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«La musique classique, c'est notre mémoire»
RENCONTRE AVEC SID-AHMED SERRI
Publié dans L'Expression le 04 - 05 - 2006

C'est avec le coeur d'un grand maître, et des signes de joie et de plaisir tracés sur son visage que Sid Ahmed Serri, nous a accueillis dans sa maison. C'était une grande occasion pour nous de découvrir davantage ce monument de la musique classique algérienne. Il nous parle dans cette rencontre de la musique classique algérienne, de la Fédération nationale de cette musique créée récemment, ainsi que sur le travail associatif musical...
Sid Ahmed Serri, ce nom vous dit quelque chose? Pour les amateurs de la musique classique algérienne, la réponse est, bien évidemment, oui. Son nom et ce genre musical sont collés l'un à l'autre, comme les deux faces de la même médaille. Ainsi, Sid Ahmed est actuellement l'un des véritables trésors de ce patrimoine musical algérien. Il a tout fait et tout donné à cette poésie arabe. Ce grand maître de la musique classique a traversé un itinéraire très long dans ce domaine pour arriver à se faire un nom. Elève, chanteur, chef d'orchestre, professeur et pédagogue de plusieurs générations, Sid Ahmed Serri, est incontestablement le grand maître de la musique andalouse. Né en 1926 à la Casbah, qui l'a vu grandir dans un milieu familial artistique, Sid Ahmed Serri a rejoint l'école de musique à l'âge de 20 ans. Au début, c'était juste pour le plaisir de jouer, pas pour en faire une carrière. Mais le destin en a décidé autrement. Sans se rendre compte, avec le temps, il n'a pas pu s'en passer. C'est à partir de cet âge-là que son histoire d'amour avec la musique, est née. Son histoire avec la musique ressemble, à peu près, à celle d'un couple qui s'est engagé amicalement pour se retrouver ensuite «effondré» dans les profondeurs de l'amour. D'ailleurs on dit souvent que, dans la vie, il y a ceux qui choisissent leur profession, et il y a ceux qui sont choisis par leur profession, et cheikh Serri, figure, ainsi, dans cette deuxième catégorie. «Au début, j'étais bien parti pour entamer une autre carrière professionnelle, outre la musique. Car cet art, c'était au début, juste pour le plaisir de chanter. Je n'ai jamais pensé en faire une carrière artistique, mais le destin en a voulu autrement», déclare-t-il. Ainsi, il s'inscrit à l'association El Andaloussia en 1945, puis El Hayet durant les années 1945 et 1946. Au milieu de cette dernière année, il s'est inscrit à l'association El Djazaïria et plus exactement en juillet 1946. Deux ans plus tard, soit en 1948, sa carrière artistique a pris une autre tournure pour la simple raison que c'était l'année où il a côtoyé et travaillé sous la conduite d'un grand maître, Mohamed Fekhardji. «Outre son statut de grand maître et d'ami ensuite, il était aussi un modèle pour moi», témoigne notre artiste. Quelque temps plus tard, la musique circulait dans ses veines comme le sang. Il ne pouvait pas vivre sans elle. «La musique est ma passion», déclare-t-il. A partir de là, le spécialiste de la nouba commençait à se battre et en s'adonnant à fond à cette musique «Vu le manque de salles pour effectuer les répétitions, je me rappelle qu'on faisait cela dans des caves», se souvient-il. Après avoir acquis une certaine expérience dans ce milieu, en 1952, il continua d'assurer la formation et l'encadrement au sein de l'association El Moussilia qu'il a quittée en 1988 pour rejoindre l'association Thaâlibia. «Je me rappelle, là aussi, quand j'ai quitté El Moussilia en 1988, pour les mêmes raisons, par manque de salles, mes anciens élèves me disaient: Cheikh, si vous quittez, nous allons tous vous emboîter le pas. Et on vous suivra, où vous irez». Après une riche carrière de chanteur et de formateur, le cheikh garde toujours un oeil attentif sur ce patrimoine.
La nécessité de sauvegarder cette musique.
Cet homme qui s'est toujours battu pour cette musique, continue son combat même à l'âge de 80 ans. Ayant conscience de la situation amère que traverse cette musique classique, le cheikh lance un «SOS» afin de sauvegarder cet art. A cet effet, Sid Ahmed Serri, faut-il le rappeler, est l'un des initiateurs de la création de la Fédération nationale de la musique classique algérienne, regroupant, entre autres, 53 associations. «Notre préoccupation première est la sauvegarde de notre patrimoine culturel. Alors, à l'occasion du séminaire qui a été organisé dans la wilaya de Tipaza sur la musique classique, on s'est dit pourquoi ne pas créer une fédération qui puisse réunir toutes les associations. Car, arriver à unir toutes les associations et les anciens musiciens est déjà un acquis en soi.» Ainsi, ladite fédération constitue, à son avis, un carrefour pour toutes les associations. «Cette fédération constitue en quelque sorte, un lieu de rencontre et un cadre bien organisé pour tous les musiciens, notamment pour rapprocher et faciliter le contact entre l'ancienne et la nouvelle génération de jeunes, afin de réussir à assurer la survie de cette culture...» déclare-t-il avec espoir. Mais, qui est concerné par cette préservation? A cette question que nous lui avons posée, il répond: «Il y a d'abord les pouvoirs publics qui sont responsables de cela.» Comment? «Il faut, répond-il encore, aider ces associations. Ce sont d'abord elles qui travaillent pour cette préservation. Il faut leur donner des sièges et les aider avec tous les moyens possibles, on ne demande pas la lune». Dans le même sens, il souligne toutefois, que la transcription et la transmission orale de cette culture ne suffisent pas, et qu'il faut, selon lui, plutôt procéder à l'enregistrement carrément de ce patrimoine tout entier. «Nous avons perdu trop de mémoires, et nous risquons d'en perdre encore. Car chaque maître qui s'en va, emporte avec lui un savoir sur cette musique. C'est pour cela qu'il faut passer à l'enregistrement de cette musique tout entière et avec les moyens techniques modernes, avant que ce ne soit encore trop tard». C'est dans ce cadre, donc, que cette fédération a été créée. Elle s'occupe des problèmes des associations, de la formation des jeunes dans un cadre bien structuré, en organisant des rencontres et des séminaires. «Je cite, à titre d'exemple, les associations activant dans la wilaya de Constantine: aucune d'entre elles ne dispose de son propre siège, cela est vraiment très grave...», s'étonne-t-il. A part l'activité des associations qui disposent de moyens très minimes, que faut-il faire, pour sauver ce qui peut l'être? A cette question, il répond: «Certes, compter seulement sur les associations est une erreur, il y a des choses qu'on peut faire en dehors de ce cadre associatif. Car, il est vrai que celles-ci sont d'un grand apport, mais cela ne va pas durer. Donc, il faut construire des écoles et des conservatoires de musique».
La construction et la création des écoles et des conservatoires de musique, nous a poussé à demander au cheikh de nous parler de l'apport des pouvoirs publics pour cet art. Pour lui, le problème est plus politique et l'Algérie ne s'intéressait pas vraiment au domaine de la culture. «Après l'Indépendance, répond-il, l'Algérie s'est engagée dans la construction du pays. Puis elle s'est intéressée à l'industrie pour que nous soyons moins indépendants de l'étranger. On s'est dit, qu'on avait toujours le temps pour penser à la culture. Voilà, 44 ans après l'Indépendance, on se retrouve toujours au point de départ.» et d'ajouter: «Un pays qui n'a pas de culture, ne pourra pas survivre».
Il faut créer les écoles historique sur le mouvement associatif musical algérois.
En effet, selon Sid Ahmed Serri, durant l'ère coloniale, la musique traditionnelle était réservée à la culture de l'occupant. Profitant de la promulgation de la loi du 1er juillet 1901 sur les associations, le musicien, Yafil Edmon Nathan, d'origine juive, a procédé à la création, en 1911, de l'association El Moutribia, présidée à partir de 1924 par le défunt Mahieddine Bachtarzi. La réussite de cette association était un modèle et un exemple pour quelques amateurs de l'andalou, désirant créer d'autres associations. C'est dans ce contexte qu'a été fondée en 1927 l'association El Moussilia, dont l'enseignement a été confié à Mouzino, en sa qualité d'héritier de Sfindja. Deux années plus tard, soit en 1929, une autre association, El Andaloussia, sera créée par une communauté composée dans sa majorité de juifs. Cette association n'a pas trop survécu. Elle disparaîtra au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
En 1930, un groupe d'Algériens, créa El Djazaïria, connue actuellement sous le nom El Djazaïria- El Moussilia.
La présidence et la direction artistique ont été confiées à Mohamed Ben Teffahi. La création de ladite association a eu un impact sur l'apparition de nouvelles associations, à l'instar de le refondation de l'association El Moussilia en 1932, El Mizhar El Djazaïri en 1937, El Onchida la même année et El Hayat en 1938.
Il faut le souligner que pendant la Seconde Guerre mondiale, bon nombre d'associations ont cessé de travailler, à l'exception d'El Djazaïria qui continue toujours à activer. Ensuite beaucoup d'autre nouvelles associations ont été créées après la tenue du Festival national de la musique classique en 1966, 1968 et 1972, à l'image de l'association El Fakhardjia en 1981, El Sendoussia 1986, El Thaâlibia en 1988...etc Quoi que l'on dise et quoi que l'on écrive sur cette musique patrimoniale, même des pages et des pages ne suffiront jamais pour dire le minimum sur cet art dont les racines remontent à un passé lointain.


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