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«Un toit et on tourne la page»
BOUMERDÈS, DEUX ANS APRÈS ZEMMOURI
Publié dans L'Expression le 19 - 05 - 2005

Quelque 720 unités seront distribuées avant la fin du mois de septembre, selon le maire de la ville.
«Nous étions environ une quarantaine à l'intérieur à attendre l'heure de la prière (du Maghreb) qui ne devait pas tarder. Puis soudain, la terre commença à trembler. Je vois, effaré, la bâtisse peu à peu s'effondrer en deux parties distinctes. Certains, pour échapper au déluge, ont pris leurs jambes à leur cou et couraient dans tous les sens. Les plus chanceux sont allés se réfugier dans la salle des ablutions. Tandis que d'autres dont moi, terrifiés et incapables de réagir, lisions à haute voix la Chahada en attendant une mort qui nous a paru, en ce moment précis, certaine.» Deux ans après, Mohamed Amara, l'imam de la mosquée de Zemmouri, se rappelle en détail, du tremblement de terre qui a détruit entièrement la ville de Zemmouri, 60 km à l'est d'Alger. La mosquée, où il officie depuis quelques années, compte, à elle seule, une dizaine de morts et plusieurs blessés. Enfoui dans une vaste gandoura blanche en compagnie de quelques amis, l'imam miraculé n'est pas prêt d'oublier le drame. A chaque instant, il affirme s'en remettre à Dieu et le prie, dit-il, pour qu'il puisse aider les sinistrés à reprendre goût à la vie. Quinze jours après le séisme, les autorités locales ont démoli l'édifice sacré pour y bâtir une autre à quelques centaines de mètres. Depuis, les fidèles accomplissent leurs prières dans un hangar aménagé qui faisait office, dans les années passées, de centre commercial. «Nous nous contentons du peu. C'est la volonté de Dieu, et nous l'acceptons», lâche-t-il.
La ville de Zemmouri où, à 9 km au nord, dans la mer, les services du Centre de recherches en astronomie astrophysique et géographique (Craag) ont localisé l'épicentre du séisme qui a atteint la magnitude de 6,8 sur l'échelle de Richter, au début de la soirée du 21 mai 2003, garde, à ce jour, les séquelles de la tragédie qui a coûté la vie à 78 personnes et a fait, selon les chiffres qui nous ont été donnés par le maire de la ville, plus de 500 blessés.
Après la pluie, le relogement
Durant les deux années qui ont suivi la tragédie, les Zemmouriotes ont appris, à leur corps défendant, à vivre au rythme harassant des chantiers installés aux alentours de la ville. Si les pouvoirs publics affirment travailler d'arrache-pied pour la reconstruction de la ville et la remise en état des bâtisses touchées, dont celles abritant les institutions publiques - ce qui d'ailleurs n'est pas tout à fait faux vu les chantiers lancés dans la quasi-totalité des régions - l'on doit cependant dire que la tâche n'est pas de tout repos et que beaucoup de choses restent à faire et à parfaire. Les principales artères de Zemmouri que nous avons arpentées, dans la matinée de samedi dernier, donnent l'image d'une ville qui tente difficilement de se remettre. On y voit, pêle-mêle, des villas aux murs fissurés, d'autres entièrement éventrées. Quelques gravats des habitations détruites n'ont pas encore été déblayés. Le centre-ville s'est transformé, depuis, en un vaste chantier envahi par la poussière. «Le chef-lieu de la commune a été détruit à plus de 80%», nous apprend Dramichi Boualem, président de l'Assemblée populaire communale (APC). «Les dégâts matériels ont été évalués à 60%, soit plus de la moitié de la ville.»
Non loin du centre-ville, à la rue Torni, se trouve le site de sinistrés le plus important de la localité. Quelque 480 chalets y sont implantés. Les familles, qui y résident, semblent, à première vue, bien accommodées avec la vie «paisible» des baraques. La vie à l'intérieur s'est notablement organisée. Des locaux de commerce, ceux de l'alimentation générale notamment, ont vu le jour pour approvisionner les sinistrés. Une école primaire y a été également installée afin d'éviter aux enfants de se déplacer à l'extérieur du site. Néanmoins, à mesure que nous parcourons les différents blocs, l'ambiance vire, peu à peu, au désenchantement et les quelques habitants que nous avons interrogés ne cachent pas leur dépit. Les apparences sont bien trompeuses, comme le dit l'adage. «Les gens ici commencent à s'impatienter. Ils veulent être relogés le plus tôt possible. Deux dans les chalets, c'est trop!» s'exclame Belhadj Omar, un jeune de 24 ans, pêcheur au port de Zemmouri El Bahri (Marine). Le commerçant d'à côté abonde, lui, dans un autre sens, mais reconnaît, toutefois, que ce type d'habitations reste nécessaire en raison des secousses qui surviennent régulièrement. Les chalets, selon lui, ne dépassent pas les 36 m² . «Il y a beaucoup de familles nombreuses qui s'entassent dans ces chalets», se plaint-il. Lui aussi souhaite quitter les baraques pour les nouvelles habitations que les autorités publiques leur ont promises au lendemain du séisme. Nous avons, en effet, appris de source communale que, dans le cadre du relogement, la ville de Zemmouri a bénéficié de 720 logements dont le tiers sera attribué fin juin prochain. «Ceux dont les habitations ont été classées orange 4 ou rouge», explique M.Dramichi. Ceux ayant reçu l'enveloppe de 100 millions de centimes d'aide à la reconstruction ne sont pas concernés. La plupart des sinistrés seront relogés dès le mois de septembre, ajoute notre interlocuteur. Pour autant, si la satisfaction des autorités publiques a de quoi ravir les centaines de familles concernées, le relogement n'a pas fait cependant que des heureux, car il ne s'étend pas aux propriétaires des habitations individuelles. «Leur recasement prendra un peu de temps», souligne notre source, qui indique que ces derniers ont eu droit à une aide d'un million de dinars pour la reconstruction de leurs maisons.
Difficultés psychologiques
A quelques pas du site Torni, est implanté le centre psychosocial. Un organisme qui dépend de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche. Il a été mis en place en collaboration avec une ONG canadienne, quelques mois après le séisme, avec pour mission de garantir aux sinistrés, toutes catégories confondues, une prise en charge psychologique. Une équipe de trois psychologues, dont un clinicien, deux scolaires et un orthophoniste, veillent au grain, toute la semaine. «Plusieurs personnes souffrent encore de troubles psychologiques qu'ils ont hérités du séisme. Nous traitons jusqu'à ce jour des cas d'angoisse, d'anxiété, de repli sur soi... qui sont dus également aux répliques qui surviennent de temps à autre», explique Mlle Châabani Malika, psychologue et responsable du centre. Quelque 302 personnes ont bénéficié d'une prise en charge depuis 2004.
Il est vrai, aussi, qu'en dépit de l'assistance aussi bien médicale que psychologique apportée tant par les pouvoirs publics que par les organismes internationaux, de nombreux citoyens, traumatisés par les horreurs du séisme, trouvent du mal, aujourd'hui, à renouer avec le quotidien. Ajouter à cela les problèmes familiaux liés, en somme, à l'exiguïté des chalets, qui n'arrange en rien les thérapies auxquelles ils sont soumis.
Les enfants en sont particulièrement touchés. Nombreux sont, en effet, ceux qui souffrent de perturbations telles que l'énurésie, l'amnésie, les troubles du langage, les difficultés d'apprentissage...Ces difficultés pèsent très souvent sur leur travail scolaire et se traduisent notamment par l'échec de leur scolarité. «C'est un phénomène qui ne cesse de prendre de l'ampleur», reconnaît Mlle Chaâbani.
Quoi qu'il en soit, les 23.000 habitants de cette bourgade, située à 15 km de Boumerdès, l'autre ville sinistrée, ont payé la lourde facture du tremblement de terre dans laquelle 2268 personnes ont trouvé la mort.
Aujourd'hui, Zemmouri, port de pêche, et connue aussi pour son agriculture, tente, tant bien que mal, de panser ses plaies. La tâche n'est pas aisée tant que subsistent les séquelles de la tragédie. Le défi lancé actuellement est de reloger la totalité des sinistrés avant la fin de l'année en cours. Les pouvoirs publics ont donné leur parole d'honneur. La balle est dans leur camp.


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