Très critique de la décision de l'ex-président américain Donald Trump de reconnaître la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, une «erreur» avait-il insisté dès le lendemain, l'ancien Conseiller à la sécurité nationale des Etats-Unis, John Bolton, a affirmé, lors d'une intervention au Centre algérien de diplomatie économique (CADE), que «l'administration Trump a provoqué par-là même plus de tension et de danger en Afrique du Nord et au Sahel, au moment où nous devrions essayer de résoudre la question et de ramener la stabilité». Celui qui a contribué à la rédaction de la résolution du Conseil de sécurité, en 1991, par laquelle est née la mission de l'ONU pour l'organisation du référendum au Sahara occidental (Minurso), martèle, sans cesse, que le but réel de cette mission n'était pas simplement de surveiller le cessez-le-feu entre le Polisario et le Maroc mais, d'abord et surtout, d'organiser le référendum d'autodétermination du Sahara occidental. L'ancien ambassadeur américain à l'ONU rappelle, à ce titre, que la communauté internationale, à cette époque, considérait que l'organisation du référendum d'autodétermination du Sahara occidental ne présentait pas de difficulté particulière. Et il avance, à cet égard, le fait que le recensement de la population sahraoui était disponible au niveau de l'Espagne et qu'il pouvait servir de base à l'élaboration de la liste des électeurs en 1992. Or, s'indigne Bolton, déjà à cette date, le Maroc usait de tous les moyens licites et illicites pour entraver les efforts de la Minurso en vue de valider les recensements espagnols pour établir un listing des électeurs sahraouis appelés à se prononcer lors du référendum. Voilà pourquoi le processus qui avait été enclenché quelques mois à peine après la mise en place de la Minurso a succombé aux manoeuvres sournoises du royaume marocain qui a réussi à poursuivre ses méfaits «jusqu'à aujourd'hui». Revenu sur le dossier en 1997, afin de seconder l'envoyé spécial de l'ONU, James Baker, John Bolton témoigne combien l'émissaire onusien et ancien secrétaire d'Etat américain «a travaillé très dur pour réaliser les accords de Houston» par lesquels le Maroc s'engageait de nouveau, mais non sans une ambiguïté pernicieuse, à organiser un référendum dont a aussitôt entrepris le sabordage continuel. A travers les efforts de James Baker et les siens, Bolton qui a réintégré l'administration George W. Bush, a eu l'opportunité de relever les entraves et les coups tordus du royaume marocain pour empêcher l'émissaire de l'ONU de mener à bien sa mission. Pourtant, note-t-il, la tenue d'un référendum libre et juste et le retour des réfugiés sahraouis dans leur pays constituent bien «la politique américaine de base» sur ce dossier et jamais il n'a été question d'une quelconque reconnaissance de la prétendue marocanité du territoire sahraoui. «Comme nous le croyons, la souveraineté vient du peuple et le peuple du Sahara occidental aurait dû avoir l'opportunité de décider par lui-même de ce qu'il voulait être» constate John Bolton avant de conclure que «tout cela est un exemple de près de 30 ans d'incapacité de l'ONU à faire quelque chose que tout le monde avait accepté en 1991». Un brin d'espoir, selon lui, avec l'administration Biden qui va se pencher sur le dossier: «Je pense que c'est très important, je suppose que l'Algérie est en contact avec le département d'Etat et d'autres membres de l'administration Biden qui travaillent là-dessus», au moment où la majorité des pays mem-bres de l'Union africaine condamne fermement l'aventure coloniale du Maroc et sa tentative d'aggravation de la crise au niveau régional.