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Des envies et des zombies...
72E EDITION DU FESTIVAL DE CANNES
Publié dans L'Expression le 15 - 05 - 2019

Chaque cuvée cannoise est passée à la loupe, ou à la moulinette, c'est selon, avant même qu'elle ne soit même servie. Il faut dire que les enjeux ont sacrément changé de finalité... On n'en est plus à l'examen de la situation cinématographique, en termes de productions, avec les outils classiques.
L'économie a cédé la place, comme ailleurs, à la finance. Ce qui expliquerait, en partie, ce formatage, à l'échelle mondiale, de la plupart des grosses productions internationales, qu'elles soient américaines, chinoises ou françaises. Avec plus ou moins de bonheur... C'est le cas de Luc Besson, qui est en train de devenir une «affaire d'Etat», avec le bouillon qu'a pris sa société Europa Corp., qui a carrément bu la tasse, avec «Valerian», la dernière réalisation de son cinéaste-maison, qui aura coûté 197 millions d'euros et qui a fait un flop sur son marché cible, les USA! Europa Corp. qui avait à son actif, huit des plus grands succès du cinéma français, sur les deux dernières décennies, a levé le drapeau blanc, après les multiples tentatives de renflouement lancées par les banques.
Face à ce tableau peu reluisant, il existe quand même un autre aux perspectives plus optimistes et qui est décelé dans cette démarche assez prométhéenne, celle des coproductions, dont la France reste le leader, ayant à coeur de défendre un cinéma d'auteur qui reste le socle (éphémère, certes), mais essentiel, d'une cinématographie qui aura favorisé l'émergence, un peu partout dans le monde d'un cinéma d'auteur, dont la vertu cardinale, érigée au rang de «secret de fabrication», restera cette économie de fabrication qui a permis jusqu'à nos jours, la présence d'un cinéma diversifié qui renseigne sur l'état du monde. Cette année, à Cannes, 16 oeuvres sont en coproduction, minoritaires avec l'Hexagone. Et plus globalement, le Centre du cinéma et de l'image, français, annonce cette année que 118 films ont été coproduits (dont 63 à majorité étrangère). Rappelons que le Cnci a signé 57 accords bilatéraux... Bien sûr, il ne s'agit pas d'une «affaire de mécénat», loin de là, au-delà du soutien international au cinéma d'auteur, il est clairement admis que cela relève également d'une «volonté politique, destinée à aider les réalisateurs, là où la liberté d'expression est en danger». Au gré des commissions de soutien, cela se fait avec plus ou moins de bonheur. Mais comme il est difficile, de plus en plus d'obtenir un financement à 100% français, l'appel à des financements étrangers concerne aussi des films français. Cela touche de plus en plus les pays arabes et donc, le Maghreb d'une manière plus particulière. «Papicha» de Mounia Meddour a, certes, obtenu, en Algérie, aussi bien du Fdatic que l'apport du Cadc, mais il aura fallu cinq années entières pour parvenir à boucler un financement international et tourner enfin le film en... cinq semaines! C'est donc vraiment une très grosse envie de cinéma qui empêche les cinéastes de baisser les bras, de jeter l'éponge! Mais, la détermination est dans la plupart des cas payante, heureusement! Et face à une oeuvre cinématographique, d'auteur, presque tous les créateurs sont logés à la même enseigne, pour peu que l'on garde en tête la notion de relativité, nécessaire pour pouvoir aborder ce métier de la manière la plus porteuse. Ces envies permettent de garder intacte, la flamme de l'inspiration, celle qui mène sur les chemins (déroutants parfois), des créations les plus originales, dans bien des cas.
C'est celle qu'aura choisie, apparemment, le plus rocker des cinéastes indépendants américains, Jim Jarmusch qui a débarqué la nuit dernière à Cannes, avec «The Dead don't die»: «Dans la sereine petite ville de Centre-ville, quelque chose cloche et les scientifiques sont inquiets: Les morts sortent de leurs tombes et s'attaquent aux vivants pour s'en nourrir. La bataille pour la survie commence pour les habitants de la ville, avec à leur tête une fine équipe de policiers, menée notamment par Bill Murray et Adam Driver». Une histoire qui aura fait tinter (de frayeur) plus d'une fois, les bijoux de nombre de femmes, qui avaient, auparavant, gravi, en grande toilette, les marches du fameux tapis rouge, pour l'ouverture officielle de la 72e édition du festival de Cannes. Pourtant, l'affiche l'avait annoncé, ce film est porté par un «casting à réveiller les morts»! Tilda Swinton, Bill Murray, Iggy Pop, Tom Waits, Chloé de Sévigny, oui on aurait dû faire attention. Sans doute a-t-on plus fait confiance à la dégaine flegmatique de Jarmusch, à la troublante ressemblance avec notre regretté Aziz Chouaki, pour ne pas se fier aux petits warnings semés çà et là.
Reste qu'au-delà de cette histoire de zombies qui envahissent le petit bourg de Centerville, au lendemain d'une catastrophe écologique, il existe dans cette oeuvre autant de pistes qui mènent tout à soi, à l'être humain, roseau plus dépensant que pensant. Jarmusch, le plus camusien, des cinéastes contemporains, mixant, comme l'auteur de «L'Etranger», et avec talent, le désespoir et l'humour, sarcastique presque, a livré, hier soir, au public de cette première mondiale, son oeuvre la plus philosophique, avec l'air de ne pas se prendre au sérieux. Avec toujours cette mélancolie dans le regard, dans la voix qui se marie bien avec les scènes de canardage, qui frisent l'invraisemblable, mais qui n'empêchent nullement de se pencher sur l'état du monde et de la responsabilité de l'homme, dans cette situation. C'est sans doute aussi cela l'insoutenable légèreté de l'être, relevé par Milan Kundera et que Jim Jarmusch résume en un implacable «les zombies, c'est nous!».


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