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L´Afrique perd ses neurones
Publié dans L'Expression le 06 - 04 - 2006

"Les hommes politiques s´accrochent aux chiffres comme les ivrognes s´accrochent à leur réverbère." George Bernard Shaw
Alger abrite depuis trois jours deux conférences qui concernent l´Afrique ; l´une à l´initiative de la Cnuced concernant les investissements dans l´énergie, l´autre concernant l´émigration. Nous allons montrer que dans les deux cas, on s´intéresse aux conséquences plutôt que de s´intéresser aux causes. La méthode Coué a plus que jamais un avenir en Afrique.
80% des ressources énergétiques sont dans les "PVD" et 20% dans pays industrialisés. Pour la consommation de cette énergie, chiffres exactement inverses; 80%: pays industrialisés, 20%: PVD. Le Sud n´est pas UN (à commencer au Nord avec ses "Quarts-mondes") ; Rappelons-nous la source du besoin humain énergétique fondamental (habitués à obtenir de la lumière en actionnant un interrupteur, de l´essence en prenant un tuyau, de l´eau en ouvrant un robinet et de l´argent en enfilant une carte !). En Afrique, plus de deux tiers des personnes n´ont pas accès à l´électricité. Selon la Banque mondiale, en 1998, environ la moitié de la population africaine avait un revenu moyen inférieur à un dollar par jour. La pauvreté dans l´Afrique subsaharienne est particulièrement grave dans les zones rurales, où à peu près 70% de tous les Africains vivent et où la pauvreté touche de plus de 50 à 77% de la population.
Le revenu brut national en Afrique était estimé à 643 millions de dollars US en 2002, le plus bas du monde. Les revenus nationaux dans l´Afrique subsaharienne sont sensiblement inférieurs à ceux de l´Afrique du Nord et du Sud. Si l´on enlève les pays d´Afrique du Nord, le PIB estimé par habitant descend de 677 millions à 492 millions de dollars US (en 1999).
Et si l´on enlève l´Afrique du Sud, le PIB chute à 306 millions de dollars US. Ce niveau de revenu par habitant indique généralement les plus faibles niveaux de développement humain. 27 des pays figurant en fin de classement de l´Indice de développement humain de l´ONU en 2002 sont situés en Afrique. Dernière information: les 800 personnes les plus riches du monde ont un revenu supérieur aux 800 millions d´Africains. Bill Gates caracole en tête avec une fortune de plus de 50 milliards de dollars.
La plupart des pays exportateurs ou importateurs sont caractérisés par des déficits de gouvernance en matière de politique et d´économie. On peut penser qu´il existe une corrélation négative entre le pétrole et la gouvernance.
L´Afrique intéresse le monde occidental et les compagnies pétrolières. Les manquements à l´éthique ne résistent pas à l´appât du gain. Les compagnies pétrolières occidentales sont plus présentes que jamais, elles sont rejointes naturellement par de nouvelles compagnies chinoises, indiennes qui n´ont fait que suivre les anciennes compagnies dans leur façon de " faire ". Dans ces conditions, il est utopique de penser à une politique énergétique commune tant il est vrai que les décisions sont prises ailleurs et de plus en plus dans les conseils d´administration des multinationales avec, on l´aura compris, la bénédiction des pays occidentaux.
La défaite de l´intelligence en Afrique
Les experts d´une cinquantaine de pays africains, nous dit-on, planchent, depuis hier à Alger, sur la thématique de la migration et le développement, en présence du président de la commission de l´Union africaine (UA), M.Alpha Oumar Konaré. Pour le ministre algérien des Affaires étrangères, la situation vécue par les pays en développement est un drame. Les catastrophes naturelles, les exodes vers les centres urbains, le chômage, la pauvreté, l´instabilité politique, la mauvaise gouvernance et les conflits armés restent des sources génératrices de flux intarissables de personnes vouées au déracinement.
Le continent africain compte 17 millions de migrants, soit 2% de la population totale. Les migrants africains représentaient, en 2002, près de 5% des populations étrangères vivant dans l´ensemble des pays de l´OCDE. Ils sont près de 4 millions de diplômés universitaires à s´installer en Europe et presque autant dans le reste du monde. Par année, ces exodes drainent près de 80.000 personnes dont 23.000 diplômés universitaires qui sont encouragés par "des politiques sélectives d´admission des migrants couvertes parfois par les vocables de migration choisie par un nombre croissant de pays développés", a commenté le chef de la diplomatie algérienne. Outre le fait que les pays en développement soient saignés de leurs compétences, ceux qui les accueillent font des économies substantielles puisque, selon les chiffres de la Cnuced, chaque diplômé accueilli équivaut à une économie minimale de 184.000 dollars. Mais "la pauvreté et l´exil ne sont pas une fatalité que les pays africains doivent subir éternellement". "La perspective, annonce le ministre, se dessine, pour l´orateur, sous l´angle de l´unification de la position africaine à développer avec les partenaires du dialogue autour de la problématique.
M.Alpha Oumar Konaré a, pour sa part, parlé de "traite des cerveaux" qui pénalise ses efforts de développement, en dénonçant les politiques d´"immigration sélective" des pays développés. "De façon unilatérale, on décide de piller, de pomper les pays africains de leurs cerveaux. Chaque année, plus de 25.000 diplômés, dans tous les domaines, partent de l´Afrique", a déclaré M.Konaré. Il a comparé cette nouvelle "traite des cerveaux" à celle des esclaves africains aux 17e et 18e siècles. "Nous ne sommes pas contre la circulation (des personnes), qui est en soi quelque chose d´enrichissant, mais la réalité, aujourd´hui, c´est que l´Afrique, jadis privée de bras, est maintenant privée de cerveaux", a-t-il ajouté. Konaré relèvera que l´Afrique fait appel actuellement à des milliers de coopérants étrangers, dans les domaines concernés par cette fuite des cerveaux, ce qui coûte au continent "plus de 4 milliards de dollars annuellement".
Quelle est la solution? D´abord il faut tordre le cou encore une fois à la théorie du complot: accuser les autres de notre gabegie et de notre incompétence. Pourquoi les jeunes diplômés fuient leur pays? Au-delà du nationalisme, par ces temps de mondialisation, les diplômés constituent ce qu´on appelle le "body-shopping". Pour l´histoire, les pays occidentaux ont éliminé durant les guerres coloniales, les fines fleurs des pays "cibles", ils ont exploité les matières premières de ces pays. Après avoir aussi obligé les indigènes à servir de chair à canon et ensuite utilisé leur force pour la reconstruction après la Seconde Guerre mondiale, ils s´en débarrassent dans le contexte des années soixante des décolonisations bâclées, en laissant les pays exsangues sur le plan économique, culturel et scientifique. La phase actuelle est caractérisée par le pillage de la matière grise de l´Afrique.
Naturellement, pour continuer à les exploiter à distance, ils adoubent des dirigeants les plus retors qui déclarent la guerre à leurs élites, et à l´intelligence en général. On l´aura compris, les protestations du bout des lèvres des pays occidentaux contre le manque de démocratie, la confiscation des libertés, le refus de l´alternance, la corruption et le népotisme ne résistent pas à des contrats juteux. Ne dit-on pas à titre d´exemple, de Ben Ali qu´il est éclairé? que le "roi d´Egypte "est pondéré. Parce qu´il bride pour le compte des Occidentaux les sensibilités islamiques du pays.
Immigration choisie
Il vient que tout naturellement dans les pays africains (exception faite de quelques-uns) l´atmosphère est lourde, la chape de plomb donne aux Jeunes que le chaos durera mille ans. L´existence humaine étant éphémère, ceux qui ont les capacités intellectuelles fuient. A titre d´exemple, en réformant pour la énième fois, la loi sur le droit d´asile, le gouvernement français affirme qu´il veut "en finir avec l´immigration subie et opter pour l´immigration choisie".
Le texte propose aussi le titre de séjour "compétences et talents". D´une durée de validité de 3 ans, il sera attribué aux personnes "qui contribuent au rayonnement de la France".
L´émigration choisie est une réalité, tous les Sarkozy européens luttent avec un zèle de bénédictin pour traquer le basané, coupable de "délit de faciès", ils seront mis en rétention puis "chartérisés" selon l´expression d´une première ministre de gauche en France. Le destin des harragua africains aurait dû constituer un axe majeur du débat sur l´émigration. Au contraire, et à l´instar de la Maurétanie, les pays africains seront amenés à faire les "gardes-chiourme" pour le compte de l´Europe, qui viendra expertiser sur place les "esclaves" dont elle a besoin. C´est une honte.
Faire dans le politiquement correct est une chose, s´occuper du destin de milliers, voire de millions de jeunes Africains est un combat au quotidien que ne peuvent mener que les dirigeants "éclairés" avec la bénédiction de leur peuple. Il y a un destin pour l´Afrique en dehors des miettes de l´APD distribuées à doses homéopathiques en fonction des allégeances à tel ou tel pays occidental.
On ne peut qu´être sceptique quant aux "solutions miracles" préconisées dans des conférences et forums sans lendemain. On prête à Jacques Chirac ces propos : "Les promesses n´engagent que celles et ceux qui y croient". Il est bien connu que les Africains sont de grands enfants qui ne demandent qu´à croire en de nouveaux messies. Quand viendront-ils pour leur rendre leur dignité ? La question reste posée.


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