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Le refus de l'oubli
EVOCATION / SIRAT BOUMEDIENE
Publié dans L'Expression le 26 - 08 - 2001

Evoquer Sirat Boumediene ne consiste-t-il pas à se rappeler les scènes majeures de notre théâtre, ce lieu de l'expression socioculturelle, où les diverses facettes de la société se répercutent comme autant de thèmes à approfondir?
Le verbe de Sirat Boumediene était celui d'un personnage multiple, celui d'un homme maîtrisant spontanément la configuration des rôles. Le théâtre était pour lui une passion débordante, un espace où son immense talent s'exprimait pleinement, comme pour saisir cette totale adéquation entre l'art scénique et le trait communautaire. Se libérer des contraintes existentielles et se mouvoir dans l'univers magique du théâtre l'imprégnaient tellement, au point où l'acteur éclipsait l'être social, où l'homme incarnait le véritable profil du comédien. Sa voix particulièrement chantonnante, son timbre extrêmement théâtralisé, une entière imprégnation du geste scénique, une totale vibration parolière. La voix était, chez Sirat Boumediene la puissante élévation du jeu scénique. Mais il savait aussi rehausser le discours théâtral par son attitude gestuelle, par son entière expansion dans le lieu scénique.
J'ai rencontré Sirat Boumediene à Alger, au siège de l'Enpa (Entreprise nationale de production audiovisuelle) à la fin des années 80. Il était réellement de cette étoffe de grand comédien, car il avait cette extraordinaire faculté relationnelle, comme si je le connaissais depuis plusieurs années. Son expression individuelle paraissait en harmonie avec sa franchise verbale, une qualité déterminante sur scène.
Une technique transcendantale
Car pour ce comédien talentueux, cette dichotomie du personnage et de sa propre personnalité intrinsèque ne pouvait se matérialiser, il avait cette extraordinaire possibilité, cette facilité déroutante de camper un jeu scénique, voire un personnage aux multiples facettes, aux nombreuses variations psychodramatiques. C'était une énergie débordante qui ne pouvait être ébranlée par l'acte théâtral, aussi épineux, aussi délicat à maîtriser.
Le rôle était pour lui une manière d'affirmer sa propre perception de l'existence. Il ne pouvait donc être relié mécaniquement au rôle qu'on lui attribuait, il avait cette hardiesse du dépassement, je ne dirais pas cette distanciation, mais une technique transcendantale qui lui était spécifique, individualisée. En cette Journée internationale du théâtre, le monde artistique ne devrait-il pas honorer ces noms marquants de l'art dramatique algérien? La famille de Sirat Boumediene se trouvant dans le dénuement - sa femme a même lancé un appel de soutien pour ses cinq enfants, voilà quelque temps, dans la presse algérienne - il s'agira de trouver une possibilité d'aide pour cette famille, un geste d'atténuation des douleurs psychiques et des contraintes matérielles. Comment laisser le temps humain envahir de son oubli dévastateur des figures qui façonnèrent le contour artistique national? Comment oublier cette offrande généreuse de Djelloul Lafhaïmi, de Chaïb Lekhedim aux regards admiratifs des passionnés du théâtre? Sirat Boumediene avait offert à l'Algérie toute son énergie sociale, tout son amour débordant pour le texte dit algérien. N'avait-il pas obtenu, pour rehausser la place culturelle de l'Algérie, la médaille d'or en 1985 au deuxième Festival de Carthage pour la meilleure interprétation du monde arabo-africain dans la pièce «El-Adjwad» de Abdelkader Alloula? Il eut également d'autres distinctions, comme le prix d'interprétation masculine au Festival du théâtre professionnel d'Alger. C'était sa force impétueuse de travail qui l'avait hissé à ce stade de perfectionnement artistique. La force langagière de Sirat Boumediene s'élevait dans l'univers théâtral, puissante, revigorante, multiple, forte, rugissante, cette totale clameur de la voix était le prolongement de son attitude corporelle. La scène théâtrale était pour lui une totale symbiose entre le regard, le geste, le mouvement corporel, le déplacement spatial dans le décor et les silences des moments retentissants. Le vrai langage théâtral, c'est l'utilisation d'une expression corporelle pour inonder l'espace théâtral d'une voix totalisante. Sirat Boumediene n'était-il pas cette ardeur rayonnante sur les planches qui vibrèrent d'une tonalité tonitruante? Le verbe était dit, pour ne point dire déclamé.
Une symbiose manifeste
Mais chez Sirat, il y avait la profondeur du regard qui élevait l'intensité dramaturgique en une symbiose manifeste avec les autres partenaires sur scène. La métamorphose de la voix était le premier indicateur d'une interprétation époustouflante: l'art de dire n'est-il pas éreintant? Particulièrement quand il s'agit de traduire un texte écrit en une parole actancielle, celle qui circule dans l'arène ambivalente de l'espace théâtral. Parfois ouverte, parfois fermée, cette arène est le lieu de cristallisation des formules s'enchevêtrant dans l'écho proche des paroles des comédiens.
Sirat Boumediene est né en 1949 à Oran, près de M'dina Jdida. Sa brève formation scolaire n'influera guère sur ses capacités intellectuelles. Car le jeu théâtral était pour lui une expression naturelle, comme un reflet de sa propre imagination. Il débuta sa carrière artistique sans aucune préparation, dans la célèbre pièce de Ould Abderrahmane Kaki, intitulée El Gherrab wa salihine, en 1967. Son parcours artistique consolidait la sphère culturelle algérienne, particulièrement après sa rencontre avec le regretté Alloula. Cette collaboration artistique avait insufflé à l'Art dramatique algérien toute une revigoration esthétique: la scène vibrait des intonations stridentes des acteurs. Les textes étaient écrits dans le sillage des préoccupations des périodes cruciales pour le développement du pays, au fait, un théâtre de la conscience sociale imagée dans les mouvements orchestrés des comédiens. La scène de Sirat Boumediene était un univers du retentissement artistique. Car la personnalité de l'homme favorisait l'éclosion dramaturgique. C'est peut-être pour toutes ces raisons que le Théâtre algérien devrait inaugurer un mois culturel pour toutes ces figures emblématiques du 4e Art. Le théâtre permet cette ouverture vers les rivages des espérances futures, il réalise aussi ce devoir de mémoire où la parole défunte se retrouve honorée par le chant de l'instant. Sans statut, le comédien est livré aux aléas des turpitudes existentielles. C'est le choix entre la vocation artistique ou une activité mercantile qui semble se dessiner au sein de l'univers théâtral. Cette version ne fut-elle pas appliquée par le regretté Sellali Ali (Allalou), l'un des pères fondateurs du théâtre algérien lorsqu'il arrêta tout exercice artistique dans les années 30 pour se consacrer à son travail, au tramway d'Alger? Oui, le dilemme est le lot des artistes; oui, le chant poétique du théâtre se trouve perturbé par les grains de sable faussant la musicalité de la parole humaine. Sirat Boumediene est décédé le 20 août 1995 à Mostaganem, dans les artères d'un théâtre de la ville.


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