Il y a tout juste une semaine, les indépendantistes de la Nouvelle-Calédonie ont haussé le ton contre le gouvernement français qui a décidé la tenue immédiate du troisième et dernier référendum, prévu dans le cadre des accords de Matignon scellés par le Premier ministre Michel Rocard et le chef historique du FLN-KS (kanak socialiste) Jean-Marie Tjibaou (mort assassiné, avec son frère d'armes, Yeiwéné Yeiwéné, le 4 mai 1989), référendum initialement programmé en 2023. Les dirigeants de la coalition indépendantiste ont, alors, prévenu qu'ils refusent toute participation à ce référendum dont les résultats ne vont, en outre, les engager d'aucune manière. Quelques jours plus tard, c'est au tour de la Guadeloupe de s'enflammer, d'abord pour protester contre l'obligation vaccinale des soignants et des pompiers contre la pandémie de Covid-19, puis, la colère grondant, pour embrasser des revendications «sociales» qui alarment le gouvernement français. Le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, a déclaré, hier, qu'il est «prêt» à parler...d'autonomie. Un tabou se découvre, ainsi, brisé. Dans une allocution télévisée mise en ligne vendredi, il a assuré n'avoir, justement, «aucun tabou» et évoqué des discussions autour d'une autonomie devenue, ces jours derniers, un point focal des revendications. «Certains élus ont posé la question en creux de l'autonomie (de la Guadeloupe, ndlr), par rapport à son statut actuel de département-région d'outre-mer. D'après eux, la Guadeloupe pourrait mieux se gérer d'elle-même. Ils souhaitent moins d'égalité avec l'Hexagone, plus de liberté de décision par les décideurs locaux. Le gouvernement est prêt à en parler, il n'y a pas de mauvais débats, du moment que ces débats servent à résoudre les vrais problèmes du quotidien des Guadeloupéens », a argumenté le ministre tandis que Paris a décidé de surseoir, jusqu'au 31 décembre, à l'obligation vaccinale, dans le vain espoir de calmer les «mauvais» esprits guadeloupéens. Certains ministres y vont de leur sérénade, montant en épingle le besoin des outre-mer qui veulent plus de liberté (?) et ont droit au respect de leurs «spécificités» (sic). Cela n'est pas sans rappeler une démarche analogue de la colonisation en Algérie. Dans une première phase, il est dit que «l'Etat n'abandonnera pas ces territoires», une évidence parmi tant d'autres, et que, pour étayer sa bonne volonté face aux émeutiers, il va offrir 1000 emplois aidés pour les jeunes, appelés à seconder les collectivités ou les associations. Une réponse disproportionnée par rapport au drame que vit la population locale dont 34,9 est en-dessous du seuil de pauvreté, avec un taux de chômage de 19% par rapport à la population active. Chez les jeunes, le taux est de 35% contre 20% en moyenne «nationale». Autant dire que l'ambiance, dans les Dom-Tom, n'est plus à la rigolade et que le gouvernement français s'y retrouve dos au mur, cherchant comment apaiser les tensions et mettre fin aux violences qui durent depuis une semaine et qui ont même gagné la Martinique où les autorités locales viennent d'imposer le couvre-feu, dans l'espoir d'éviter le pire.