Ils ne constituent pas un conglomérat, mais cela ne les a pas empêchés de resserrer leurs rangs pour dire «non» au référendum du 1er novembre prochain portant révision constitutionnelle. Les partis islamistes semblent avoir un accord tacite de rejeter le projet de la Loi fondamentale. Une alliance de circonstance contre le «courant laïc» qui serait le concepteur de ce texte de loi, comme ils l'affirment. Le Mouvement de la société pour la paix (MSP) de Abderrezak Makri a été le premier à appeler à aller voter «non» le 1er novembre prochain avant d'être suivi, en cette fin de semaine, par le Front de la justice et du développement (FJD) et d'Ennahda. Abderrezak Makri a été le premier à crier au scandale en affirmant que «le projet de la révision constitutionnelle reflèterait l'orientation laïque de ses rédacteurs». «Il faut voter ‘‘non'' pour rejeter le courant laïque. Ce projet ne reflète pas l'orientation badissia-novembaria»», avait-il lancé à ses partisans. Le chef du MSP qui espérait «la consécration de la chari'a comme une des sources de la loi» et «la prohibition du français dans les administrations et institutions publiques», a donné le «la» au courant islamiste dont les mem-bres, un à un, annoncent leur participation massive au référendum pour faire avorter le projet de loi. Sans surprise donc, le conseil consultatif du Front de la justice et du développement (FJD) de Abdallah Djaballah, réuni vendredi dernier, a annoncé son rejet du projet de révision constitutionnelle, en appelant le peuple algérien à voter «non». Djaballah a également estimé que ce projet n'est pas «consensuel» et qu'il ne répond nullement aux aspirations du peuple, exprimées le 22 février 2019. Abondant dans le même sens que Makri, le président de El-Adala va également accuser les rédacteurs du texte d'appartenir au courant laïc. «C'est une laïcité à la française, qui est extrémiste», a déclaré Abdallah Djaballah, affirmant que cette Constitution «menace l'unité nationale» pour la simple raison qu'elle prévoit «deux langues officielles (arabe et tamazight) alors que dans tous les pays du monde, il y a une seule langue». Le mouvement Ennahda et par la voix de son secrétaire général, Yazid Benaïcha, a commencé par appeler les citoyens à participer en force au référendum sur l'amendement de la Constitution et ce «afin de consacrer une véritable démocratie pour l'édification de l'Algérie nouvelle». S'exprimant lors des travaux de la session extraordinaire de majliss echoura (conseil consultatif) du Mouvement, le secrétaire général qui a estimé que la nouvelle Constitution doit être «un véritable pacte, à même de concrétiser la concordance nationale et rebâtir la confiance entre tous les enfants de la société, telle que voulue par le Hirak populaire pacifique», a appelé les citoyens à une participation massive pour dire leur «non» au projet de la Constitution qui est loin de concrétiser la volonté populaire. Benaïcha n'a pas manqué d'exprimer plusieurs réserves concernant certains amendements, notamment à ce qui a trait au préambule, à la séparation des pouvoirs et au rôle des associations, mais a expliqué le rejet du projet référendaire par son refus du cheminement adopté, notamment son passage devant une APN illégitime et l'exclusion de la classe politique dans la conception de la nouvelle Constitution, ce qui a donné un texte «non consensuel qui n'exprime pas la volonté de la majorité, mais consacre le choix d'une minorité». Et à bien voir donc, l'ensemble des partis politiques d'obédience islamiste a décidé non pas de rejeter le processus de révision constitutionnelle, mais le contenu qu'il ne trouve pas suffisamment orienté pour le fondement d'un Etat théocratique. Makri veut imposer la chari'a alors que Abdallah Djaballah refuse d'accepter la langue maternelle des Algériens comme langue officielle. Pourtant, cette question est tranchée depuis 2016. Mais leur choix d'appeler à une participation massive relève d'un calcul bien réfléchi. Ces derniers cherchent à s'approprier tous les «non» qui s'exprimeront le 1er novembre prochain et à faire croire qu'il s'agira là de leur poids dans la société. En s'attaquant à la Constitution et à ses rédacteurs en les qualifiant de laïc le courant islamiste espère aussi aguicher les adeptes de la nouvelle «badissia-novembaria», afin de faire le plein lors des prochaines législatives et locales.