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Quand religion rime avec sagesse
ASSENSI D'AZRU N'THOUR
Publié dans L'Expression le 17 - 08 - 2005

Les chants des oiseaux et le vent des montagnes, aux airs mélodieux, réveille Azru n'Thour. L'obscurité de la nuit cède subtilement la place à la lumière tamisée de l'aube. Aux chants des oiseaux, se mêle un léger bruit provoqué par un brouhaha à peine perceptible provoqué par les joyeuses palabres des familles convergeant des villages voisins. Au lever du jour, on aperçoit de longues chaînes humaines évoluant en file indienne sur les différents sentiers qui mènent vers l'un des plus hauts pics du Djurdjura. Un peu plus loin, un impressionnant cortège de voitures défile, provoquant un nuage de poussière. En l'espace de quelques minutes, les larges surfaces agricoles, qui se trouvent sur l'autre flanc du site, sont transformées en parking.
Des milliers de visiteurs
Au fil des heures, le soleil impose sa chaleur. Les visiteurs, venus en masse, se pressent sous les centaines d'arbres à la recherche d'une ombre fraîche. Cela étant, ni l'ardeur des rayons du soleil, ni les chemins escarpés d'Azru n'thour, et encore moins la fatigue de l'escalade des monts du Djurdjura, n'ont empêché les milliers de visiteurs de tous âges et des deux sexes de s'y rendre pour assister à «Assunsi».
«Assunsi » est la fête organisée durant le mois d'août de chaque année, à tour de rôle, par trois villages de la région d'Iferhounène à savoir Ath Adellah, Takhlidjt et Zouvga au lieudit Azru n'Thour. Ne dérogeant pas à la tradition, ces villages sont au rendez-vous, cet été, pour célébrer la tradition. Le week-end dernier, c'était le tour du village n'Ath Adellah d'assurer «Assensi».
Pour bien fêter la tradition, les habitants du village ont commencé à se préparer deux semaines plus tôt . A cet effet, plus de 150 personnes ont été «réquisitionnées» pour assurer la sécurité des visiteurs. Une autre centaine est destinée à assurer la restauration. Dans ce sens, près de 30 moutons et les quelque 700 kg de couscous ont été préparés pour le déjeuner aux visiteurs 48 heures avant la fête.
Les habitants du village d'Ath Adellah se sont déjà installés à la cime de la montagne afin d'apporter les dernières retouches au plan du travail et affiner les derniers préparatifs. Vendredi, jour de visite. «Assensi» commence.
A peine le soleil atteint-il le zénith que les premiers visiteurs installés sur le plateau du site commencent à raconter leurs secrets et leur histoire au «sanctuaire», afin qu'il leur accorde sa bénédiction. «Les retardataires ont toujours tort» dit l'adage. En effet, ces derniers sont installés sur l'autre flanc de la montagne en attendant de trouver un chemin pour aller allumer une bougie sur l'un des plus hauts pics du Djurdjura et de faire une «prière», afin de voir leur père ou leur fils à l'étranger retourner au pays, ou tout simplement apprécier les beaux paysages qui s'offrent aux yeux.
Il est 13heures, les organisateurs invitent les visiteurs à goûter la «baraka». Ici, la tradition est vivace. Les visiteurs s'assoient autour d'un grand plat de couscous et de viande. Une fois qu'ils ont goûté à la «baraka», les visiteurs passent «volontairement» à la caisse réservée aux dons et aux aumônes. Ou bien ce qu'on appelle «Elwa'àda». Dans ce sens, Da Ramdane, un vieux de la région affirme: «Personne n'est obligé de donner quoi que ce soit. Les visiteurs sont libres de donner ce qu'ils veulent, s'ils le veulent». Malgré cela, les visiteurs donnent des sommes colossales qui dépassent parfois les dix millions de centimes.
A quelques mètres de là, se trouve une petite tribune, sur laquelle sont installées les familles qui récitent les chants et les poèmes religieux. «Ichawiken» comme on l'appelle en Kabylie, en répétant à chaque refrain le nom d'Allah et son Prophète Mohamed (que le Salut de Dieu soit sur Lui). Et ce, bien qu'Azru n'Thour ne soit pas un saint.
Et le côté religieux ne prend pas d'ascendant dans cette fête. Mais comme à toutes les «ziaras», des chants sont entonnés et des poèmes religieux récités. Il est à mentionner que la récitation des poèmes et les chants religieux pendant les «pèlerinages», ont contribué non seulement à l'expansion de l'Islam originel en Kabylie, mais aussi, à la transmission et la conservation de la littérature orale amazighe.
Comme ça été le cas pour Cheikh Mohand Oul Houcine qui versifiait des trésors de chants et de poèmes religieux en kabyle. Ainsi, des adages et des poèmes en tamazight se sont transformés en réceptacle de la morale religieuse, à l'instar, aussi, des poèmes de Si El hadj Saïd Ibehriyen. Avec cette poésie religieuse, on a réussi à construire une image où la morale côtoie la sagesse populaire.
Repère identitaire
Cette fête présente aussi une occasion pour les habitants du village de promouvoir, à travers la collecte d'aumônes et d'autres cotisations, leur vie quotidienne. Pour le simple exemple, il y a quelques années, les habitants du village n'Ath Adellah, ont dépensé plus d'un milliard de centimes pour connecter le village au réseau de distribution d'eau, et rétablir les routes du village. «Nous n'attendons personne pour construire nos maisons, ni à nous rétablir les routes. Nous sommes habitués à l'auto-organisation», déclare encore Da Ramdane.
Plusieurs histoires ont été racontées sur les raisons de ce rendez-vous. Mais aucune d'entre elles n'a trouvé le consensus chez les Kabyles. «Je ne peux vous raconter exactement les raisons de ce rendez-vous. Personne d'entre nous ne peut le dire avec exactitude. Car nous fêtons la tradition de nos ancêtres», déclare notre interlocuteur. Et comme l'Algérie est un carrefour de civilisations, il serait difficile de dire les réelles raisons de ce Assensi.
En effet, à l'instar des autres régions du pays, la Kabylie a connu plusieurs invasions (turque, espagnole, et française). Et en s'accrochant aux valeurs sûres de ses repères identitaires, les Kabyles ont résisté à toutes les politiques de déculturation du colonisateur. Malgré cette résistance, on trouve que plusieurs coutumes et traditions ont été adoptées par la société kabyle en particulier et la société algérienne en général, sans que l'on en connaisse les origines. C'est ainsi que des mythes religieux, des contes populaires et des adages ont fait partie du patrimoine culturel du pays. ces histoires et ces expériences «mystiques» sont transmises de génération en génération et ont fini par former une mosaïque culturelle au sein de la collectivité nationale.
Cependant, parmi les dizaines d'histoires racontées, une seule semble plausible. Elle remonte au milieu du XVe siècle. Pour étudier, raconte-t-on, la manière avec laquelle se protéger et se défendre contre l'ennemi, les saints de la région se réunissaient dans ce site «porte-bonheur». En outre, pour les connaisseurs de la société kabyle, l'attachement des Kabyles à la montagne est expliqué par le fait que cette dernière a toujours constitué un lieu de refuge, de protection et de résistance en même temps.
Une fois installé au pic de 1883 mètres, c'est toute la Kabylie qui s'offre au visiteur. On en oublie les mythes, l'histoire et les légendes. On ne s'intéresse qu'au beau tableau qu'offre le paysage. Et de fait, l'objet de la visite bascule, ainsi, pour devenir une expédition touristique.
Le paysage est séduisant. On est comme dans un rêve. On se sent seul au monde. On est emporté dans un long voyage à travers lequel on oublie le temps et l'histoire. Les visiteurs sont émerveillés par la nature d'une part, et ont eu droit au «pèlerinage» d'autre part.
C'est ce qui explique, d'ailleurs, la forte présence des émigrés et même de Français, à l'instar de M.Dupont, qui s'est impliqué dans la «ziara». «C'est la première fois que je viens en Algérie, et je suis émerveillé aussi bien par cette fête que par la beauté du paysage», déclare-t-il. De son côté sa fille, Lilia s'est montrée très contente de sa visite en Kabylie. «Ça me fait vraiment plaisir d'assister à cette fête, et surtout de manger le couscous. C'est ce genre de fêtes qui nous manquent en France
Outre l'aspect mystique, religieux et touristique, Azru N'Thour ouvre aussi une partie dans l'histoire de l'Algérie sous le joug colonial. C´est l'un des flancs de cette région que l´armée coloniale montait depuis la vallée de la Soummam, pour entamer la conquête de la Grande-Kabylie. C´est également sur le même flanc que l´armée coloniale a installé un camp lors de la fameuse opération «Jumelle» en 1958.
Du côté nord-est de l´Azrou n'Thour, on domine les villages de Tirourda, Soumer (village natal de Lalla Fadhma Nsoumer ) Takhlidjt Aït Atsous.
C´est au niveau de ce dernier que la guerrière Fadhma Nsoumer a été «capturée». En outre, plus de 800 combattants sont tombés au champ d'honneur, dans cette région, pendant la guerre de Libération.


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