La «machine à sous» de l'organisation génère bon an, mal an, plusieurs milliards de dinars. Une source à la Direction générale de la Sûreté nationale confirme l'existence d'un document signé par l'émir national du Gspc, Abdelmalek Deroukdal, plus connu sous son nom de guerre «Abou Mossâb Abdelwadoud», exhortant ses unités de combat à accentuer la pression et à racketter pour constituer un maximum d'argent. Cette directive, qui intervient en plein réconciliation nationale, a pour but évident de réanimer les unités de combat de l'organisation grâce à un nouveau recrutement, lequel ne peut se faire sans un apport financier important. Cet argent peut aussi servir à contrer les redditions en offrant «plus» aux plus démunis des islamistes libérés et qui seront immédiatement confrontés aux dures réalités de la vie civile. Depuis plusieurs mois, tous les spécialistes du dossier sécuritaire ont remarqué la multiplication des actes liés aux rapts suivis de demandes de rançons, lesquelles s'élèvent, selon la situation du parent de l'otage, jusqu'à un milliard de centimes. Plusieurs cas ont été signalés à Boumerdès, Tizi Ouzou et Béjaïa. Les faux barrages, l'impôt sur les cultures et la dîme prélevée sur les gros achats et les ventes concernant les terres et le foncier sont autant de sources où le Gspc s'approvisionne continuellement. L'autre document concerne la correspondance envoyée par la Dgsn aux différents commissariats de police de la capitale, attirant leur attention sur la directive de l'émir du Groupe salafiste pour la prédiction et le combat, Abdelmalek Droukdal, «Abou Moussâab Abdelouadoud», à ses troupes. Celui-ci a chargé l'émir de la sériât «El Hourra», dirigée par Abdelhamid Saâdaoui, plus connu sous le nom de «Yahia Abou Haïtham», émir de la 2e région, constituée par Alger et Boumerdès, de sélectionner de nouveaux terroristes parmi ceux qui ont été amnistiés, parmi les frères des terroristes abattus ainsi que d'autres personnes inconnues des services de sécurité en vue de les recruter dans les rangs du Gspc. Le document de la Dgsn, envoyé à tous les commissariats de police de la capitale, précise que les éléments nouveaux que l'émir national de l'organisation terroriste (Gspc) a demandé de sélectionner «seront chargés d'opérations, d'explosions contrôlées à distance, à l'aide de téléphones portables, et de rackets». Selon le document, les terroristes ont reçu des instructions pour se déplacer dans la région de Khemis El Khechna, à la suite de chaque opération terroriste, et rejoindre la sériât «Les Soldats d'El Ahoual», activant sous le commandement de Chaouch Omar alias Abou Khaled. La mission liée aux sélections et à la coordination entre les escadrilles a été attribuée au chef de la sériat. Le document indique en outre que l'émir Abou Moussâab a créé une nouvelle formation, appelée sériât «El Hourra», activant à Alger et ses environs, en plus de trois autres sériâtes. Le redéploiement de l'organisation se vérifie ces derniers jours par une poussée de la violence jamais atteinte depuis plusieurs mois. Assassinats de repentis à Zemmouri et à El Oued, attaques contre des citoyens suspectés et bombes au passage des forces de l'ordre. Le dernier massacre de Bouarfa, dans lequel quatre citoyens ont été massacrés, pose problème au sens où ce village situé en contrebas de la Mitidja a toujours été considéré par le passé comme une zone d'activité du GIA. Si c'est ce groupe qui a perpétré les assassinats, il s'agit alors d'un retour dangereux d'un Gia crépusculaire et qu'on a hativement enterré. Et si c'est le fait du Gspc, c'est alors une dérive dangereuse d'une organisation qui a de tout temps privilégié les attaques ciblées en essayant de ne pas toucher directement les populations civiles. Dans les deux cas de figure, nous voilà face à des développements significatifs qui vont mettre sur le qui-vive les services de sécurité.
