Depuis le mois d'août dernier, plus de 4520 clandestins ont tenté d'escalader les clôtures de protection de Melilla et Ceuta. Six autres personnes d'origine subsahariennes ont trouvé la mort jeudi passé en tentant de se rendre dans l'enclave espagnole de Melilla. D'après les premiers éléments d'information, les six immigrants clandestins auraient été tués par les services de sécurité marocains qui ont usé de leurs armes à feu afin de repousser un assaut de plus de 500 personnes qui ont, dans un ultime geste de désespoir, tenté de s'introduire en territoire espagnol. Il y a une semaine, cinq autres clandestins africains avaient été tués dans les mêmes conditions et les autorités espagnoles et marocaines s'étaient rejetées la responsabilité des décès. Depuis le début de l'été, 14 clandestins au total ont perdu la vie en tentant de pénétrer dans les enclaves espagnoles. Dans une déclaration à la presse, le gouverneur de Nador a justifié la mort des six clandestins africains par le fait que les forces de sécurité marocaines étaient «obligées de riposter dans le cadre de la légitime défense durant les affrontements avec les immigrants clandestins». Selon le même responsable, la police marocaine épaulée par la gendarmerie royale et d'autres forces auxiliaires du ministère de l'Intérieur, a réussi à arrêter 290 immigrants qui avaient tenté le tout pour le tout. Les autorités marocaines ont annoncé également qu'une trentaine de candidats à l'immigration clandestine ont été blessés lors des affrontements qui ont eu lieu très tôt jeudi dernier entre la police et les Subsahariens qui n'hésitent pas à escalader les barbelés pour accéder à l'enclave espagnole dans l'espoir de bénéficier d'un hypothétique droit d'asile dans n'importe quel pays européen. Il faut noter que depuis le mois d'août denier, plus de 4 520 immigrés clandestins ont tenté d'escalader les clôtures de protection de Melilla et Ceuta. Un millier d'entre eux y sont parvenus. Il y a lieu de signaler que les gouvernements espagnol et marocain ont décidé de réactiver depuis jeudi dernier l'ancien accord de réadmission aux frontières signé entre les deux pays en 1992. A cet effet, le gouvernement espagnol va procéder au renvoi, probablement aujourd'hui samedi, d'un groupe de 70 immigrants qui ont pénétré clandestinement dans l'enclave espagnole Melilla. Les autorités espagnoles ne trouvent plus où mettre, semble-t-il, les clandestins. Les centres temporaires de séjour qui existent à Ceuta et Melilla se trouvent saturés. Celui de Ceuta par exemple, d'une capacité de 450 places, accueille actuellement plus de 1500 personnes. Les ministres de l'Intérieur, membres des pays 5+5 des deux rives de la Méditerranée, avaient justement abordé il y a quelques jours à Rabat (Maroc) le sujet de l'immigration clandestine et les réseaux de passeurs qui se sont constitués. M.Nouredine Yazid Zerhouni avait soutenu devant ses homologues que les politiques actuelles en matière de lutte contre l'immigration clandestine doivent s'inscrire dans le cadre d'un partenariat fondé sur la solidarité en préconisant que ces problèmes de lutte contre l'immigration illégale doivent prendre en considération le nécessaire soutien au renforcement des moyens de lutte par les pays de la rive sud ainsi que des actions de développement dans les pays d'origine, des facilités pour la circulation des personnes dans le cadre légal et la protection des droits de la dignité des communautés légalement établies. Enfin, il faut souligner par ailleurs, que le ministre de l'Intérieur français, M.Nicolas Sarkozy, s'est rendu jeudi dernier en Libye dans le cadre d'un voyage consacré essentiellement à la lutte contre l'immigration clandestine. Le choix de la Libye n'est pas fortuit, puisque ce pays de 1700 km de frontières maritimes au nord et 4 400 km de frontières terrestres au sud, reste le point de départ d'une grande partie de l'immigration clandestine en provenance d'Afrique subsaharienne vers l'Europe.
