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«Français, mais profondément algérien!»
Zinedine Soualem, comédien, à L'Expression
Publié dans L'Expression le 14 - 12 - 2021

L'Expression: Quel sentiment avez-vous, aujourd'hui, après avoir vu ce film et accompagné surtout sa sortie en Algérie avec votre fille Lina Soualem?
Zinedine Soualem: Je suis très fier de ma fille et de ce qu'elle a entrepris, parce qu'au début, j'étais un peu dubitatif. Je lui disais: «Qu'est-ce que tu vas faire? Est-ce que cela va intéresser quelqu'un?» Comme c'était une histoire très personnelle, elle a réussi quand même à raconter une histoire universelle et en particulier pour nous les Algériens. Vous ne pouvez même pas imaginer ce que cela me fait, d'être ici à la Cinémathèque algérienne, avec ma mère et mes deux filles. C'est donc une grande fierté. Il faut comprendre que, quand on est né algérien, on reste algérien. Symboliquement, c'est aussi la première fois que je viens en Algérie avec ma mère. Je suis venu très peu en Algérie, en 1974 avec mon père et il y a une quinzaine d'années avec Cédric Clapisch pour présenter un film et là, je suis avec ma mère et mes deux filles et c'est comme un rêve. On est sur des nuages. On est chez nous. On vient présenter notre histoire, parce qu'il y a une histoire différente entre les iémigrés et celle de ceux qui sont restés ici, mais, au fond, nous sommes restés algériens au plus profond de nous -mêmes. La génération de mes filles, a peut-être, une autre perception, mais on est tous très contents d'être ici.
L'idée de la cassure est omniprésente dans votre famille, à l'image de ces exilés. Comment expliquez aussi la séparation de vos parents qui, eux aussi, ont été séparés de leur terre natale?
À un moment, ma mère se sentait trop oppressée et nous, par commodité, on a décidé que c'était mieux s'ils habitaient séparément. On comprend mieux les choses en voyant le film. Ma mère avait besoin d'un peu plus d'intimité entre guillemets, mais elle continuait à s'occuper de mon père comme une femme s'occupe de son mari. Elle lui faisait et lui ramenait à manger. Elle était tout le temps aux petits soins avec lui. C'est un peu compliqué à comprendre. Il n'y a que nous qui pouvons comprendre ça...
Lina Soualem parle de blessure enfouie, qui n'a pas encore cicatrisé, celle d'avoir quitté son pays...
Lina a eu le besoin de comprendre pourquoi ses grands-parents se séparaient quand elle a appris qu'ils allaient habiter dans deux endroits différents, elle n'a pas compris. Elle a voulu connaître leur histoire. Elle s'est rendue compte que je ne lui avais pas raconté grand-chose, mais même moi je ne savais pas tout parce que mon père n'était pas quelqu'un de très bavard...Mes parents ont tellement souffert du départ de l'Algérie, de cette vie en France où ils étaient, comme le disait Lina, «invisbilisés», ils ont rasé les murs pendant 60 ans, sans faire de bruit. Une des phrases que' disait ma mère et dont je me rappelle quand j'étais petit est: «On n'est pas chez nous, il ne faut pas se faire remarquer. On vient pour travailler et repartir. Au début on y croyait. De ce silence, cette douleur, Lina pensait que c'était un secret. Elle s'est rendue compte qu'il n y avait pas de secret. C'était juste une douleur, mais tellement vive que même 70 ans après leur départ, ils avaient encore du mal à parler de tout ça... Elle a questionné ses grands-parents. Ce sont des personnes complètement différentes.
Comment êtes-vous arrivé à devenir comédien et vous faire remarquer alors que rien dans votre famille ne vous prédisposait à le faire? Et pourtant...On ne peut pas dire que vous venez d'une famille d'artistes..?
Non effectivement (sourire). Lina, oui on peut dire qu'elle vient d'une famille dont les deux parents sont comédiens. J'ai passé mon bac en 1975. J'ai fait des études de lettres. Mais aussi loin que je me souviennes, je faisais rire mes copains, dans mon quartier, dans la petite province où je suis née, à l'école. Même les professeurs m'aiment bien. J'avais toujours un petit mot qui faisait rire tout le monde. C'était ma nature et quand je suis arrivé en fac de lettres, j'étais dans une petite ville qui s'appelle Thiers et à la fac de Clermont Ferrand, il y avait des gens plus âgés, c'est là ou le monde s'est ouvert à moi. J'étais tel quel depuis des années. C'est là, où des gens ont commencé à me dire que je devais faire du théâtre.. Il ya eu un mime qui est venu faire un spectacle. Apres, je me suis inscrit à son stage. Et voila. Tout est parti de là. C'était comme une lumière. Je me suis dit que c'est ce que je faisais depuis des années et c'est peut être ça ce que je devrai faire...Apres c'est le travail et la chance qui ont intervenu et j'ai continué là dedans. Je suis parti habiter à Paris en 1980 où je me suis inscrit à un cour de mime où je suis resté pendant quelques mois. Très vite, j'ai commencé à faire du théâtre. La chance m'a souris. C'est-à-dire que j'ai commencé à travailler tout de suite. J'ai enchainé beaucoup de pièces de théâtre. J'étais aussi invité à faire du mime en différents endroits, pour animer des spectacles, soit en plein air, soit dans les écoles ou dans les manifestations politiques. Apres, j'ai rencontré un cinéaste.. et c'est devenu tout doucement. Les choses se sont enchaînées. J'ai travaillé tout le temps. Tout les ans il y avait plusieurs films..Comment l'expliquer? Je ne sais pas. Mais moi, je dis qu'il faut toujours combiner ces trois ingrédients, talent, chance et travail. J'ai eu la chance que des gens aient eu envie de travailler avec moi. Et ça dure depuis plus de 40 ans. Même cette année du Covid, j'ai fait trois séries télés, trois films cinéma et là j'ai reçu trois propositions de pièces de théâtre. J'en ai refusé deux..
On ne vous a jamais proposé de venir tourner en Algérie?
Non, jamais! De toute façon je ne suis pas capable de jouer comme quelqu'un qui est né ici. J'ai les bases, mais je n'ai pas assez de pratique. Si ce n'est pas réciter du Shakespeare, je me débrouillerai si c'est de l'algérien courant et sans tartine je peux me débrouiller. Je reste un Algérien de Franc, mais j'adore tourner dans un film algérien, seulement il ne faut pas me mettre beaucoup de texte. Je suis très expressif, j'ai fait du mime!
Au final, comment pourriez-vous décrire votre rapport à l'Algérie en un mot?
Mon rapport à l'Algérie relève de l'ordre du fantasme et du mythe. C'est mon pays d'origine. Je sais que je n y vivrai pas. Je ne pourrai pas y vivre, mais quand je suis là, je me sens à la fois chez moi,cependant, je sais que ma culture française prédomine car toutes mes références culturelles sont françaises bien que je suis profondément algérien quand même.
C'est génial que vous ayez gardé ces traces d'images des fêtes familiales...C'est tout compte fait, grâce à elles que Lina a pu aller chercher l'Algérie dont elle ne connaît pas grand-chose finalement...
Ma fille était petite, je n'avais pas encore ma deuxième, quand j'avais tourné ces images de mariage. Nous, les enfants d'émigrés, on essayait surtout de garder les traditions. Je me souviens qu'il y avait une espèce de décalage entre nous et les autres... On était tous plus ou moins du même endroit, autour de Sétif, on filmait ces mariages, avec ce rideau qui sépare, comme vous le voyez dans le film.. J'avais croisé quelqu'un qui venait d'Algérie, qui nous disait: «Nous, on fait plus ça maintenant! Nous, on est resté ancré sur quoi on est parti. On était tous des Algériens, mais nous n'avons pas évolué en même temps que vous. J'avais senti ce décalage très jeune à Thiers, dans ma famille. Tout le monde se connaissait là- bas. La famille était reconstituée. Lina a choisi le titre «Leur Algérie» c'est-à-dire qu'on avait reconstitué l'Algérie. À l'école on avait une culture française, mais l'Algérie est restée extrêmement ancrée en nous, mais s'est un peu figée. Nous, nous n'avons pas évolué au même rythme que vous. On téléphonait une fois tous les quinze jours au pays, en comptant les secondes pour ne pas payer trop cher... L'explication est là dans cette fixation.


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