Le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, a reçu, hier, l'ambassadeur chinois. Le ministre de l'Industrie pharmaceutique et le DG de l'institut Pasteur d'Alger ont assisté à cette rencontre qui avait pour principal objet, on le devine aisément, la possibilité d'acquérir le vaccin chinois. Le communiqué du Premier ministère annonçant cette rencontre n'en dit pas plus, mais l'on peut supposer que la démarche de Djerad entre dans le cadre d'un déploiement tous azimuts du gouvernements afin d'assurer une disponibilité de vaccins en nombre suffisant pour réussir la campagne vaccinale. Il faut dire qu'en l'état actuel des choses, l'Algérie est encore très loin de son objectif. Avec les 100 000 doses en phase d'inoculation depuis samedi dernier et les 450 000 autres attendus en plusieurs cargaisons, le pays n'est pas en mesure d'atteindre son objectif de vacciner l'ensemble de la population cible d'ici à la fin de l'année. Les arrivages doivent être réguliers et les quantités autrement plus importantes pour être au rendez-vous d'une véritable campagne de vaccination, à même de garantir, à terme, la fameuse immunité collective. L'heure est au déploiement diplomatique auprès des Nations amies pour se fournir en vaccins et pourquoi pas le produire localement. L'Exécutif travaille sur les deux tableaux, en ce sens qu'il multiplie les contacts avec les laboratoires à l'origine de ces vaccins et discute avec les autorités des pays où ils sont fabriqués. La rencontre d'hier poursuit peut-être le double objectif d'achat du vaccin chinois et sa production en Algérie. Cette seconde perspective, visiblement en voie d'être matérialisée pour ce qui concerne le Sputnik V, ne peut se réaliser que dans plusieurs mois, selon les professionnels de l'industrie pharmaceutique, même si au gouvernement, on avance un délai beaucoup plus court de quelques semaines seulement. Mais en attendant une issue «heureuse» aux négociations algéro-russes en cours, l'approvisionnement en vaccins s'impose comme une démarche incontournable pour éviter une rupture de la campagne de vaccination en raison de l'indisponibilité de vaccins. Aussi, le Premier ministre n'est pas au bout de ses peines. Comme cela a été le cas avec le vaccin russe, où l'Algérie a bénéficié d'un «traitement préférentiel», elle devra réussir son opération de charme auprès de Pékin pour l'acquisition rapide d'une cargaison de Sinophame dans les délais les plus brefs possibles. Au plan strictement sanitaire et pour mettre la population à l'abri d'autres vagues de la Covid-19, l'Algérie doit mobiliser quelques 40 millions de doses. Un simple calcul amène à conclure toute la difficulté de la tâche, à moins d'une production locale et pas seulement du Sputnik V ou du vaccin du laboratoire chinois Sinopharm. En ces temps de pénurie mondiale de vaccin, une réelle opportunité s'ouvre devant l'industrie pharmaceutique nationale. Disposant de nombreuses unités stériles pouvant produire les vaccins, les opérateurs nationaux doivent profiter de la «fenêtre de tir» qui s'offre à eux pour se positionner en producteurs pour une bonne partie des pays africains. L'enjeu n'est pas seulement sanitaire, il est aussi économique pour les entreprises et géostratégique pour les Etats. Dans cet épisode vaccinal, l'Algérie a les moyens économiques et stratégiques pour réaliser un formidable bond en avant et sortir par le haut de la crise sanitaire. Le président de la République pousse certainement à cette finalité. Le Premier ministre semble lui aussi y croire...