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Le geste qui «libère»
SUICIDE ORANIE
Publié dans L'Expression le 06 - 04 - 2006

Souad parle avec une voix presque inaudible. Elle garde pour toujours les séquelles d'un acte désespéré, commis un certain 4 août 2005, en tentant de se donner la mort.
Souad avait ingurgité une importante quantité de produits détergents. Sauvée in extremis par sa famille, les médecins de l'hôpital d'Oran avaient réussi à pratiquer un lavement et après plusieurs jours, «ballottée» entre la vie et la mort, cette jeune fille de 24 ans a été définitivement sauvée. Presque une année après sa tentative de suicide, Souad n'a plus goût à la vie. Elle supporte mal la «compassion» des autres, leurs regards, surtout des siens, des membres de sa famille, qui n'ont même pas cherché à savoir les causes qui l'ont poussée à accomplir ce geste. Un secret qu'elle tait et une blessure béante qui refuse de se cicatriser.
Le cas de Souad n'est pas singulier. La presse oranaise fait écho presque chaque matin, de cas de tentatives de suicide ou de suicides enregistrés dans toutes les localités de la wilaya. Les services des Urgences médico-chirurgicales (UMC) et de la médecine légale sont «habitués» à recevoir régulièrement des hommes et des femmes, dans un état physique et psychologique lamentable qu'il faudrait prendre en charge médicalement d'abord. Le soutien psychologique est une autre affaire...
Le suicide à Oran est un véritable problème de société. Pour la seule année 2005, le service de la médecine légale a procédé à l'autopsie de 25 dépouilles de suicidés, soit une moyenne de deux cas mensuellement.
Le professeur Ahmed Réda Hakem, responsable de ce service au CHU d'Oran, est catégorique: «C'est une véritable hécatombe!», déplore-t-il, lorsqu'on l'interroge sur les cas qu'il reçoit régulièrement. «Toutes les couches de la société et toutes les tranches d'âge sont concernées par ce phénomène, même s'il y a une prédominance des moins de 30 ans», explique-t-il. En effet, les statistiques disponibles au niveau de ce service indiquent que sur les 25 cas de suicides, 20 victimes sont âgées de 18 à 30 ans. 12 sont des jeunes femmes. Si les suicidés sont dirigés vers le service du Professeur Hakem, ceux qui ont raté leur entreprise sont pris en charge dans les locaux des UMC, presque dans l'indifférence la plus totale de leurs familles. «Le père ou le frère aîné se contente d'évacuer le jeune frère ou la soeur qui a tenté de mettre fin à sa vie et puis il disparaît. Certains malades sont contraints de quitter l'hôpital par leurs propres moyens, alors que c'est à ce moment-là qu'ils ont le plus de besoin des leurs», fait remarquer un urgentiste. La situation est encore plus dramatique, quand des familles ne réclament même pas les corps. Ils sont anonymement inhumés par l'hôpital.
Les cas de tentatives de suicide ne cessent de grimper en Oran. Pour le seul premier trimestre de l'année en cours, 145 tentatives ont été enregistrées et traitées médicalement. «La seule prise en charge d'un médecin ne suffit pas car, à leur sortie, beaucoup de victimes gardent des séquelles irréversibles. Certains meurent peu de temps après. Les autres, faute d'un suivi psychologique et d'un soutien familial, récidivent ou se laissent mourir dans l'indifférence la plus totale», souligne un praticien de la médecine légale. Pour ce même trimestre, le service de médecine légale a «reçu» une vingtaine de dépouilles de suicidés dont six ont été autopsiés et la cause de leur mort déterminée. Là également, la pendaison et l'absorption de produits caustiques et autres sont à l'origine de leur décès.
Tous les moyens s'avèrent bons pour mettre un terme à une vie tumultueuse et pénible. Les hommes préfèrent la pendaison ou se jeter d'une falaise ou d'un pont. Ils étaient 14 à recourir à ce «procédé» en 2005. Les femmes, par contre, recourent aux produits caustiques, médicamenteux et pesticides pour se suicider. Au total, elles étaient 11 dans ce cas et pour la même année.
Oran vit les mêmes problèmes que les grands centres urbains du territoire national: exode rural, chômage, paupérisation de larges franges de la société, cherté de la vie.
A ces facteurs socio-économiques, s'ajoutent les drames individuels dus à l'éclatement de la cellule familiale, à l'échec scolaire, aux déceptions sentimentales, mariages forcés, à l'absence de communication parents-enfants, à la transgression de certains tabous - relations illégitimes, grossesses involontaires et à bien d'autres causes qui méritent, il est grand temps, d'être abordées et cernées par des praticiens de toutes les spécialités, psychologues, sociologues, psychiatres, psychanalystes, pédagogues, médias etc.
Incontestablement, un acte de suicide, au-delà de son côté tragique et dramatique, est surtout une alerte, un signe de malvie, de malaise et un cri de détresse, parfois fatal, lancé à une société en perte de repères et qui s'adapte tant bien que mal aux mutations profondes qu'elle connaît. Là est tout le drame....


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