Lundi soir, l'Algérie a, encore une fois, frôlé le pire. De fortes averses orageuses se sont abattues en début de soirée sur plusieurs régions du pays. Elles se sont poursuivies presque toute la nuit avec des cumuls de pluies de plus de 60 mm en une seule soirée. Une pluviosité certes, importante pour quelques heures, mais cela ne laissait pas présager le décor apocalyptique qu'allaient découvrir les citoyens en se levant le matin. En ouvrant leurs fenêtres le matin, ils avaient l'impression d'être à Venise, avec des routes complèment inondées! À l'exemple de la rue Hassiba Ben Bouali, à Alger. Que dire alors d'Hussein -Dey et du Ruisseau, qui ont vu des routes inondées avant qu'elles ne cèdent sous le poids des eaux, des voitures emportées par les crues. À Belouizdad, une route s'est affaissée alors qu'un glissement de terrain a été enregistré au niveau de la rue Rouchaï Boualem. Les riverains étaient sous le choc. Ils venaient d'éviter la mort de justesse! Comme ces deux familles du centre d'Alger qui ont vu le sol s'effondrer sous leurs pieds. Le plancher de deux appartements a cédé face à la violence des pluies à la rue Hassiba Ben Bouali, commune de Sidi M'hamed. Même l'ambassade de France en Algérie n'a pas échappé à la furie de Dame nature. Les habitués de la route au lieudit Larbi Allik à Hydra ont passé des heures dans les embouteillages, suite à l'effondrement d'un mur, de 2 mètres, de la chancellerie française. Le mur de l'ambassade de France s'est effondré. C'était l'enfer à Alger! L'image de la trémie des Fusillées, en face de la cour d'Alger, résume cette nuit cauchemardesque. Une voiture qui flottait au-dessus de cette trémie de plusieurs mètres! Deux véhicules, coincés par les eaux ont été dégagés par les agents de la Protection civile qui ne savaient plus où donner de la tête. Ils ont été appelés à travers les quatre coins du pays pour sauver des vies, mais aussi dégager... des routes. C'est le cas à Alger où la circulation automobile était à l'arrêt dans tous les sens. Plusieurs eaux pluviales stagnantes ont été signalées au niveau de points et d'accès à la capitale, en particulier les commues de Chéraga, Bir Mourad Raïs, Sidi M'hamed, Hussein-Dey, Alger-Centre, Aïn Naâdja, Bouzaréah, Béni Messous, Belouizdad et Gué de Constantine, suite à la montée du niveau des eaux. Les pompiers ont prêté main forte aux agents d'entretien de la voirie pour essayer de dégager au plus vite ces eaux et réouvrir les routes. Miraculeusement, aucune victime n'a été signalée à Alger. C'est aussi un miracle que trois personnes, à bord d'un camion à Oum El Bouaghi, sont toujours de ce monde. Elles étaient en train d'emprunter le tunnel de l'entrée de la commune, avant d'être surprises par la montée rapide des eaux. Elles se sont retrouvées encerclées avant que les pompiers n'arrivent pour les sauver in extremis. À Mila, un enfant de 8 ans n'a pas eu cette chance. Il est décédé après son admission aux urgences de l'hôpital de Ferdjioua, la victime a été emportée par les eaux de l'oued au lieudit Mechtat Tassouit. Les mêmes erreurs Un décès et des dégâts qui vont encore une fois relancer le débat sur la responsabilité des autorités locales, dans ces inondations de fin d'été. Certes, la nature s'est déchaînée en l'espace de quelques heures. Il est difficile de faire face à elle quand elle est «énervée», mais l'homme n'a-t-il pas sa part de responsabilité? Il y a incontestablement une incurie des pouvoirs publics. La rue Tripoli où le tramway au niveau de d'Hussein-dey se retrouve sous l'eau, à chaque fois qu'une goutte de pluie tombe en est le parfait exemple. Comment se fait-il que ce problème soit récurrent sans qu'on ne lui trouve une solution efficace? Faudra- t-il attendre qu'il y ait des centaines de morts afin de le résoudre? Et le vieux refrain des avaloirs et de leur nettoyage à chaque début de saison. Les crues de la semaine dernière ont été un avertissement pour les autorités locales. Mais les trois morts et les innombrables dégâts enregistrés n'ont pas suffi à réveiller les consciences. Le BMS qui annonçait les orages du lundi soir n'a pas été pris en considération, ce qui a entraîné le «bricolage» habituel en essayant de déboucher les avaloirs alors que les routes sont presque toutes inondées. Il ne faut, néanmoins, pas dédouaner les citoyens, qui ont une grande part de responsabilité. Ceux qui en 2020, continuent de jeter leurs détritus dans les rues et sur les routes du pays. Un petit sac en plastique, un sachet de chips ou une petite bouteille d'eau peuvent boucher un avaloir et provoquer des inondations. Il est temps que tout le monde prenne ses responsabilités et en finisse avec cette négligence et ce manque de civisme, qui vont finir par détruire le pays. Avant-hier, on a échappé à un triste «remake» des inondations de Bab El Oued de 2001. Mais cela semble être un énième avertissement de la nature. Le prochain épisode pluvieux risque d'être fatal...