Depuis quelques jours, de hauts responsables de l'Etat sont mobilisés pour régler ce couac qui devient une affaire nationale. Devant l'impossibilité de la télévision nationale de retransmettre les rencontres du Mondial allemand en raison de la ferme décision du groupe ART -détenteur des droits de retransmission du Mondial allemand pour le Moyen-Orient et le Maghreb- qui dispose légalement des droits de diffusion pour le Mondial jusqu'en 2014, de ne point vendre la totalité des matches, privant ainsi le téléspectateur algérien de la retransmission du Mondial allemand, le gouvernement a décidé de prendre le problème en charge. Dans ce sens, une réunion regroupant le chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, le ministre des Finances, Mourad Medelci, le ministre de la Communication, Hachemi Djiar, et le directeur général de l'Entv, Hamraoui Habib Chawki, a eu lieu avant-hier. Le but de la rencontre: solutionner le problème. Selon certaines sources, il aurait été décidé de subventionner les cartes sport du groupe ART afin de permettre aux Algériens de suivre le Mondial. Par ailleurs, les mêmes sources avancent que le voyage entrepris par le DG de l'Entv au Caire où se trouve le siège du groupe ART, a lieu dans ce sens. En effet, les mêmes sources affirment que le DG de l'Entv s'est rendu dans la capitale égyptienne pour négocier les modalités du contrat. Dans le même ordre d'idées, certaines sources, très au fait du dossier, soutiennent que le président de la République, grand amateur de football et premier ministre de la Jeunesse et des Sports de l'Algérie indépendante, aurait usé de tous ses puissants relais dans les pays du Golfe en vue de conclure un accord avec le milliardaire saoudien, Cheikh Salah Abdallah Kamel, pour permettre aux Algériens de suivre la Coupe du monde en direct sur la chaîne terrestre nationale. De ce fait, il est fort probable que les téléspectateurs algériens poussent un ouf de soulagement à la veille du coup d'envoi du Mondial, prévu pour vendredi, dont le match d'ouverture opposera l'Allemagne, pays hôte, au Costa Rica. Il est à signaler que les droits de diffusion du Mondial ont été acquis par le groupe ART pour la somme de 110 millions de dollars alors que l'Asbu, l'Union des télévisions arabes, dont la présidence tournante est actuellement assurée par l'Algérie, avait proposé 95 millions de dollars pour les mondiaux 2006-2010-2014, après des négociations à Zurich avec la FIFA, sans arriver à glaner la moindre minute de direct. Dans sa dernière conférence de presse, le DG de l'Entv s'est dit navré que le Mondial se joue entre riches et à huis clos. Pour preuve, la Tunisie et l'Arabie Saoudite, pourtant qualifiées à la phase finale, n'auront à regarder que les matchs de leurs équipes nationales, ainsi que quatre autres matchs. Sur la même lancée, Hamraoui Habib Chawki avait dénoncé le diktat et le chantage d'ART dont le seul objectif est de vendre le maximum de cartes d'abonnement aux téléspectateurs algériens pour un prix avoisinant les 10.000 dinars et dont les ventes sont en baisse dans le monde arabe. Certes, l'Asbu, qui compte 22 pays en son sein, a tenté de s'approprier les droits de retransmission du Mondial, mais sans aboutir, dans l'espoir de répondre à l'engouement que suscite un tel événement planétaire, devenu, par la force des choses un phénomène social de première envergure. Le prochain Mondial aura lieu en Afrique du Sud. Devant les mutations que connaît le marché international et en prévision du Mondial 2010, M.Hamraoui a appelé les télévisions arabes et régionales «à réfléchir d'ores et déjà à l'adoption d'une position commune afin de constituer une force de négociations et de propositions». Néanmoins, il est à regretter le manque de coordinations des pays arabes quant à la prise en charge effective de ce genre de problème. A titre indicatif, plusieurs pays arabes ne se sont pas acquittés de leurs cotisations auprès de la Ligue arabe. Aussi, un accord entre ces mêmes pays à racheter les droits de diffusion reste dans le domaine de l'illusoire. Cependant, une concertation conjointe est à prendre au sérieux d'autant plus que le prochain Mondial aura lieu pour la première fois en terre africaine. Aussi, il est recommandé aux pays, notamment producteurs de pétrole, de s'y mettre dès maintenant dans la perspective de faire modifier par la FIFA le contrat d'exclusivité cédé au groupe ART.
