Il s'agit de la grande esplanade située à l'entrée ouest du centre-ville de Tizi Ouzou et où était implantée la mythique ancienne gare routière. Aujourd'hui, cet endroit spacieux s'est complètement métamorphosé. Il n'est plus le lieu où des milliers de personnes convergeaient dans les années 1980 et début 1990 pour prendre le bus vers l'une des 67 communes que compte la wilaya de Tizi Ouzou ou encore vers Alger la Blanche, mais plutôt une énorme esplanade et aire de jeu avec manèges de jeux pour enfants et terrasses de cafétérias ainsi qu'une scène pour spectacle artistique et même pour des meetings politiques lors des campagnes électorales plus particulièrement. Jusqu'à un passé très récent, la ville de Tizi Ouzou manquait très cruellement de ce genre d'espaces où les familles emprisonnées et cloîtrées à longueur de journées et de semaine dans la promiscuité des bâtiments, peuvent se détendre et prendre de l'air. D'ailleurs, aujourd'hui, il s'agit de l'unique espace du genre qui s'étale sur plusieurs centaines de mètres. Cette place porte le nom de l'un des pionniers du combat pour l'identité amazighe, à savoir, Mbarek Aït Menguellet, compagnon de Benaï Ouali et Amar Ould Hamouda. La place en question cotoie en outre le Carrefour d'à côté portant également le nom du Rebelle Matoub-Lounès. Chaque jour, quand il fait beau, cela va de soi, des centaines de familles accompagnées bien sûr de leurs enfants prennent d'assaut la place Mbarek Aït Menguellet pour s'offrir quelques moments d'évasion dans une ville où le ciment n'a laissé aucune place ni à la verdure ni aux espaces de jeux et de détente. D'ailleurs, faut-il rappeler ici, que la wilaya de Tizi Ouzu est dépourvue de parcs d'attractions dignes de ce nom. Quant à un parc zoologique, ce n'est pas demain la veille que la région y aura droit. La place Mbarek Aït Menguellet est dotée en partie d'un manège de jeux pour enfants et malgré la cherté relative des prix (un seul jeu à 100 DA), on s'y bouscule. Les enfants se bousculent tous les jours au portillon, surtout pendant les mardis après-midi où il n' y pas cours à l'école, mais aussi durant les vendredis et samedis et encore plus particulièrement pendant les vacances. Aussi, afin de se permettre une mince réduction, les parents peuvent acheter des tickets à 300 DA pour bénéficier d'un quatrième jeu gratuit. Mais dans le même espace, existe une aire supplémentaire de jeux où les parents ne voulant pas ou ne pouvant pas débourser de l'argent peuvent «lâcher» leurs enfants pour que ces derniers s'adonnent à coeur joie aux jeux traditionnels comme la fameuse et indétrônable balançoire dont en raffolent même certaines jeunes filles rêveuses. D'ailleurs, cet espace est également le lieu d'attraction pour des jeunes filles qui y viennent généralement en groupe pour de se détendre et voir les enfants jouer car, faut-il rappeler aussi que la ville de Tizi Ouzou est dépourvue d'espaces réservés exceptionnellement aux familles, les cafés étant toujours réservés exclusivement à la gent masculine malgré l'évolution incontestable de la société kabyle ces dernières années. La place Mbarek Aït Menguellet s'ajoute ainsi au jardin Mohand Oulhadj qui n'est pas doté de jeux pour enfants, mais qui attire toutefois quotidiennement des centaines de personnes, de familles et d'enfants. Il reste, en revanche, à dire qu'une wilaya comme Tizi Ouzou mérite beaucoup plus que ces petits espaces aménagés. Quand on voit le nombre impressionnant de locaux commerciaux qui ont ouvert depuis les 20 dernières années à Tizi Ouzou, on se demande comment les espaces verts et de détente n'ont pas suivi systématiquement? Ce projet, qui s'étendra sur plusieurs hectares où des milliers de familles pourront s'y rendre pour amortir un tant soit peu le stress ravageur que produit la vie dans la ville de Tizi Ouzou et à la Nouvelle-Ville, ne sera que le bienvenu. Car au rythme où vont les choses, il n' y aura plus «d'arbre où l'esprit pourrait faire la sieste dans la ville des Genêts», comme dirait, avec son humour caustique, un certain Mohamed Fellag, un enfant de cette ville, qui a d'ailleurs tant marqué son oeuvre dramaturgique.