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La France condamnait à mort Mohamed bouras
IL Y A 64 ANS
Publié dans L'Expression le 16 - 08 - 2005

Un document inédit sur la condamnation du fondateur du scoutisme musulman.
Pendant longtemps, les documents militaires portant condamnation de Mohamed Bouras, fondateur du scoutisme musulman algérien, sont restés confidentiels. Malgré les recherches effectuées ici et là, on savait peu de choses sur le Conseil de guerre qui l'a condamné à Alger, le 14 mai 1941 et sur sa composition. La famille et les amis de Bouras savaient qu'il avait été condamné et exécuté à Hussein Dey, le 27 mai 1941, date célébrée chaque année dans le pays depuis 1962. Une rumeur non confirmée faisait état d'un second chef scout condamné et exécuté en même temps que lui. Mais son nom reste pratiquement inconnu.
Nous avons cherché vainement à en savoir plus pendant des années, jusqu'à un jour d'avril 2005 où un document important nous a été communiqué. Il s'agit d'une photocopie de jugement rendu par le tribunal militaire d'Alger, érigé en Cour martiale. L'analyse de ce texte apporte des précisions d'une extrême importance sur le procès. Présidé par le lieutenant-colonel Dumoncel, le tribunal se composait d'un autre lieutenant-colonel, d'un capitaine, de deux lieutenants et d'un adjudant-chef.
Les condamnés, au nombre de quatre, sont nommément cités:
1- Mohamed Bouras, né le 25 février 1908 à Miliana, dactylographe, père de quatre enfants, domicilié à Saint-Eugène, Alger ; il est condamné à mort.
2- Mohamed Bouchareb, né le 20 janvier 1912 à Miliana, peintre, célibataire, domicilié au 52, chemin de Notre-Dame d'Afrique, Alger ; il est condamné à mort.
3- Mohamed Mahmoudi, né le 7 février 1915 à Médéa, soudeur, célibataire, domicilié au 9, rue Rovigo, Alger ; il est condamné à 20 ans de travaux forcés.
4- Ahmed Fekrache, né le 7 février 1899, au douar Irathen, Fort-National (Tizi Ouzou), commerçant forain, célibataire, domicilié au 173, chemin Laperlier, Alger ; il est condamné aux travaux forcés à perpétuité.
Les biens des condamnés sont confisqués. Deux inculpés sont acquittés: Mohamed Sadouki, né le 21 février 1903 à Duperré (actuellement Aïn Defla), chauffeur, célibataire, domicilié au 2, rue Berlioz, Alger; Tayeb Batel, né le 23 octobre 1908 à Miliana, infirmier, père d'un enfant, domicilié à Air de France, Bouzaréah, Alger. Curieusement, ils sont tous appelés «indigènes musulmans non naturalisés». Ces jeunes gens n'étaient pas des citoyens mais des sujets de l'Etat français qui avait conquis leur pays. Leur statut était celui du code de l'indigénat, texte discriminatoire qui ne s'appliquait pas aux citoyens français d'origine ou naturalisés.
Qu'avons-nous appris dans ce document?
En premier lieu, le motif de la condamnation a été celui d'atteinte à la sûreté extérieure de l'Etat. Les accusés n'ont pas eu la possibilité de choisir leurs avocats. Le tribunal a désigné deux défenseurs d'office: maître Brunois pour Bouras et Bouchareb; maître Bosshard pour les autres. M.Duzer, interprète militaire, a servi de traducteur pour la langue arabe. Achiary, de sinistre mémoire, a assisté aux débats du tribunal qui ont eu lieu à huis clos. Son service de police avait surveillé Bouras d'octobre 1940 à mai 1941 et il a procédé personnellement à son arrestation. On apprend encore que Mohamed Bouchareb a été exécuté en même temps que Bouras. A-t-il été enterré près de lui au cimetière de Kouba? Nous ne le savons pas. La mémoire de ce chef scout mérite d'être honorée comme celle du président Bouras et son nom devrait être donné à plus d'un établissement d'éducation.
Quant aux deux jeunes gens condamnés aux travaux forcés, Mohamed Mahmoudi et Ahmed Fekrache, il est nécessaire de rechercher leurs traces dans leurs lieux de naissance, pour les faire mieux connaître et leur ren-dre l'hommage qu'ils méritent. Une telle mission incombe, à notre avis, à la direction actuelle du scoutisme musulman algérien et aux historiens qui s'intéressent aux événements de cette période.
Au terme de cette analyse, on constate qu'il n'y pas d'accusations précises qui justifient l'arrestation de Bouras et des jeunes scouts, sinon l'atteinte à la sûreté extérieure de l'Etat.
Il s'agit là d'un motif courant qui servait à poursuivre n'importe qui pour n'importe quoi, dès qu'il contestait la politique française par la parole ou par l'écrit. Dans notre livre sur le scoutisme, nous avons publié le témoignage de deux chefs adjoints de Bouras: Mohamed Seghir Feredj et Rabah Boubrit. D'après ce témoignage, Bouras a cherché à se procurer des armes pour organiser la résistance dans le Zaccar, montagne qui domine la ville de Miliana.
Dans ce but, il a pris contact avec la commission allemande d'armistice qui siégeait à Alger, avec l'accord du gouvernement de Vichy. Bouras n'a rien obtenu de cette commission et la police n'a pas découvert d'armes chez lui ni chez ses compagnons. Un historien français s'est contenté d'écrire que Bouras avait été condamné pour collaboration avec l'ennemi.
Il est stupéfiant d'affirmer que Bouras «a collaboré avec l'ennemi», alors que le gouvernement de Vichy collaborait avec les Allemands qui occupaient la France. En fait, Bouras et ses amis étaient de jeunes nationalistes, raison pour laquelle ils ont été condamnés.
Cette justice militaire était une justice coloniale qui ne s'embarrassait pas de recueillir des preuves solides et irréfutables et ne donnait aux accusés aucune chance de faire appel. Il reste l'espoir de découvrir un jour les rapports de police qui ont servi de base à cette justice expéditive ne reconnaissant aucun droit à «des indigènes musulmans non naturalisés.»


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