Carrefour incontournable du livre, le Salon est encore considéré comme une foire qu'on vient visiter principalement par curiosité, constate-t-on. «Nous pensons au niveau du comité d'organisation que cette 10e édition du Salon international du livre a été un succès, du moins, nous constatons une amélioration par rapport aux éditions précédentes. Les indices, ce sont le travail et les échos émanant notamment de la presse, globalement. Même celle-ci a été satisfaite par l'organisation», a déclaré, hier, Mohamed Boussena, président du comité d'organisation du Sila et directeur général de l'Anep, lors d'une conférence de presse animée, aux côtés de Fatiha Soal, directrice d'Aslia, Mohamed Bouyedjra, commissaire aux comptes, Salah Chekirou, directeur des éditions Anep, et M.Guerfi, directeur du Snel. Aussi, A la faveur de la présentation du bilan annuel, il est ainsi fait état par M.Bouyedjra du coût global des dépenses à raison de 5 millions de dinars et de 470.000 DA de bénéfices. Une petite baisse de fréquentation des visiteurs à été constatée, due cependant à la clôture anticipée du Salon en raison de la tenue du référendum. M.Boussena reconnaîtra les quelques carences qui ont émaillé ce salon, promettant une meilleure organisation à la prochaine édition qui se tiendra du 30 octobre au 10 novembre. «On fera tout pour corriger ces erreurs. On fera en sorte que les livres répondent aux goûts de tout le monde. C'est vrai qu'il y a eu moins de livres en langue arabe. On fera en sorte pour équilibrer entre les deux langues, arabe et française. Ce petit désagrément est dû au nombre d'entrées indéterminées des livres, ce qui nous a empêchés de bien faire notre travail, y compris celui du ministère des Affaires religieuses.» Pour parer à ce dépassement, le président du Salon notera quelques mesures à prendre, entre autres, la limitation d'âge des livres à exposer ainsi que leur nombre. Il sera question aussi de redonner l'exposition aux éditeurs. «C'est terminé, dit-il, la vente de livres par containers...» M.Boussena expliquera le problème de vente de livres en Algérie par le manque de circuits de distribution. En effet, suite au sondage effectué par Ipsofim, la filiale sondages de l'Anep (étude effectuée en interrogeant 1500 personnes, dont l'âge dépasse les 15 ans), M.Ilyas Boukraâ fera état de 70% de visiteurs qui déclarent n'avoir rien acheté parce qu'ils n'ont pas trouvé ce qu'ils cherchaient, et 31% de personnes qui évoquent le problème de manque d'argent. Il est aussi constaté que l'audience du Salon n'a pas atteint une dimension nationale, car l'essentiel des visiteurs provient d'Alger, Boumerdès, Béjaïa, et Blida. L'âge du lecteur potentiel est de 36 ans. Contrairement aux idées reçues, ce sont les personnes issues des couches sociales moyennes (36%) qui achètent le plus. Ce qui ressort aussi de ce sondage, c'est que 80% de gens de niveau d'instruction primaire et moyen contre 24,5% de cadres visitent le Salon. 60% cherchent des livres, 13% viennent par curiosité. Plus de 70% des visiteurs sont des jeunes, dont 68% sont des célibataires. «Nous sommes encore dans une logique de foire. C'est une braderie conçue au même type qu'une foire de l'électroménager ou de l'automobile», nous indique-t-on. 45% des visiteurs considèrent le Salon comme une activité culturelle, tandis que 27% la perçoivent comme un lieu pour acheter des livres. 61% des visiteurs se déclarent satisfaits de l'organisation, et quel que soit le niveau d'instruction des visiteurs, 50% se disent satisfaits. Les gens de niveau secondaire achètent plus que ceux de niveau universitaire. Il en ressort aussi que la littérature et la poésie trouvent leur place auprès des cadres, y compris chez les chômeurs qui fréquentent le Salon à hauteur de 12%. Les livres religieux trouvent écho paradoxalement chez les jeunes de 26 à 35 ans, et la littérature et la poésie chez les 35-50 ans. «C'est vrai qu'on a fait du Salon une foire parce qu'il nous manque les traditions, ceci est dû au manque d'expérience. On vous promet que l'an prochain, le Salon aura un cachet spécial», a indiqué M.Guerfi. Pour rappel, le 10e Sila, qui s'est tenu du 21 au 30 septembre 2005, avait regroupé 358 éditeurs arabes, dont 118 Algériens, 14 institutions nationales, 197 éditeurs européens, et, pour la première fois, 1 éditeur des USA, d'Iran, du Canada et d'Inde. Parmi ces éditeurs figuraient les leaders de l'édition, notamment en Egypte, au Liban, en France, en Suisse, en Belgique, en Jordanie et en Arabie Saoudite. Le total général des livres exposés avait atteint 80.200 contre 7000 en 2004.
