La construction de l'UMA balbutie de nouveau. Le ministre des affaires étrangères a remis en selle cette belle aventure qui aurait scellé le destin commun des cinq pays de la région, restée en rade depuis pratiquement un quart de siècle. « L'Algérie demeure attachée à son choix stratégique visant à poursuivre l'édification de l'UMA dont le coup d'envoi avait été donné à Alger, il y a trois décennies…Mon pays est pleinement disponible à traduire cet objectif auquel aspirent nos peuples», a déclaré Sabri Boukadoum du haut de la tribune des nations unies à l'occasion de la tenue de la 74ème session de l'Assemblée générale de l'ONU. L'acte de naissance de l'UMA a été signé un certain 17 février 1989. Le Conseil des chefs d'Etat, de l'Union, ne s'est plus réuni depuis 1994. Une cassure qui a été occasionnée par le Royaume marocain qui avait décidé d'en verrouiller la porte. Suite à la fermeture de sa frontière terrestre avec l'Algérie qu'il a lui-même provoquée. Le Maroc avait injustement accusé les services algériens de l'époque d'être derrière l'attentat qui avait ciblé l'hôtel Asni à Marrakech. Il s'en est suivi une chasse à l'homme acharnée qui s'est traduite par l'expulsion manu militari de centaines d'Algériens et l'instauration unilatérale de visas pour ceux qui avaient l'intention de s'y rendre. La normalisation des relations algéro-marocaines est de fait devenue une condition sine qua non pour l'édification de l'Union du Maghreb. Il est impossible, en effet, de concevoir une mise sur orbite de l'UMA sans des relations apaisées entre le Maroc et l'Algérie, seuls pays à afficher une stabilité à toute épreuve dans la région au moment où la Libye sombre dans le chaos, alors que la Tunisie reste en quête d'une stabilité durable. La concrétisation des objectifs assignés à cette institution qui représente un espace économique régional de près de 100 millions d'âmes en dépend. L'édification de l'UMA va-t-elle enfin prendre son envol et devenir réalité ? La question se pose. L'Algérie se tient prête. Le Maroc a certes manifesté à maintes reprises sa volonté d'y contribuer, mais en la conditionnant à l'ouverture des frontières entre les deux pays. Un préalable sur lequel se greffe le soutien indéfectible de l'Algérie à la cause du peuple sahraoui, conformément aux résolutions adoptées par le conseil de sécurité. Le chef de la diplomatie algérienne a réitéré la position de notre pays par rapport au conflit du Sahara occidental, actuellement dans l'impasse, qui oppose le Maroc au Front Polisario. « Nous souhaitons vivement que l'esprit de dialogue règne entre les frères dans le Royaume du Maroc et le Front Polisario dans le but de parvenir à une solution définitive garantissant au peuple sahraoui son droit légitime à l'autodétermination, conformément aux principes de la Charte des Nations unies et aux résolutions de l'AG et du Conseil de sécurité y afférentes » a indiqué Sabri Boukadoum. Dans quel état d'esprit se trouve-t-on côté marocain ? « Nous réaffirmons notre engagement sincère à garder la main tendue en direction de nos frères en Algérie, fidèles en cela aux liens de fraternité, de religion, de langue et de bon voisinage, qui unissent depuis toujours nos deux peuples frères », avait déclaré le 30 juillet 2019, le souverain marocain, à l'occasion du 20e anniversaire de son accession au trône. Mohammed VI sera-t-il sensible au discours de Boukadoum ? Pas si sûr. L'opportunité lui est en tout cas offerte pour parvenir à des relations plus apaisées entre nos deux pays. Ce qu'il a tout récemment souhaité…