Même si Bouira dispose de trois barrages dont celui de Koudiet Asserdoun, dans la daïra de Lakhdaria, d'une capacité de stockage dépassant les 6 millions de mètres cubes, de nombreuses régions souffrent du manque de ce liquide vital. La wilaya dispose d'un réseau AEP long de 3572 km permettant d'alimenter 800 096 habitants soit un taux de couverture de 96,6%. Le barrage de Koudiet Asserdoun alimente 25 communes alors que celui de Tilesdit dans la daïra de Bechloul fournit l'eau à 16 communes. 22 projets inscrits dans le cadre d'une totale couverture de la wilaya ont été réceptionnés en 2019 et ont coûté au Trésor public la somme de 39 981 382 DA. Pour l'exercice en cours, le secteur a enregistré 92 opérations dans le cadre du PSD (programme sectoriel) et 97 opérations sur le PCD (programme communal). malgré ce faramineux programme, la wilaya avec 96 points raccordés au réseau souffre d'une alimentation en dents de scie. Pour l'histoire, la pénurie de l'eau avait conduit l'année dernière, le jour de l'Aïd, les habitants de Lakhdaria à barrer l'accès et le passage sur l'autoroute. Cette crise a eu raison du chef de daïra intérimaire de Lakhdaria et du directeur local de l'Algérienne des eaux; elle s'est dénouée partiellement dans cette localité mais reste posée pour bon nombre d'autres régions de la wilaya. Malgré le potentiel immense de la wilaya et les capacités de stockage appréciable, des régions entières continuent à manquer de ce liquide vital. Les justifications avanceés, même si elles sont concrètes, relèvent de la responsabilité des dirigeants du secteur. Comme nous l'avons déjà rapporté, nous rappelons ces données défendues par la direction des ressources en eau et sa filiale l'ADE. Pour une gestion rationnelle,l'Algérienne des eaux est présente dans 44 communes de la wilaya. Les besoins de la wilaya sont de l'ordre de 120 982 m3 par jour. La production répartie entre eaux superficielles et souterraines est de l'ordre de 140 000 m3/transférée dans un réseau global de 3 572 km. Bouira dispose de 554 ouvrages permettant le stockage de 204 000 m3. La disponibilité de l'eau varie d'une région à une autre et d'une saison à une autre. Ainsi, 40 communes sont dotées en eau au quotidien avec des horaires allant de 2 à 24 heures. Deux communes bénéficient de l'eau un jour sur deux et avec une tranche horaire de 2 à 14 heures par jour. Une commune gérée par la commune reçoit l'eau 1 jour sur 3 pendant 2 à 10 heures. Cette distribution reste tributaire de l'état des réseaux et beaucoup de communes se plaignent de la vétusté de ce dernier. Qui dit vétusté dit coupure et dysfonctionnement dans l'alimentation. Même le chef-lieu n'échappe plus à ce dysfonctionnement puisque souvent les citoyens ont la surprise de voir leurs robinets à sec en raison de travaux et intervention sur les conduites. Si pour Lakhdaria le problème a été sérieusement pris en charge, la région sud-est de la wilaya, semi-aride, continue à subir et à espérer une amélioration. Des villages comme Ouled Abdallâh, Tizza, Chréa, Ahl El Ksar, Ouled Rached, Aghbalou, Saharidj, Ath Bouali... et la liste reste longue, continuent à compter sur le citernage. Le triangle compris entre El Hachimia, Ahl El Ksar jusqu'aux limites avec la wilaya de Bordj Bou Arréridj et plus au nord la commune de Thaourirt est réputé pour son manque de ressources souterraines. Ainsi, des villages comme Ighil Oumeziave, Chréa, Fraksa, Ait Rached, Roudha... souffrent du manque d'eau au robinet. C'est aussi le cas pour la région d'Aghbalou à l'extrême nord-est de la wilaya. Le fait qui remonte les citoyens demeure ce paradoxe entre la disponibilité de ce liquide et son manque au robinet. Une source au débit impressionnant située sur le flanc du Djurdjura, Insar Aberkane (la source noire) n'est pas exploitée rationnellement. Récemment, des citoyens se plaignaient de l'état d'abandon que connaît ce point. Des carcasses d'animaux morts, des détritus ont été retirés par les agents affectés à son entretien. Au regard des capacités, de la disponibilité de l'eau, on peut affirmer qu'il ne s'agit pas d'une pénurie engendrée par les aléas de la nature, mais une insuffisance générée par la dégradation et la vétusté du réseau d'AEP. Les quantités d'eau qui coulent, vainement, dans la nature, sont très importantes comparativement à quelques gouttes atteignant les robinets. Le projet portant réalisation de nouvelles canalisations AEP, à l'image de ce qui a été fait dans d'autres communes et les bourgades environnantes, a contourné le village. Et pour assurer la distribution de l'eau potable à partir du barrage de Tilesdit, les services concernés se contentaient d'utiliser un réseau existant déjà, et dont la réalisation remonte à l'époque coloniale. Le débit et la pression générée par le refoulement de l'eau à partir du barrage sont venus à bout de ces canalisations qu'aucune partie ne tente de réparer ou simplement changer, une priorité pour la direction des ressources en eau.