Il est incontestable que l'Algérie gardera un oeil braqué sur l'évolution des cours de l'or noir dont le niveau sera déterminant pour prendre certaines décisions qui fixeront le cap pour son économie. Suspense. Il est indéniable que les prix du pétrole qui ont perdu de leur verve ces derniers jours ne sont pas faits pour rasséréner les pays dont les économies en sont dépendantes. L'Algérie est dans ce cas de figure. Ses revenus en devises sont assurés pour l'essentiel par ses exportations de pétrole. Cette dépendance aux exportations de pétrole a mis en exergue la vulnérabilité de son économie. La dégringolade des prix du pétrole qui a commencé vers la mi-juin 2014 a eu des conséquences dévastatrices sur son Fonds de régulation des recettes qui avait atteint l'équivalent de 70 milliards de dollars à fin 2014. Ses réserves de changes ont baissé de près de moitié. En 2007, elles étaient à 110,2 milliards de dollars avant de se retrouver à 194 milliards de dollars en 2013. L'effondrement des prix du pétrole, la facture salée des importations, les ont amputées de plus de 100 milliards de dollars en l'espace de cinq ans. Selon les prévisions du grand argentier du pays, elles devraient se situer autour des 85 milliards de dollars d'ici fin 2018. Une conjoncture qui a contraint le gouvernement, sur recommandation du chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika de ne point recourir à l'endettement extérieur et d'opter pour le financement non conventionnel pour redresser la barre. Une option qui a été prise dans la foulée d'un rebond appréciable des prix de l'or noir dopés par la décision de l'Opep et de 11 de ses alliés hors cartel dont la Russie de réduire leur offre de 1,8 million de barils par jour. Un accord qui a été rendu possible suite à une réunion de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole qui s'est tenue à Alger le 28 septembre 2016 en marge du 15ème Forum international de l'énergie. Un accord salué et qualifié d'«historique» par la presse internationale fruit d'une offensive diplomatique de premier plan initiée par le président de la République. Ce sont les fondements solides qui ont permis au marché de l'or noir de virer au vert. Le baril de Brent a sérieusement lorgné la barre des 90 dollars avant de voir ses ardeurs réfrénées par un contexte géopolitique et des stocks mondiaux qui ont retrouvé une courbe ascendante, renfloués par le pétrole de schiste américain dont l'extraction a repris de plus belle, favorisée par des prix plus rentables. Les cours de l'or noir ont, il est vrai, accusé un coup de pompe, mais sont restés à un niveau encore significatif. Au point où l'Algérie songe à renoncer au financement non conventionnel dès le mois de janvier 2019 ou à défaut, moins y recourir qu'en 2018. Le niveau des prix du pétrole servira d'arbitre pour pencher pour l'une des deux options. Que décidera le baril? Les feux seraient au vert si l'on se fie à son comportement d'hier. Vers 13h 30 heure algérienne, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre, dont c'était le dernier jour de cotation, valait 76,33 dollars sur l'Intercontinental Exchange de Londres, en hausse de 42 cents par rapport à la clôture de mardi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange, le baril de «light sweet crude» pour la même échéance prenait 17 cents à 66, 35 dollars. De bon augure pour le déficit commercial qui devrait s'amenuiser davantage et les réserves de changes qui doivent tenir encore longtemps le coup. L'étau se desserre pour l'Algérie.