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Le sens du bonheur
UNE FAMILLE EMIGREE SE REINSTALLE DANS SON VILLAGE DE KABYLIE
Publié dans L'Expression le 21 - 08 - 2005

Au moment où beaucoup de monde, surtout les jeunes, n'ont qu'une idée en tête : partir ailleurs, une famille Kabyle de Lille s'installe au village et semble heureuse d'y vivre.
Plus que les autres années, les émigrés arrivent en nombre en Kabylie. Venus pour passer quelques jours à un mois en famille, la plupart roulant carrosse, les émigrés se comportent, pour la plupart comme des nababs. Ayant échangé quelques euros sur le marché parallèle, ils ont des dinars plein les poches et, avec, peuvent se permettre de jouer aux riches durant quelques jours. Dans les villages, les plus grandes et souvent informes constructions sont de leur fait. Imperturbables devant les agressions sur l'environnement, ils sont là à ériger des constructions qui ressemblent vaguement à quelque mas de Provence et qui jurent avec l'environnement. Ces constructions, il est vrai, font travailler quelques jeunes bras des villages et la présence de ces émigrés est une aubaine pour les commerçants et autres marchands. Mais, c'est le soir à la djemaâ que les émigrés étalant leurs récits devant les jeunes qui boivent leurs paroles, racontent en l'édulcorant leur séjour en Europe. Gommés leurs soucis et leurs anciennes peines. La galère des premiers temps et les problèmes de tous les jours fondent au soleil du pays comme fond la neige sur le Djurdjura dès les premiers rayons de soleil. Aujourd'hui, au volant de bolides généralement achetés dans quelque marché automobile de l'Hexagone, les voici se pavanant avec leurs cols blancs, des cols qu'ils n'ont hélas l'habitude de mettre que durant leur séjour au pays. Traitant de haut les gens du village, de la valetaille qui, selon eux, ne connaît rien du monde car n'ayant guère connu les rues de Courbevoie ou encore des Yvelines. La dureté des temps au pays et aussi cette étrange fièvre qui saisit les jeunes gens en attente d'un ailleurs imaginé comme quelque Eden sont de la partie et voici que, durant l'été, nos villages rassemblent les frustrés de partout qui, sur les dalles schisteuses de la djemââ, devisent du futur.
Les émigrés et notamment ceux qui vivent en famille en Europe rentrent en famille. Pour beaucoup de ces familles, c'est le moment idéal de caser leur fille ou encore, mais c'est moins évident, de trouver une femme pour le fils aîné. Pour ces émigrés qui restent malgré tout villageois dans l'âme, le mariage est une affaire trop sérieuse pour la laisser aux seuls enfants. Aussi, les familles rentrent au pays avec en tête un but, caser leur enfant.
C'est le cas de la famille des Aït Sadoukki (le nom est changé pour respecter la vie privée des gens Ndlr). Le père, Lamara, est, parti très jeune s'installer près de Lille, dans le Nord. Ouvrier dans une mine , il a dû se reconvertir dans le bâtiment après la fermeture des houillères. Habitant dans un coron, il a avec lui sa vieille Khadidja et ses enfants. Mohamed l'aîné, Sadi le benjamin, Mehdi ainsi que Malika et Lynda, les deux filles. Mohamed est désormais marié et vit avec sa cousine de femme dans une petite ville proche de Lille alors que le benjamin est encore à l'université. Mais Malika va sur ses trente ans et est toujours célibataire.
Une situation qui dérange fortement ses vieux parents qui font tout pour essayer de lui trouver au pays chaussure à son pied. Malika n'est ni une vraie beauté, ni un souillon c'est une fille quelconque qui a quelque instruction et aussi un métier ; elle est graphiste. Malika avait eu un coup de coeur pour un collègue, un descendant d'une famille irlandaise mais les parents ont tout de suite opposé leur veto. La jeune femme, qui a trop d'amour pour ses parents, a fini par faire taire son coeur et a accepté de s'unir à ce vague cousin du bled. Elle est rentrée au village et a même oublié qu'elle était un certain temps Josette et qu'elle avait aimé François. Au village, où elle n'avait pas mis les pieds depuis qu'elle avait douze ans, elle s'est tout de suite sentie étrangère. Parlant difficilement le kabyle, elle s'est retrouvée entourée, choyée et pressée de toutes parts par la famille du bled. Chaque vieille la voulant pour son fils, non pas qu'elle dépasse en beauté les filles du village, et elle le sait, mais parce que son mariage ouvre une porte pour l'émigration à un jeune. C'est en compagnie de Saliha, une jeune universitaire du village, que Malika Josette se sent le plus à l'aise. D'abord elle a découvert chez Saliha cette hauteur d'esprit qui est généralement le fait des grandes et belles âmes et est séduite par la vaste culture générale de la jeune villageoise, ce qui ne gâte rien c'est qu'en plus Saliha est de nature réservée et sans fierté aucune bien qu'elle soit ingénieur en chimie. Ce qui n'est pas peu! De son côté, Saliha recherche la compagnie de Malika avec laquelle elle partage non pas des futilités mais un goût très prononcé pour la lecture des classiques.
Une Lilloise au village
Saliha au courant de la situation de Malika, essaie à chaque fois en évitant de brusquer sa camarade d'attirer l'attention de Malika sur ce problème. Mais La jeune Lilloise sait pourquoi elle est là et que le choix est pratiquement dramatique pour elle : suivre les raisons du coeur et quitter sa famille ou suivre les parents et s'apprêter à vivre malheureuse toute sa vie. Elle se tait, regarde doucement Saliha et ses yeux se remplissent de larmes. Saliha l'entoure de ses bras et doucement se met à la bercer comme une enfant. Après avoir pleuré tout son saoul, Malika se lève et, doucement, rejoint la maison. Chez elle tout sent les préparatifs pour la fête. Sa soeur, qui cherche à l'agacer, ne manque aucune occasion pour la taquiner. C'est donc dès son entrée que Linda lui lance: «ton promis vient de sortir. II est venu aux nouvelles, tu sais ici les fiancées ne doivent pas sortir, on me l'a dit et répété. Je le trouve mignon comme tout sauf qu'il faut le dégrossir un peu ton balourd.» Malika regarde Linda et d'un air las lui jette: «Arrête, tu en fais un peu trop, ce n'est pas rigolo tu sais.» La vieille Khadidja observe ses filles de loin et dans son coeur de mère, elle sait combien cette union coûte à sa fille Malika. Mais le sens de la famille et le respect de la décision du vieux Lamara qu'elle vénère par-dessus tout font taire tout sentiment chez elle.
Après tout ce jeune homme viendra avec eux en France et là-bas il se secouera et deviendra un homme au sens plein. lnchallah ponctue Khadidja, dans son rêve de mère. Malika a, quant à elle, révisé ce qu'elle pensait de ces du bled:«Superficielles et paysannes, n'ayant rien connu et juste habitées par des rêves d'adolescentes.» Après avoir vécu durant une dizaine de jours au village et fréquenté ces jeunes et notamment Saliha, elle sait désormais que ces vivent intensément et sont au fait de bien des choses. Saliha a d'ailleurs expliqué à Malika : «Chez nous en Kabylie, la femme peut tout faire mais en cachette! La femme peut ainsi fumer, sortir avec son petit ami et même aller à la plage pourvu que les têtes chenues ne la voient pas!» Oui, les jeunes filles qu'elle avait dans un premier temps trouvées comme des souillons, peuvent se révéler encore plus «parisiennes» que les belles de Paris ou d'ailleurs. Elle en a eu confirmation lors d'une fête au village quand ces jeunes du village se sont huppées et habillées. Elles soutiendront facilement et à leur avantage la comparaison avec les jeunes de Lille, de Paris ou encore d'Anvers et de Liège.... s'était dit Malika. Mais pour l'heure, ce qui occupe l'esprit de la jeune femme c'est son avenir avec son promis de mari. Comment sera-t-il après la fête?
Sera-t-il au moins gentil? Ou alors jouera-t-il, après avoir obtenu ses papiers qui semblent être le sésame pour tous, comme beaucoup le suggèrent, la fille de l'air? C'est avec tout ces questionnements que Malika finit par s'assoupir.
Mehdi lui s'est acclimaté facilement au village. Il a su, dès son arrivée, s'intégrer aux jeunes du village et c'est désormais un villageois accompli. II a également au cours des visites familiales, rendues çà et là dans le village, remarqué une belle jeune fille, Noura. Noura est belle, élancée et gracile, les cheveux d'un noir d'ébène tombant en cascades sur ses épaules et le port altier, le tout saupoudré d'un sourire éclatant et les yeux rieurs et en amande ont totalement conquis Mehdi qui est, depuis, envoûté par le charme de Noura. Après quelques sourires, il a pu parler longuement avec la jeune fille et c'est alors qu'il a découvert en Noura un esprit clairvoyant et un jugement appréciable. A propos de son avenir, Noura a les idées bien arrêtées. Pour elle «ce qui compte dans l'immédiat c'est d'abord décrocher son ingéniorat en mécanique». Ensuite dira-t-elle à Mehdi : «Il va falloir continuer et essayer soit d'intégrer l'enseignement pour justement participer à former des jeunes gens soit alors se perfectionner en mécanique et ouvrir un petit atelier dans une ville. » Mehdi n'en revenait pas, il a tellement entendu de stéréotypes sur les filles des villages. Il a dû ainsi changer carrément son point de vue sur ces villageoises. Désormais, pour lui, elles sont non seulement belles à couper le souffle et d'une beauté naturelle, mais en plus, elles ont pratiquement toutes la tête bien faite et bien pleine.
Devant des filles comme Noura, celles de son université de Lille lui paraissent «peu mûres et surtout moins responsabilisées». Il est vrai se dit-il que pour survivre en ce pays où tout manque, du moins ces artifices qui rendent service à la ménagère, il faut être bien préparé. Contrairement aux filles de la région de Lille qu'il connaît assez bien, Noura est difficile à aborder et n'accepte que les discussions sérieuses, ce qui achève d'emporter le coeur du jeune homme. C'est un autre monde, et ce monde lui plaît. Loin des futilités et tourné vers les choses réelles et sérieuses. Dès ce jour, le coeur de Mehdi est rempli de l'image de Noura et c'est avec beaucoup d'appréhension qu'il envisage son retour vers cette ville du Nord de la France.
Aussi, et après quelques jours, s'en est-il ouvert à Noura: «Tu sais je suis très sérieux et désire lier une relation très sérieuse avec toi» dit-il à la jeune femme.
Mehdi et Noura une idylle au pied du Djurdjura
Celle-ci le regarda, elle-même avait ressenti quelque chose pour le jeune homme et lui dit: «C'est trop tôt pour cela, mais sache que mon futur compagnon, et c'est comme cela que je conçois les choses, doit vivre ici, pas ailleurs! C'est l'Algérie mon pays, ailleurs je serais toujours l'étrangère! Je me battrai ici et ici sera ma vie.» Mehdi était sidéré. Lui qui pensait que la jeune fille allait sauter de joie au fait qu'un émigré s'intéresse à elle. II resta un très long moment pensif et finit par balbutier: «Tu as raison, finalement on est mieux chez soi dussions-nous mal y vivre. Je vais te faire une promesse si tu veux bien me croire: dès que j'aurai terminé mes études je reviendrai m'installer ici. Avec mon futur métier (opticien) les choses ne vont pas être trop difficiles.» Et pour la première fois depuis qu'ils se connaissent, la jeune femme ne se déroba pas au baiser chaste que Mehdi déposa sur la joue de Noura. Ce baiser signa en fait une jolie histoire d'amour née au pied du Djurdjura. Désormais, le pays et le village ont su reconquérir un des leurs. Mehdi n'est plus Mehdi - Maurice de Lille mais bien Mehdi des Aït Saddouk, rivé à ce village de Kabylie qui égrène ses maisons blanches aux toits rouges sur le massif central Kabyle. Mehdi profite de ses moments de loisir pour s'informer d'abord du Printemps noir ensuite de tamazight. Ainsi il commence par fréquenter l'association du village qui assure quelques cours d'alphabétisation en cette langue. Bref Mehdi est réellement plongé dans ce monde qui finalement est le sien et celui de ses parents. Mehdi, l'émigré se transforme doucement en Mehdi des Aït Saddouk, un jeune comme tous les jeunes du village. Seuls le trahissent encore cet accent qu'il a en parlant kabyle et ce teint si blanc, car la peau n'est pas encore tannée par le soleil.
Alors que les enfants semblent chacun mener leur barque dans ce nouvel environnement qui les enchante, les parents, Lamara et Khadidja, échafaudent dans leurs têtes des plans bien précis. Ils se voient déjà bien installés au village avec des terres que Lamara achèterait aux villageois et cette belle maison construite au prix de mille sueurs. Les enfants enfin tous mariés. Bref, c'est le rêve de tout vieux kabyle qui semble sur le point de se concrétiser. Lamara se remet à penser aux petits matins des temps anciens quand dès le chant du coq, encore fallait-il qu'il y en eut un de coq, il fallait se lever et aller pour descendre dans le trou noir de la mine. Khadidja, qui l'a rejoint bien plus tard, se souvient encore de ces vêtements qu'il fallait laver chaque jour pour que son homme soit propre, et aussi de ces privations qu'elle a connues avec son époux. Certes, depuis, les temps ont changé et aujourd'hui ils ont leur maisonnette dans le coron et la vie est devenue quelque peu facile, mais les souvenirs de sa jeunesse au village, enjolivés par la patine du temps la hantent depuis que Lamara est en retraite et aujourd'hui c'est pratiquement en femme décidée à s'installer dans son village qu'elle a accepté de faire le voyage qu'elle souhaite être le dernier et le bon. Une fois Malika mariée, et les autres enfants casés, plus rien ne la retiendra dans cette ville froide et grise de Lille. Mais voilà, il faut encore patienter car Lamara lui a expliqué qu'il y a encore des affaires qui l'obligent à repartir. Elle a bien pensé à rester seule au village mais l'absence des enfants qui sont quasi obligés de repartir lui semble intenable. Aussi, a-t-elle, d'un commun accord avec son époux, décidé d'abord d'acheter des terres au village, justement celles-là dont veut se séparer la famille du sof d'en bas. Ensuite il ne restera plus qu'à planter des figuiers en nombre et des oliviers pour s'assurer une petit rente pour les vieux jours en sus de la pension de Lamara.
Le rêve des parents
Alors qu'elle rêvait de cet avenir qui lui semblait des plus reposants, voilà que la petite Fatiha arrive en courant pour les prévenir que la petite de la famille, Lynda, est partie tôt ce matin en ville. La mère a compris, elle court vers sa grande fille Malika et la questionne, sans d'ailleurs attendre de réponse: «Sais-tu où est allée Lynda?», le coeur gros d'angoisse non pas à cause d'un éventuel danger mais à propos du qu'en dira-t-on. Au village les mauvaises langues pullulent et avec l'étiquette que ne manqueront pas de lui coller les mégères, il ne sera plus question d'espérer marier sa fille au village. Plongée dans ses pensées elle n'a pas vu arriver le père qui souriait. «Il ne sait encore rien le pauvre», se disait Khadidja qui ne savait comment annoncer la triste nouvelle au père. Aussi c'est lui qui commence: «J'ai une grande et bonne nouvelle pour toi», lui dit-il. Khadidja se retient et ne voulut pas gâcher la joie de son homme, il sera toujours temps de lui apprendre les mauvaises nouvelles, se dit-elle. Et Lamara s'éclaircit la gorge avant d'ajouter: «Sais-tu où est ta fille Lynda?» et sans attendre il informe sa femme de la décision prise la veille en cachette de la mère par la jeune fille: «Elle a décidé d'aller à Tizi Ouzou s'inscrire à l'université, elle ne veut plus repartir en France», dira Lamara qui, ce faisant, enlève à Khadidja le poids qui pèse sur son vieux coeur. L'appréhension se transforme en joie. Enfin le pays semble avoir attiré la famille, c'est son vieux rêve qui se réalise. Désormais, il ne reste plus que l'aîné qui est installé en France avec sa famille. Sur ces entrefaits Lynda arrive et toute souriante elle enlace sa mère en lui disant: «Dis, tu as eu peur! Tu as cru que j'ai fugué? Où veux-tu que j'aille? je suis chez moi et le pays me plaît à moi aussi. Dommage que les jeunes ici ne trouvent pas de travail, sinon que feraient-ils en France ou ailleurs? Bon, je crois que c'est réglé pour moi il me suffit juste de fournir des certificats de scolarité.» La famille réunie est toute à son rêve et les Lillois se transforment doucement en villageois à la grande stupeur des villageois qui, eux, ne comprennent pas comment cette famille trouve de la beauté et du plaisir à vivre en ce village du bout du monde. Mais ce qu'ils ne savent pas c'est que personne ne peut résister à l'appel du pays. Les Aït Saddouk semblent chaque jour plus heureux de retrouver les traditions, et la joie de vivre se lit dans leurs yeux. Certes, ils doivent encore repartir et s'organiser dans leur vie future mais d'ores et déjà, ce sont non plus des Lillois au village mais des villageois en «vacances» à Lille.


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