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«Les femmes ne cessent de subir des injustices»
SHAMY CHAMINI, AUTEUR DE «LA FIANCEE DU SOLEIL» À L'EXPRESSION
Publié dans L'Expression le 16 - 10 - 2005

C'est aux lectrices et lecteurs de L'Expression que Shamy a réservé sa première interview, à l'occasion de la sortie de son nouveau roman La Fiancée du Soleil. Nous avons la primeur de découvrir ce qu'il veut bien livrer de l'ouvrage, en répondant aux questions d'une de nos correspondantes à Paris, Christiane Galili.
L'Expression: La Fiancée du Soleil est-elle liée aux cinq tomes de votre saga Orgueilleuse Kabylie?
Shamy: Nullement. Ce livre est moins généraliste. Le thème ciblé est plus approfondi.
Que signifie ce titre?
Au moins deux raisons justifient le titre. La première est simple. Mon héroïne, le coeur chargé de chagrin, s'est trouvée un moment au bord du jardin et les rayons du soleil lui ont réchauffé le corps et le coeur. Réconfortée, elle s'est déclarée fiancée au soleil. Lui ne la trahira pas. La seconde est plus subtile. Sa piètre opinion des hommes la pousse à affirmer, par dérision, qu'elle préfère s'unir au soleil plutôt qu'à n'importe lequel d'entre eux. Elle exprime un désespoir qu'elle colore de lumière...
Pouvez-vous nous résumer très brièvement son histoire?
Je restitue la vie d'une fille, parmi des milliers, rentrée avec sa famille en Algérie suite à « la loi du million» instaurée en France, qui fit repartir de nombreux émigrés dans les années 70. Arrivées sur place, certaines de ces jeunes filles, nées, élevées en France, sont confrontées à la réalité de la société kabyle algérienne. Le choc est rude ! Certaines sont enfermées, d'autres sombrent dans la dépression, voire la folie, d'autres encore deviennent prostituées. Les plus chanceuses fondent une famille mais toutes
découvrent à leurs dépens, leur place assignée. Dans les campagnes, seules les gamines, les vieilles, les folles ou les voyantes avaient droit à la libre circulation, ce qui n'était pas son cas, retirée de l'école à quatorze ans. Je vous laisse découvrir sa prise de conscience et les procédés mis en oeuvre pour arracher le droit de respirer...
Votre roman retrace un parcours féminin. Comment vous sont venus le désir et l'idée de vous glisser dans la tête d'une jeune fille, puis d'une femme? Etait-ce aisé ou difficile de ressentir pour elle ?
Tout individu sensible porte en lui une part masculine et une part féminine. J'ai privilégié, dans ce cas, ma part féminine, bien que je me sente très «homme». Les artistes n'ont ni crainte ni hésitation pour exprimer cela, ils jouent un rôle. De plus, je connais bien ma société et la vie de mes compatriotes. Comme un comédien, je me suis glissé dans ce personnage de femme.
Vous êtes allé jusqu'à employer le «je»...
C'est un choix technique. L'emploi du temps présent et du «je» permettent de rendre proches lecteur et narrateur. Ce dernier le guide plus vite au coeur du sujet. L'identification au personnage est plus rapide que dans une forme descriptive.
Vous êtes-vous inspiré de situations réelles, avez-vous constaté l'enfermement des jeunes filles?
Bien sûr ! En Kabylie et dans toute l'Algérie, il y a encore des tas de jeunes filles ou femmes enfermées. C'est un phénomène du monde arabo-musulman, je n'apprends rien à personne!
Vous sentez-vous concerné par les combats égalitaires féminins? Avez-vous désiré les aider?
Il serait prétentieux d'affirmer vouloir aider les femmes dans leurs luttes alors que j'ai déjà du mal à mener la mienne ! Je suis interpellé par toutes les injustices, qu'elles blessent, hommes, femmes, enfants, faibles, animaux etc. Je ne suis ni féministe ni antiféministe, je dénonce une injustice parmi de nombreuses et j'observe que parmi elles, ce sont les femmes qui les subissent le plus! Lorsqu'une société évolue dans le monde, elle entraîne fatalement avec elle, la condition des femmes. Nous, lorsque nous nous sommes émancipés, nous avons sorti les traditions et la religion pour les enfermer. Beau paradoxe!
Avez-vous cherché à montrer à la société kabyle qu'elle a beaucoup à faire et qu'elle doit évoluer?
Nous entendons beaucoup de remarques positives au sujet de la Kabylie. J'ai voulu mettre en lumière un point sensible concernant le monde arabo-musulman en général et la Kabylie en particulier. Nous sommes supposés être un laboratoire, au croisement des cultures. Nous voyageons, nous émigrons, nous sommes en contact avec «l'extérieur», donc susceptibles d'être plus ouverts et évolués. Or, si l'on regarde la condition féminine, on s'aperçoit que c'est un leurre. L'ambiguïté est maintenue. Regardez les sociétés arabo-musulmanes et demandez-vous où sont les femmes à partir de 18h. Pourquoi disparaissent-elles des lieux publics, des rues, à quelques exceptions près, y compris des endroits où elles pourraient parfaitement se trouver! Pourquoi les hommes pensent-ils qu'au-delà de 20h, une femme dehors a forcément des moeurs critiquables, une «mauvaise vie»?
Que pensez-vous de votre héroïne Lundja? Comment la jugez-vous?
Elle est modeste et courageuse. A sa place, moi, j'aurais tout cassé plutôt que d'être enserré dans des carcans débiles ! Mais je ne suis pas une femme... Elle est intelligente, elle sait composer. Une de ses soeurs, plus jeune, choisit de s'enfuir mais Lundja, elle, lutte sans rompre, ce qu'elle paie cher!
Beaucoup de vos personnages ne sont pas ce qu'ils paraissent face aux autres. Cultivez-vous volontairement l'équivoque?
L'espèce humaine est ainsi. Nos comportements lorsque nous sommes seuls, ne sont pas ceux que nous avons devant nos proches, notre entourage, dans notre village, en société. Nous sommes multiples lorsque nous vivons en communauté. Séduction, représentation, domination, soumission, opportunisme : face à l'autre, chacun est en dehors de soi...
La vie au village est dure, les règles sont drastiques, où Lundja puise-t-elle les ressources de sa révolte intérieure et silencieuse? Comment contourne-t-elle son impuissance à agir? Qu'est-ce qui la pousse?
Elle peut tenir, elle est aussi dure que les siens! Elle a l'avantage d'avoir vécu dans une société développée. En additionnant son passé avec ce qu'elle trouve en arrivant, elle est armée! Elle prend des coups mais elle n'a pas de cicatrices. Elle veut percer le mystère, comprendre, faire bouger. Un auteur russe a dit: «Ma liberté, je l'ai trouvée en prison.» C'est en quelque sorte la même chose pour Lundja. Enfermée, elle se renforce ! Son militantisme identitaire inné, la pousse à la lutte. Elle veut exister à travers sa culture et son désir de liberté alimente et décuple son ardeur.
Comment peut-elle respecter ceux qui la briment?
Elle ne les respecte pas mais elle n'est ni méprisante ni conciliante. Elle louvoie en sachant ce qu'ils valent, elle ne leur ôte pas leur grandeur, leur dignité.
L'oncle et la nièce semblent avoir la même démarche. Ils s'adaptent et vont jusqu'au bout. Ne se ressemblent-ils pas?
La remarque est judicieuse! Ils ont chacun leur héritage et n'ont qu'une différence de génération. Mochrane est un homme d'un siècle passé, néanmoins, sa nièce ne veut pas éteindre le flambeau de la transmission, au contraire, mais l'adapter à son époque, le faire évoluer. Elle a eu le temps d' observer que les bassesses de son oncle ne sont pas siennes mais celles de sa société!
D'où lui vient une telle lucidité?
Sa lucidité est celle de l'auteur... J'avoue l'avoir un peu aidée !
Avez-vous désiré apporter une lueur d'espoir à vos lecteurs?
Un proverbe chinois affirme qu'il n'existe pas de problèmes, seulement des solutions inconnues! Rien n'est irréversible. Avec de la bonne volonté, de l'obstination, de l'intelligence, du bon sens, nous pouvons nous transformer en locomotive!
Qu'avez-vous envie d'ajouter?
J'ai écrit ce livre sans prétention, pour participer à la transmission de notre culture à nos enfants. Je souhaite que nous trouvions une dynamique pour intéresser la jeunesse, posions ce socle culturel indispensable qui nous fait défaut, dispensions notre savoir.
Il n'y a rien de plus vital que la lecture, dans n'importe quelle langue. Lire, lire et lire encore... Il faut convaincre les jeunes de cela, notre salut est à ce prix. C'est mon message...


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