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"Senhadji est le père fondateur du raï"
GANA EL MAGHNAOUI, LE CELÈBRE CHANTEUR RAI ET MULTI-INSTRUMENTISTE, À L'EXPRESSION
Publié dans L'Expression le 27 - 09 - 2018

Notre journaliste s'entretenant avec Gana El maghnaoui
Le célèbre chanteur raï des années 70 et 80, Gana El Maghnaoui, retrace son parcours et sa carrière dans le monde de la chanson raï, il plonge dans la période faste qui a vu celui-ci s'imposer comme un style indétrônable, il raconte la saga de ce genre et ses précurseurs. Il parle du fondateur du raï, chikh Senhadji et de chikha Rimiti ainsi que le style «saf» à l'origine de la chanson que l'on appelle communément, le raï.
L'Expression:
Pour commencer, qui est Gana El Maghnaoui, sachant que vous n'êtes pas uniquement un célèbre chanteur du raï, mais vous excellez y compris dans d'autres styles comme l'oriental et surtout vous êtes un multi-instrumentiste?
Gana El Maghnaoui:
Mon nom de famille c'est Gana, mon prénom c'est Mourad. L'histoire du surnom d'El Maghnaoui, toute simple, c'est parce que j'ai vu mon enfance grandir dans la ville de Maghnia à Tlemcen. Dès mon jeune âge les gens de Maghnia m'appelaient El Maghnaoui, surtout que j'ai commencé très jeune à manier les instruments de musique, c'est là où ce surnom a pris le dessus sur mon vrai prénom, Mourad. Il faut savoir une chose, que moi, je suis né à Oudjda dans le Rif marocain non loin de la ville de Maghnia où j'ai passé toute mon enfance.
Comment avez-vous embrassé le monde de la musique? Est-ce que c'est quelque chose qui a des rapports avec la famille?
Aucun des membres de la famille n'avait ce don de la musique, au sein de la famille il y avait un penchant artistique, mais dans un autre domaine, si on peut dire que la couture est un art. Mes grandes soeurs étaient toutes de grandes couturières. Quant à la musique, aucune personne dans la famille n'avait ce penchant.
Votre contact avec le groupe «El Azhar» très tôt a été pour beaucoup dans le lancement de votre carrière en étant le plus jeune des artistes de raï de cette époque. Est-ce vrai?
C'est vrai, j'ai commencé avec le groupe «El Azhar» au milieu des années 70. C'est là où j'ai appris à manier tous les instruments de musique. A cette époque, il y avait un grand artiste qui faisait le succès dans le domaine de la chanson raï au sein de ce groupe, il s'appelle Bellemou. C'est avec Bellamou que j'ai bien appris la maîtrise des instruments et le style propre à Bellemou dans le domaine de la chanson raï en se forgeant très bien dans le maniement de la trompette, d'ailleurs je suis devenu le deuxième meilleur trompettiste après le grand Bellemou. Ma carrière a débuté durant cette période; à l'âge de 18 ans, j'ai commencé à faire des enregistrements avec Boutaïba El Sghir, Mohamed Belkhiati et Ahmed Wahbi en jouant de la trompette. J'ai travaillé avec beaucoup de chanteurs de cette époque qui étaient très connus sur la scène artistique. Et ça c'est grâce au groupe «El Azhar, tous les artistes avaient à cette époque travaillé en commun accord avec ce groupe qui avait une grande réputation. C'est dire que le groupe «El Azhar» c'était ma grande école qui m'a permis d'entrer en contact avec les grands chanteurs et artistes.
Si nous avons bien compris, le groupe «El Azhar» c'est lui qui a propulsé la chanson raï?
Le groupe «El Azhar» avait le mérite de moderniser la chanson raï et faire dans la création, surtout avec l'orchestre de Bellemou et de son nouveau style. Ce groupe faisait dans la polyphonie et la diversification des voix et des sons; ce n'est pas comme aujourd'hui où on peut constater qu'il y a un même style et presque les mêmes voix. C'est le groupe «El Azhar» qui a fait émerger cheb Khaled, Houari Benchenet et ma personne, chacun dans son style en apportant une variété de sons et de voix qui ont permis à la chanson raï de se propager et de connaître un succès extraordinaire.
Pouvez-vous nous parler de votre premier succès, c'était en quelle année?
Mon premier succès, c'était un disque 45 tours en 1976 avec le groupe «El Azhar», pour l'anecdote, moi, je n'étais pas quelqu'un qui chantait vraiment bien, j'était surtout un musicien professionnel, c'était ça mon dada, le maniement des instruments de musique, je travaillais avec les grands chanteurs de l'époque à l'image de Blaoui El Houari dans l'orchestre national. J'ai fait «un chantage» au groupe pour que je puisse chanter et que mon disque soit diffusé.
Mais quand le disque a vu le jour, il a fait un grand succès en 1976. C'est là où je commençais à faire mon bonhomme de chemin. C'était la période de ma carrière en tant que chanteur avec un style où la trompette avait donné une caractéristique particulière à la chanson raï. C'était le chemin artistique de Gana El Maghnaoui en dehors du groupe El Azhar. J'étais tellement trop demandé, il fallait que je m'engage dans la carrière sans être partie prenante en tant que musicien instrumentiste au sein du groupe El Azhar. Pour l'histoire, il faut dire que c'est grâce à Bellemou que j'ai pu me lancer dans le domaine de la chanson et même dans le domaine de la musique. Sans Bellemou, je ne suis rien et je ne pouvais pas faire ce parcours. Le raï ne pouvait pas connaître de succès si le style chanté n'est pas adossé à l'instrument de la trompette. Même le marché de la chanson raï n'acceptait pas des chansons où la trompette n'était pas associée. C'était ce style qui avait donné au raï sa notoriété. Et ça, c'est grâce à Bellemou et le style de la chanson que j'ai lancée en introduisant la trompette.
Chaque artiste est «redevable» à son aîné dans le domaine de la chanson et la musique. Peut-on connaître le maître, voire le mentor de Gana El Maghnaoui dans la chanson raï?
Je vais vous dire une chose, moi, j'écoutais tous les genres de musique et jusqu'à maintenant je fais la même chose de par mon penchant à faire dans le multi-instrument. Mais dans le domaine du raï, c'est Boutaïba Sghir qui m'a permis de me retrouver dans ce genre et exceller avec mon style. Tout le répertoire de Boutaïba Sghir je le récitais par coeur. Mais il y a aussi Bellemou. Ce sont ces deux grands qui ont constitué pour moi un véritable repère dans la chanson raï. Chacun des deux m'a appris les secrets du raï, Bellemou c'est l'instrument et Boutaïba c'est son style d'interpréter la chanson raï.
Les années 80 ont changé la chanson raï en lui donnant un caractère dominant en termes d'audience, même sur le marché de la chanson. Beaucoup d'artistes dans ce domaine s'accordent à dire que c'est grâce à Rachid et Fethi que le raï à connu ce boom. Que pensez-vous de cet avis?
Bien sûr, le duo Rachid et Fethi existaient avant le raï, ils ont investi dans l'occidental et le rap. Mais leur apport est indéniable dans le domaine de la chanson raï. L'avantage de Rachid et Fethi c'est qu'ils ont pu réussir le mélange qui a donné un genre qui est devenu le raï moderne.
Le duo Rachid et Fethi est le premier qui a inauguré un studio pour produire et contribuer dans la diffusion de la chanson raï. C'est en 1973 que ce duo a pénétré le genre raï. Rachid et Fethi étaient les premiers à enregistrer les artistes qui chantaient, le genre wahrani un style qui s'appelait «Nas El Maâna», un style où l'on trouve le mélange entre «gasba», les instruments modernes et la chanson des meddahate que l'on appelait «saf». Dans ce genre qui est né après le raï, le «saf» existait à Tlemcen, Beni Saf, Maghnia et les endroits qui côtoient les montagnes de l'Oranie. Il faut dire que c'est grâce à chikha Rimiti, chikha Djenia et chikha El Wachma que le «saf» avait connu cette audience. Il portait en lui la voix de la dissidence et la rébellion contre le colonialisme français. D'ailleurs, dans le même registre, il faut dire que chikha Rimiti avait chanté beaucoup de chansons qui ont trait à la guerre de libération, à l'image de la chanson de «Oued chouli» pour ne citer que cette chanson qui a provoqué l'ire du colonialisme français.
Le génie de Rachid et Fethi résidait alors dans ce mélange qu'ils ont créé à partir de «Nas El Maâna» et les instruments modernes. C'est là que les années 80 ont pris une dimension très particulière en matière de production et la qualité en matière de style et de sonorité.
Mais le raï a été chanté par une génération qui est venue bien avant Rachid et Fethi. Est-ce que vous pouvez nous parler de la première génération qui était derrière cette création qui s'appelle le raï?
Oui, le raï contrairement à ce qui se dit ici et là, a été créé par un grand monsieur aujourd'hui dont on n'entend plus parler d il s'agit de chikh Senhadji. Ce grand artiste a eu le mérite de puiser dans le style des meddahate à l'image de chikha Rimiti, chikha Djenia et chikha El Wachma en apportant des instruments modernes en dehors de «gasba». C'est Senhadji qui a créé le raï en usant du style «saf» des meddahate et des instruments modernes. Avec Senhadji il y avait des noms qui ont propulsé ce genre naissant, il s'agit de Benfissa, Belkacem Bouteldja et Boutaiba Sghir.
Justement, de la genèse de la chanson raï et son apogée, on assiste aujourd'hui à un net recul de ce genre de chanson. A quoi est-il dû?
Il ne s'agit plus de recul de la chanson raï, celui-ci est complètement absent. A part quelques chanteurs qui continuent tant bien que mal à faire exister cette chanson. Dans l'ensemble, le raï a été tué par la nouvelle technologie. Les chanteurs ne peuvent pas se permettre un investissement dans la production alors que le produit sera piraté de facto par tous les moyens de piratage qui existent actuellement à l'ère de la technologie du numérique et autres techniques comme YouTube, et autres. Pour sauver le raï, il faut qu'une institution officielle prenne en charge ce genre de chanson en encourageant les anciens chanteurs et les nouveaux. L'encouragement ne vient que par la couverture qui devrait être consacrée par les médias lourds. C'est la seule solution.


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