétique sur un art, en l'occurrence le cinéma. C'est un discours qui est aussi important pour moi que le discours politique, le discours sportif ou autre parce que l'art fait partie de nos vies. On vit de plus en plus comme dans un film. On vit de plus en plus en référence à des films. Combien de fois dans la vie on se dit : tiens ! On se croirait dans tel ou tel film... cela arrive tout le temps. Et donc, le discours poétique sur le cinéma est pour moi du même ordre, de la même valeur qu'un discours politique ou économique...
Un point de vue sur le cinéma algérien, les courts métrages algériens ou ce que vous avez déjà vu...
Je le connaissais mal, je le connais toujours mal. J'ai l'impression que le cinéma algérien souffre d'une chose, c'est le manque de films. A deux niveaux. Un, parce qu'il faut toujours avoir beaucoup de films, et c'est bien quand un pays produit beaucoup de films. Il y a le revers de la médaille quand il y a peu de films, c'est que le film qui sort en ce moment, Viva l'Aldjérie ou d'autres films sont victimes de devoir dire trop de choses, de dire tout ce que les autres films qui n'existent pas ne peuvent pas dire. Comme si un film algérien, parce qu'il n'y en a que dix dans l'année, devait tout raconter de la réalité algérienne. C'est très difficile. Moi, en tous les cas, ce que je regrette c'est de ne pas avoir vu, et j'aimerai bien voir un vrai polar algérien, une vraie comédie musicale algérienne, un vrai film d'amour algérien, une vraie comédie algérienne... Je sais qu'il y en a très peu et qu'en général, les films que l'on voit en France, sont des films réalistes qui décrivent la réalité de l'ambiguïté politique, à un moment donné de l'Algérie, de la réalité du traumatisme des années du terrorisme...C'est normal qu'un cinéma propose cela, mais il ne doit pas proposer que ça. Il doit proposer aussi d'autres choses...


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