C'est la rentrée ! Les écoles réouvrent leurs portes ce matin pour accueillir plus de 9 millions d'élèves. Du côté du gouvernement, tout est fin prêt pour l'entame de l'année scolaire 2019-2020. Du côté des parents, c'est selon les moyens. Car même avec la décision du Premier ministre, Noureddine Bedoui, d'augmenter le montant de la prime de solidarité scolaire de 3000 DA à 5000 DA au profit de 3 millions d'élèves, la crise politique actuelle qui secoue le pays a eu des retombées économiques fatales sur des milliers de foyers. Des pères de familles se sont retrouvés au chômage, d'autres n'ont pas perçu leurs salaires depuis des mois et certains n'arrivent pas à suivre la hausse effrénée du budget consacré aux trousseaux scolaires. A toutes ces difficultés va venir se greffer le souffle du Hirak en Algérie. La révolution pacifique que mènent les Algériens depuis plus de six mois est annonciatrice d'une rentrée sociale agitée. Un retour à la grève dans le secteur de l'éducation n'est donc pas à écarter et c'est là la hantise des parents qui ont eu à vivre le spectre de l'année blanche, plusieurs années de suite par le passé. Pour cette année, les syndicats de l'éducation ont déjà annoncé la couleur en prévenant contre une rentrée scolaire difficile. La cause ? Les multiples problèmes socioprofessionnels des travailleurs, mis en veilleuse à cause du Hirak, qui risquent de refaire surface. Meziane Meriane, coordinateur du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest), l'a d'ailleurs laissé entendre, dans une déclaration aux médias électroniques. «Je ne pense pas que la rentrée scolaire sera calme, puisque les dossiers en suspens sont toujours d'actualité. Nous tenons toujours à la question du pouvoir d'achat. Il faudra peut-être trouver des mécanismes comme par exemple la diminution ou carrément la suppression de l'impôt sur le revenu global (IRG) pour le fonctionnaire qui, je tiens à le souligner, paie des impôts plus que les grands commerçants, puisqu'il est soumis au régime du prélèvement à la source», a-t-il fait savoir non sans ajouter que les fonctionnaires ne sont pas responsables de la déconfiture de l'économie nationale. Mais, il n'y a pas que le salaire, le dossier de la retraite, des libertés syndicales ou encore la surcharge des classes et le manque d'effectifs sont des points inscrits sur la plate-forme de revendications, qui seront de nouveau remis sur la table de négociation avec la tutelle. Prévoyant, le nouveau ministre de l'Education nationale, Abdelhakim Belabed, a pris les devants en s'attelant à tout mettre en œuvre pour réussir sa première rentrée. D'ailleurs, il a assuré, que «la rentrée a été bien préparée à travers des mesures inédites prises par le gouvernement». Il en veut pour preuve, l'augmentation de la prime de solidarité scolaire, la disponibilité du manuel scolaire, mais aussi l'absence, cette année, de la surcharge des classes pour les élèves, vu le nombre d'infrastructures que son département a réceptionnées, à l'exception de certaines localités en raison du mouvement de la population dans le cadre du relogement. Autre mesure prise, le gel de la réforme du baccalauréat, décidée par l'ex-ministre Nouria Benghebrit. La réforme de cet examen aurait pu être une pomme de discorde, mais Belabed a désamorcé la bombe bien avant l'heure en rassurant que la réforme du baccalauréat étant en lien direct avec la réforme du système d'enseignement secondaire, n'allait pas se faire sans les experts, et les partenaires sociaux. Enfin, dans ce contexte révolutionnaire marqué par une nouvelle dynamique sociale, basée sur la consécration des principes de démocratie, des droits de l'homme, d'équité et d'égalité et prônant la lutte contre la corruption, le népotisme, l'exclusion, la marginalisation et le pillage, le ministre a tenu à intégrer l'école dans ce décor en consacrant le cours inaugural à «l'amour de la patrie, le rejet de la discorde et la lutte contre la corruption» et cela non sans mettre en garde les cadres du secteur contre «la reproduction des mêmes erreurs» en matière de gestion, les appelant à assurer une école de qualité dans le cadre de l'égalité des chances. Quelques chiffres Au total, 9110000 élèves, dont 155000 nouveaux retrouvent le chemin de l'école au niveau national au titre de l'année scolaire 2019-2020. L'encadrement est assuré par 479081 fonctionnaires et 250533 fonctionnaires administratifs au niveau de 27355 établissements éducatifs (19521 écoles primaires, 5616 collèges et 2488 lycées). Réception de 656 établissements éducatifs, dont 426 primaires, 137 collèges et 93 lycées, outre 161 autres prévus à la fin de l'année en cours. Renforcement du transport scolaire et amélioration des conditions de prise en charge des élèves à travers l'acquisition de 1000 nouveaux bus. Les classes intégrées destinées aux personnes aux besoins spécifiques renforcées par 186 nouvelles classes, portant leur nombre global à 851. Impression de 50 millions de manuels scolaires, tous cycles confondus.