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Les trottoirs de la misère
17.000 SDF À ALGER
Publié dans L'Expression le 24 - 01 - 2006

8587 SDF d'Alger sont célibataires, 926 mariés, 438 femmes sont divorcées et 459 mères célibataires.
Alger, boulevard Colonel Amirouche. La température avoisine les 12°C. L'hiver est rude. Il est plus rude encore pour Hamid. Solitaire et silencieux, ce quadragénaire au visage émacié, ressemble à bien d'autres infortunés, véritables épaves humaines qui ont échoué sur les trottoirs d'Alger.
Les creux et les rides du visage témoignent de longues années de misère. Pour se protéger du vent glacial de cette saison hivernale, durant la nuit surtout, Hamid s'est calfeutré dans un petit abri qu'il a fabriqué à l'aide de quelques boîtes en carton et installé dans le coin d'une bâtisse. A l'intérieur on y trouve quelques couvertures en laine. Un grand sac en plastique dans lequel sont rangés ses vêtements. Et c'est tout. Je m'approche de lui pour tenter de comprendre. D'une voix saccadée, il raconte son malheur: «J'y vis depuis 20 ans», assure-t-il. «Sans l'aide régulière de quelques âmes charitables, je n'aurais pas de quoi me nourrir.» Ses deux enfants ne vivent pas avec lui. Il les a envoyés chez ses parents à Mostaganem.
«Mon mari m'a cruellement répudiée
Les sans-abri hantent encore les grandes avenues de la capitale. Refusant parfois l'aide sociale relevant du département de la solidarité nationale, hommes, femmes et enfants de toutes les origines sociales sont livrés à leur malheureux sort. Complètement désespérés, ils sombrent dans leur monde de silence et de solitude. Yasmine, une jeune fille âgée de 23 ans seulement, est originaire de Biskra. Elle s'est fait une chambre sous les escaliers d'un immeuble à la Place Audin à quelques mètres du Tunnel des facultés. C'est son abri de toujours. Elle est victime d'une marâtre et d'un père tyran qui lui faisaient subir les pires atrocités. «Pas de travail, pas de logis, pas de famille ni d'amis, la lutte contre la solitude, les rêves d'une autre vie, la désespérance ... C'est la vie d'un sans domicile fixe», dit-elle désespérée. Cette jeune fille est pourtant habillée de vêtements de «luxe». «J'ai eu ces habits des gens qui habitent les environs. Ce sont des gens aisés. Ils me connaissent bien», dit-elle. Le visage illuminé, Yasmine a pourtant un métier en or, elle est dessinatrice.
Le soir, le propriétaire du restaurant la ramasse. Elle passe la nuit dans ce resto. Fatima, une femme de 36 ans venue de Chlef, paraît moins sereine que Yasmine. Elle gît encore aux alentours de la rue Hassiba, non loin d'une nouvelle antenne de la Cnas. Elle est assise sur un bout de carton dans un endroit fréquenté par un flux incessant de voitures et des piétons qui ne font plus attention à la situation dramatique de ces oubliés. Elle essaye vainement de couvrir ses enfants, dont l'un est handicapé, assis à côté d'elle gelés de froid. «Mon mari m'a cruellement répudiée et m'a jetée sans un sou, sans se soucier de mon sort ni de celui de mes gosses», lâche-t-elle. Elle est résignée à passer ses journées au même endroit. «Aujourd'hui, je suis dehors. Demain, ce sera pareil. Je souffre du froid. Il n'y a plus de miséricorde.» Elle retient ses larmes. La tête voilée d'un foulard marron, elle fait figure de combattante. Elle a décidé de braver la peur et de se défendre toute seule, en dépit de toutes les difficultés qu'elle subit quotidiennement. Les histoires diffèrent d'un SDF à l'autre. Mais, le rêve de retrouver un logement propre ne les quitte jamais.
Afin d'assurer une prise en charge effective et efficace de cette frange de la société, le ministère de l'Emploi et de la Solidarité a initié une opération d'envergure nationale depuis le mois de décembre 2003. Une opération qui s'inscrit dans le cadre des orientations du président de la République. Ainsi, 16.778 personnes sans domicile fixe ayant bénéficié d'une prise en charge au sein des structures ou espaces d'accueil ouverts par le secteur de la solidarité nationale ont été recensées depuis le lancement de l'opération en 2003. Sur les 16.778 SDF répertoriés à travers le territoire national, et selon le bilan arrêté au 31 octobre 2005, dont 4 222 sont des femmes. Selon les statistiques établies par le département du Dr Ould Abbès, la catégorie la plus répandue concerne la tranche d'âge allant de 30 à 60 ans avec 4156 cas.
La catégorie des plus de 60 ans enregistre 1473 cas. S'agissant de la situation particulière des personnes prises en charge, 8587 SDF sont célibataires, 926 sont mariées, 694 femmes répudiées, 438 divorcées et 459 mères célibataires. Selon le même bilan, la catégorie d'âge allant de 0 à 30 ans a atteint les 3354 cas. 1295 enfants, âgés entre 0 et 9 ans, ont été hébergés dans les centres d'accueil. 759 dont l'âge varie entre 10 et 19 ans ont bénéficié d'aides du ministère. A cela s'ajoute une autre catégorie de personnes dont l'âge n'a pu être déterminé; le nombre s'élève à 7795 cas.
L'opération de prise en charge a coûté plus de 2,5 millards de dinars
En matière d'infrastructures, il existe 76 espaces d'accueil et d'hébergement d'une capacité de prise en charge de 1571 places pour les SDF de sexe masculin et 806 de sexe féminin ; soit une capacité totale de 2377 places d'hébergement/ jour avec la mobilisation de 683 travailleurs un service des centres. M.Messaoud Lakhelef, directeur du mouvement associatif et de la communication sociale au ministère de la Solidarité, souligne le refus de certaines personnes de quitter leurs abris.
M.Messaoud Lakhelef précise que les dépenses engagées en matière de prise en charge des SDF dans le cadre de cette opération sont estimées à plus de 2,5 milliards de dinars. Il ajoute que les actions de solidarité sont développées par les structures déconcentrées en relation avec les auxiliaires de l'Etat, en l'occurrence le Croissant-Rouge algérien et les scouts musulmans algériens avec le concours des services de la protection civile. Ces actions portent sur l'accueil des SDF, la prise en charge sanitaire et psychologique et leur réinsertion. Ainsi, des équipes pluridisciplinaires sont mises en place au niveau des établissements spécialisés du secteur de l'emploi et de la solidarité nationale pour assurer la prise en charge de cette catégorie sociale. Les directeurs de l'action sociale de wilaya assurent, dit-il, la coordination et le suivi opérationnel des interventions en relation avec la cellule centrale placée sous l'autorité du directeur général de la solidarité nationale. Il est à signaler que les interventions en direction des SDF s'effectuent quotidiennement à travers des sorties nocturnes de ramassage. «Cette année, les services déconcentrés chargés de la mise en place de l'opération «prise en charge des personnes SDF» a permis d'améliorer la situation des SDF à travers leur prise en charge sanitaire et psychologique», a-t-il estimé. Toutefois, dit-il, l'objectif recherché reste toujours leur réinsertion familiale, sociale et professionnelle.
Malgré la forte mobilisation des partenaires sociaux pour la réussite de l'opération, certaines difficultés liées notamment à l'insuffisance de moyens matériels, d'infrastructures d'accueil et à l'absence de structures spécialisées en la matière, sont relevées. Pour lui, il reste entendu que la réussite de cette opération demeure tributaire d'une part de l'implication d'autres secteurs dans le cadre de l'action gouvernementale et d'autre part de la mise en place d'un plan de prévention qui puisse agir en aval sur le phénomène. Dans le cadre du renforcement du dispositif mis en place par le secteur chargé de la solidarité nationale, il est important de réserver et d'aménager des espaces au niveau des grands centres urbains et prévoir une enveloppe financière pour couvrir les frais inhérents à cette opération. Il est nécessaire d'élaborer un guide d'organisation et d'orientation à l'usage des différents intervenants chargés de la mise en oeuvre de l'opération «prise en charge des personnes sans domicile fixe» à travers un processus dont l'objectif serait l'insertion ou la réinsertion sociale et professionnelle.
En conclusion, le ministère de l'emploi et de la Solidarité nationale s'est engagé à poursuivre l'action afin de restreindre l'ampleur du phénomène grâce à la mobilisation de toutes les potentialités, notamment les directions de l'action sociale de wilaya, les auxiliaires de l'Etat ainsi que les autorités compétentes.


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