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«La rahma c'est mon toit»
VISITE AUX RESIDENTS DU CENTRE DE BIRKHADEM
Publié dans L'Expression le 02 - 11 - 2005

Ammi Tayeb comme Yamina font précisément partie de ces résidents persuadés qu'aucun autre lieu ne leur sera clément comme celui de Diar Errahma.
Une plante grimpante, dont la tige grêle, très longue, s'accrochant sans relâche à la barrière métallique de la devanture, lui servait inlassablement de costume printanier. Un énorme blockhaus en béton, érigé en 1998 à Birkhadem, est destiné à prendre en charge annuellement quelque 250 personnes en détresse. Encore dans la rue, au moment où nous nous apprêtions à accéder au centre de Diar Errahma, nous sommes d'emblée surpris par un ralliement inhabituel d'une dizaine de femmes. A la main, des filets à provisions, certaines d'entre elles «dénoncées» par un voile indiscipliné au gré du vent.
La première interprétation nous vient à l'esprit ces femmes ne doivent être que des visiteuses qui sont vraisemblablement venues voir les résidents de Diar Errahma. A la croisée des traditions algériennes, une hypothèse s'échappe parmi d'autres, la solidarité se fit entendre, et nous faisons connaissance, d'ores et déjà, avec les premiers signaux de la bienfaisance. Nous apprenons que les femmes en question sont venues récupérer les couffins de Ramadan. Sans trop de bruit, l'établissement s'est juré de prendre en charge des familles démunies pendant ce mois sacré et devenir ainsi le «sanctuaire» où l'on peut retrouver la chaleur familiale.
Depuis sa mise sur pied, l'établissement Diar Errahma collectionne les défis et s'offre d'autres missions pour effacer la détresse sur la figure de plusieurs personnes. Une fois à l'intérieur, nous sommes accueillis sans trop de peine, puisque les responsables étaient au courant de notre arrivée. Fazia, administratrice, est désormais notre guide, endosse, sans hésitation mais avec aménité, la mission de trouver réponse à la moindre question.
Nous sommes surtout frappés par un type d'habitat et d'architecture original qui suscite dans l'esprit un confort et une quiétude réconfortante. La construction pyramidale des quatre pavillons qui servent de toit pour des personnes âgées, des enfants assistés et des malades cancéreux obéit à plusieurs règles d'architecture et d'esthétique. Dans un salon de grand standing, sans doute réservé aux visiteurs, nous discutons avec notre guide de l'historique et la tâche confiée à l'établissement. Simultanément, à travers les fenêtres, nous admirons la décoration extérieure qui a pris des couleurs en ces premières semaines d'automne.
L'âge a ridé leurs joues
Nous nous trouvons déjà esclaves de nos passions et décidons, sans trop tarder, d'aller à la rencontre des résidents de Diar Errahma. Ammi Tayeb, occupé profondément par ses pensées, suivait de façon minutieuse nos pas depuis que nous avons quitté le bloc administratif. A 76 ans, il ne lui reste plus rien de son jeune âge, sauf probablement les mille et une réminiscences qui refont surface à force de solitude. Enormément de plis se sont formés sur son visage, le déchirant en mille morceaux. Venu de Baghlia et pris en charge par le centre, il affirme n'avoir rien à réclamer. « Sincèrement je ne manque de rien, depuis que je suis là on s'occupe de moi sans relâche », avoue Ammi Tayeb, sans nous regarder en face.
Immédiatement, il lève les yeux, puis sa main tremblante du fait de l'âge pour la mettre là où il a mal. «Je suis malade, je ne peux pas faire carême», regrette-t-il sur un ton mélancolique qui invite les peines à parler de lui. Ammi Tayeb comme Yamina, livrés à eux-mêmes, avant d'être accueillis au sein de l'établissement, font précisément partie de ces résidents persuadés qu'aucun autre lieu ne leur sera clément comme celui de Diar Errahma.
Ce besoin de tranquillité, de bienveillance et de prise en charge, se révèle chez d'autres résidents et résidentes au point où une certaine convivialité et familiarité s'est fait jour entre eux et l'équipe dirigeante. Idéalement aussi, le pavillon est équipé de deux ateliers (couture et cuisine), car l'engouement pour les activités manuelles est connu chez les personnes âgées.
Comme la majorité de nos interlocuteurs, Yamina, en dépit de ses 98 ans, possède encore toute une panoplie de souvenirs à raconter, récoltés au fil des années. «Moudjahida d'une famille de moudjahidine», elle s'est retrouvée seule, privée de la chaleur familiale, «si ce n'est Diar Errahma», a-t-elle avoué, les yeux rougeâtres et mouillés sous l'effet des 98 ans. Toutefois, pour les résidents ayant des attaches familiales, des conciliabules sont engagés pour une possible réintégration du domicile d'origine, nous apprend la chef du pavillon. D'ailleurs, l'année 2004 a été marquée par la réinsertion de 9 personnes âgées, en référence aux déclarations de la psychologue.
Nous faisons les va-et-vient dans les couloirs et les chambres fraîchement nettoyées, les vieux et vieilles hébergés sont, semble-t-il, aux anges du fait de notre passage. Appelée involontairement à faire un commentaire, la «psy» établit un constat d'un sentiment de solitude et d'abandon remarqué chez ces personnes vulnérables. C'est le cas, justement, de Belaïd de Tixeraïne, un vieux de 81 ans auquel l'allure mélancolique n'a rien cédé. Dénué de tout, il a atterri à Diar Errahma grâce au FLN, disait-il, sans nous révéler le comment ni le pourquoi.
De l'isolement à l'intergénération
A l'intérieur du pavillon réservé aux personnes âgées, nous sommes étonnés de voir des enfants assis aux côtés des vieux. C'est, en fait, «une manière de créer des espaces d'échanges et de rencontres intergénérationnelles». Cette action vise à apporter une contribution au bien-être moral des personnes âgées et venir à bout de la solitude. Au sein de l'atelier cuisine, nous faisons connaissance avec les mères célibataires, prises en charge à Diar Errahma.
Certaines souriantes, d'autres ont baissé les paupières sans souffler un mot, travaillant machinalement la pâte à farine détrempée, pétrie à maintes reprises. En 2004, selon les statistiques présentées, 10 mères célibataires ont été hébergées à Diar Errahma. Nous quittons le pavillon Wafa pour retrouver la cour de l'établissement, entourée d'un jardin multicolore. Nous sommes allés immédiatement à la rencontre des 29 enfants assistés dans le pavillon, constituant le point culminant de cette construction pyramidale.
Les 29 enfants représentent des victimes du divorce, enfants maltraités, enfants sans identité (x) et enfants orphelins de père (fratrie). Avant d'y arriver, nous avions l'imagination d'un pavillon pour enfants sous forme d'une crèche. Rien ne le distingue des autres bâtisses. «Les enfants sont encore à l'école», annonce l'une des psychopédagogues rencontrée dans la cour de l'établissement.
L'absence des enfants nous désole, mais toute une équipe d'éducatrices, de psychologues et de pédagogues tente à tout prix d'instaurer un climat familial afin de remplacer la chaleur parentale, mais surtout maternelle. « Ce n'est pas évident », lance à notre adresse une psychologue, d'une conviction profonde. L'année dernière, 115 enfants et adolescents ont été accueillis par l'établissement Diar Errahma, dont 42 enfants à titre permanent et 73 passagers accueillis dans le cadre de l'opération SDF.
Le régime du centre n'encourage pas l'assistanat, explique une autre psychologue. D'ailleurs, 22 enfants résidents à titre permanent ont été scolarisés, 5 ont été placés dans des centres de formation professionnelle, 2 inscrits en pré-scolaire et 2 autres dans une école spécialisée. Quant aux SDF, les efforts de l'établissement Diar Errahma ont débouché sur une réintégration familiale pour 50 enfants. 12 autres ont été transférés vers d'autres centres spécialisés et 11 ont effectué un départ volontaire. Suivant ces statistiques, un taux de réussite de 70% a été ainsi enregistré. Sans le bruit des enfants, les couloirs du pavillon ressemblent à des rues d'un village déserté.
«On porte un tablier, on ne le met pas sur la tête», lance la psychologue à l'adresse d'un enfant qui fait son apparition dans la salle. Il avait l'air d'un soldat en fin de bataille. Les traits tirés, les vêtements mal arrangés et le cartable à la main telle une épée qui devient plus lourde après des heures de combat.
Tandis que les troupes de Diar Errahma étaient toujours en bataille pour une prise en charge meilleure des personnes en difficulté, nous quittons le champ et nous retournons sur nos pas. D'autres personnes à l'extérieur attendaient le couffin de la bienfaisance, on discute de tout et de rien avant que cela soit prêt.


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