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Chronique de la lâcheté de l'Europe
LA LENTE AGONIE DU PEUPLE PALESTINIEN
Publié dans L'Expression le 11 - 05 - 2006

«Quand le peuple vote mal, il faut changer le peuple». Bertolt Brecht
Après les décisions iniques du Canada et des Etats-unis de rompre les liens avec le gouvernement palestinien et de ne plus le financer, cette position indigne de l'Europe révèle encore la politique de deux poid deux mesures qui la caractérise en ce qui concerne la Palestine.(1).
L'histoire de la punition infligée au peuple palestinien pour avoir mal voté -comprenons par là dans un sens qui ne répond pas au diktat israélien soutenu par les Etats-Unis et les Européens- remonte à l'inscription par l'Union européenne, le 2 avril 2004, du Hamas sur la liste des organisations terroristes. «Sans cette décision prise sous de fortes pressions américaines, on ne serait pas aujourd'hui dans cette situation ubuesque! Les Américains ont donné la liste et les Européens se sont exécutés», tonne Leïla Chahid, déléguée de la Palestine auprès de l'Union européenne. Décidée le 7 avril par la Commission européenne, entérinée le 10 avril par le Conseil des ministres des Affaires étrangères, la décision de supprimer l'aide au peuple palestinien provoque, depuis, un véritable imbroglio politique. Pendant ce temps, des troubles se développent dans les Territoires palestiniens où les salaires des 160.000 fonctionnaires et membres des services de sécurité n'ont pas été versés depuis trois mois.(2)
«Ça nous est tombé sur la tête comme un coup du ciel», déclare, furieuse, Véronique de Keyser, députée belge au Parlement européen et chef de mission des observateurs des élections en Palestine. J'ai évoqué la situation financière catastrophique dans les Territoires. Solana a dit: «On ne peut pas continuer avec le Hamas comme si rien ne s'était passé.» En fait, dès le 30 janvier 2006, l'Union européenne avait conclu que les relations ne pouvaient plus être les mêmes avec un gouvernement dirigé par le Hamas. Dans sa déclaration du 31 janvier, l'UE posait trois conditions au mouvement islamiste pour la poursuite de l'aide: reconnaissance d'Israël, arrêt du terrorisme et acceptation des accords internationaux liant l'Autorité palestinienne.
Une décision brutale
Le 7 avril, la Commission européenne décrétait la suspension de l'aide en des termes «brutaux», reconnaît Cristina Gallach porte-parole de Javier Solana Pourquoi la Commission a-t-elle pris cette décision? «Elle a été utilisée politiquement par les Etats-Unis qui, via la Grande-Bretagne, ont fait d'énormes pressions sur les commissaires», dit-on à Bruxelles. «Le dossier israélo-palestinien illustre parfaitement ce changement flagrant, analyse Leïla Chahid. Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et Israël ont compris qu'ils pouvaient faire pression sur les nouveaux pays entrants, pro-américains, et qui gardent une culpabilité énorme par rapport à leur passé envers la communauté juive. Résultat, le Conseil européen, composé des 25 pays membres de l'UE, est sous influence américaine.»
«Paris, ne s'y est pas opposé. La communauté internationale ne s'était pas préparée aux résultats des élections palestiniennes. Il n'empêche que vouloir la démocratie au Moyen-Orient et refuser les résultats de ces élections ou l'entourer de telles conditions que cela équivaut à les refuser, est une contradiction majeure. Nous sommes tous dans l'embarras. Mais, actuellement, aucun Européen ne veut de crise transatlantique sur ce sujet.» Personne ne veut s'afficher comme étant le premier à donner une certaine légitimité au Hamas.» L'Union européenne rend l'Etat hébreu responsable de la faillite économique des Territoires. Les Israéliens, collecteurs des taxes dues aux Palestiniens, puis les Occidentaux, ont brutalement interrompu leurs versements à la suite des élections législatives transparentes et démocratiques du 25 janvier. «Israël doit verser les 50 millions d'euros par mois à l'Autorité palestinienne,» «Le résultat, c'est qu'aujourd'hui on se retrouve liés par des mots dont on ne connaît pas exactement la portée juridique, poursuit le diplomate. Que signifie le fait de placer un mouvement sur cette liste? Est-ce à dire que l'on n'a plus de rapport financier, ni économique, ni politique? Que fait-on si le Hamas remplit implicitement ou explicitement une, voire deux des conditions posées par l'UE? Qui décide? Et comment? On sait comment faire entrer quelqu'un sur la liste, on ne sait pas comment l'en faire sortir!» «Et il ne faut pas compter que le Hamas soit rayé de sitôt de la liste, car c'est un moyen de pression politique», reconnaît volontiers Cristina Gallach. Pourtant, le Hamas ne respecte-t-il pas depuis plus d'un an la trêve avec Israël? (2)
Déjà à l'époque on avait reproché à l'Autorité Palestinienne de mal utiliser l'argent «généreusement octroyé» par l'Europe mais on n'a pas exigé réparation des dommages considérables infligés par l'armée d'occupation israélienne à des projets financés par l'Europe en Palestine. Ainsi encore, alors que l'on parle après le vote contesté de Loukachenko en Belarus, de sanctions contre des personnalités qui se verraient interdites de visas européens, des criminels de guerre israéliens se déplacent librement à l'intérieur de l'Europe. Alors que les assassinats de Palestiniens ont lieu tous les jours, que Gaza est régulièrement bombardée et que la famine y menace (4), que le déni du droit international éclate dans la construction par Israël du mur d'annexion ou des colonies, on pourrait ironiser si la situation n'était pas si grave, et demander à ces puissants de Bruxelles ou Washington de remettre les boeufs avant la charrue. A la remorque des Etats Unis, l'Europe -décidément Rumsfeld, avait raison de parler de vieille Europe, nous pourrions y ajouter aussi l'adjectif de sénile- exige du Hamas, une reconnaissance inconditionnelle d'Israël et l'arrêt de la violence. Mais nous sommes, en Palestine, devant une situation d'occupation militaire, dans un rapport de force disproportionné, où l'occupant nie la réalité de l'occupé et où la première violence est celle de l'occupation.
Les préalables du Hamas
Plusieurs mouvements de la résistance, dont le Hamas, avaient refusé les accords d'Oslo qui n'ont pas accouché de l'Etat palestinien et qui ont ouvert une période de «calme» qui a vu une intensification impressionnante de la colonisation. Ce que dit aujourd'hui le Hamas dans ses déclarations officielles c'est que si Israël reconnaît enfin les droits nationaux légitimes des Palestiniens et met fin à l'agression militaire contre le peuple, les négociations deviendront possibles, reconnaissant alors de facto Israël. Le Premier ministre -Hamas- a déclaré dans son discours d'investiture: «Nous, le Hamas, sommes favorables à la paix et à la fin du sang versé. Cela fait plus d'un an que nous observons une trêve unilatérale, sans réciprocité de la partie israélienne. Voici le message du Hamas et de l'Autorité palestinienne au monde : ne nous parlez plus de reconnaître ´´le droit à l'existence´´ d'Israël ou de mettre fin à la résistance tant que vous n'aurez pas obtenu d'Israël qu'il s'engage à se retirer de notre terre et à reconnaître nos droits»(5).
Pourquoi en effet exiger de la victime,
du «faible», de l'occupé, ce que l'on ne demande pas au responsable de la situation, l'occupant? Et c'est vrai que le Hamas n'a plus commis d'attentats depuis plus d'un an, en application de la trêve décidée par les mouvements de la résistance palestinienne, à la suite d'un accord avec le Président Abbas.
Le Hamas, maintenant aux affaires, et qui par cela même et son choix de l'action politique, a clairement montré une inflexion dans sa stratégie, a fait maintes déclarations dans ce sens. La proposition de trêve officieuse adressée aujourd'hui aux autorités israéliennes en témoigne. «Si vous mettez un terme à vos attaques, nous mettrons un terme aux opérations armées menées par la résistance palestinienne», a déclaré le Hamas. La lettre du ministre palestinien des Affaires étrangères à Kofi Annan le rappelait aussi le 5 avril: «Nous voulons notre liberté et notre indépendance côte à côte avec nos voisins et sommes prêts à discuter avec le Quartet». Or, au lieu de répondre à l'ouverture que fait la nouvelle direction palestinienne, l'Europe l'ostracise, la mène à la ruine [9], lui conforte des alliances qui permettront de la discréditer encore. On soude autour d'elle le peuple qui n'en peut plus de l'injustice de la communauté internationale, on affaiblit la résistance non violente dont l'ampleur apparaît dans la remarquable protestation contre le Mur d'annexion à Bi'lin, Budrus ou Aboud.(1)
Comme tous les services publics palestiniens, l'hôpital gouvernemental de Ramallah vit sur ses maigres réserves depuis le début du mois de mars, et ses 346 employés, comme les 150.000 fonctionnaires de l'Autorité palestinienne, n'ont pas été payés. Les étagères de la pharmacie de l'hôpital public de Ramallah sont encore fournies mais, ici ou là, des espaces vides témoignent de la précarité de la situation. «Il nous manque aujourd'hui une trentaine de produits, notamment des seringues, des canules, certains antibiotiques et des médicaments pour les dialysés», assure Oussama Al-Far, responsable de la gestion de la pharmacie.(3)
Que faut-il retenir sinon que l'Europe a perdu son âme dans ce drame silencieux à des milliers de kilomètres de l'opulent Occident. Pour avoir mal voté «démocratiquement», on punit un peuple tous les jours par l'impunité d'Israël et en l'affamant. Est-ce une démocratie qui plaît aux Américains et leurs valets européens que l'on veut infliger aux Palestiniens? L'histoire retiendra une fois de plus, l'ambiguité et l'hypocrisie de l'Occident qui exige d'être le seul producteur de sens et de décider du bien et du mal.


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