Le minsitre des Affaires religieuses Les islamistes devront désormais compter avec un nouvel acteur qui entend dénoncer l'usage de la religion à des fins idéologiques. L'opinion nationale a eu l'occasion d'apprécier sa position sur la «Basmala» et sur l'appel à la prière réglementé par le ministère des Affaires religieuses, le Syndicat national des zaouïas qui s'oppose systématiquement aux thèses islamistes, répond à ces derniers en apportant un soutien ferme et actif à l'interdiction de la burqa et du djilbab dans les établissements scolaires. Dans un communiqué rendu public avant-hier en soirée, le syndicat n'a pas tourné autour du pot et salué la mesure d'interdiction du voile intégral dans les écoles de la République. «Le djilbab et le niqab doivent être réservés à des lieux de culte», a considéré le communiqué, apportant une distinction claire entre la mosquée et l'école. Les zaouïas qui constituent le socle de la croyance religieuse nationale et qui ont de tout temps accompagné la société, faisant montre d'une clairvoyance qui donnait, en Algérie, une idée généreuse de l'islam, estiment que ce qui a été décidé par le ministère de l'Education «est une sage décision qui vise à rétablir la sécurité dans les établissements scolaires». Lesquels faut-il rappeler, constituent depuis plus de trente ans le «terrain d'expérimentation» d'un islam importé d'Egypte et imposé aux élèves par une caste d'islamistes, qui se retrouve aujourd'hui au sein de l'Assemblée populaire nationale. Réfutant les thèses salafistes et wahhabites en vogue dans les milieux islamistes en Algérie, le syndicat des zaouïas affirme dans son communiqué que «la décision est étudiée par les spécialistes qui ont conclu que cela ne touche en rien à l'honneur des Algériennes». Il n'y a, dans le propos des membres des zaouïas, aucune allusion religieuse. Ainsi, empreint de cette humilité propre aux traditions cultuelles algériennes profondes, le syndicat des zaouïas s'interdit de porter un jugement religieux sur un acte purement administratif qui n'a aucune intention de nuire à la femme algérienne. Cette grande leçon de sagesse devrait inspirer les islamistes de tous bords qui croient voir dans la série de décisions du ministère de l'Education «un plan diabolique visant à détruire l'islam en Algérie». La religion qui a résisté à une occupation en règle par un clergé évangélisateur, appuyé par une puissante armée coloniale, peut-elle disparaître aussi facilement? La question n'a même pas lieu d'être posée, au regard de l'histoire de l'Algérie. qui n'a pas attendu les islamistes du XXe siècle pour se faire sa propre idée sur la religion des ancêtres. Il reste que la réaction du syndicat des zaouïas apporte une nuance dans le discours religieux, en ce sens que la scène jusque-là dominée par les tenants de l'islamisme devront désormais compter avec ce nouvel acteur qui semble décidé à s'affirmer dans le paysage politique national, non pas pour compliquer le débat, mais pour signifier aux islamistes qu'ils ne sont pas détenteurs de la parole divine. On aurait pu apprécier le lexique des zaouïas sur toutes les affaires agitées par les intégristes, axé prioritairement sur le respect de la personne humaine et des us et coutumes de la République, au lieu d'annoncer une quelconque «manigance» de quelque partie que ce soit. Si les armes des islamistes et des zaouïas sont les mêmes, à savoir les communiqués, donc les mots, l'usage n'est manifestement pas le même. Alors que les députés islamistes et autres imams rigoristes développent des attitudes quasiment guerrières, à la limite de l'affrontement idéologique, les zaouïas adoptent une démarche autrement plus pacifique, en privilégiant l'intérêt général, très loin de toute idéologisation du discours. Les islamistes qui ont déjà au moins deux adversaires courageux que sont les ministres de l'Education nationale et des Affaires religieuses, auront aussi face à eux, l'organisation des zaouïas qui passe pour être encore un puissant relais populaire. De fait, les accusations souvent infondées et mensongères que colportent les islamistes à l'adresse de toute mesures de l'Etat, trouveront en face un acteur religieux, dont l'objectif est justement de dénoncer l'usage de la religion à des fins idéologiques.