Il nous plait, comme ça, de temps à autre, de nous remémorer des morceaux d'anthologie, récoltés au fil des audiences, lorsque la justice, comme tous les secteurs d'activité, était servie sur un plateau d'argent, pour plaire au pouvoir de l'époque. En voici un, mémorable: Juste après avoir franchi la porte d'entée de la vaste salle d'audience de la cour d'Alger, sise à l'esplanade Emiliano Zapata du Ruisseau, le détenu Corso, flic à la Dgsn, condamné en première instance, ainsi que trois autres collègues, par le tribunal de Sidi M'hamed-Alger, pour le délit de «faux», faits prévu et puni par notamment, l'article 222 du code pénal, s'écria, à s'égosiller en direction de la composition de la fameuse et terrible première chambre correctionnelle d'Alger dont les membres étaient habitués aux cris de prévenus, appels et autres dénonciation et flétrissement de comportements exécrables: «Messieurs- dames, ceux qui nous ont envoyés devant vous, vont bientôt comparaître devant vous, non pas pour «faux», comme mes amis et moi, mais pour... «corruption» aggravée! Oui! Ils arrivent, ces pseudo-collègues, ceux - là mêmes qui ont tout fait pour nous ramener devant le juge d'instruction, comme dirait l'ex-tôlier de Cheraga, un dossier vide «cousu de fil blanc». Il s'arrête net devant le box et lance, avant d'y pénétrer: «Allah n'a pas attendu le jour du Jugement dernier pour nous venger, nous, les quatre cadres émérites et innocents, de la Sûreté nationale, qui n'avons rien à nous reprocher!» Corso avait achevé son cri de désespoir et avait rejoint le démonté, mais digne, Hadj Marzouk Dridi, l'ex-directeur de l'Ecole nationale de police de Rostomia (Alger) dans le vaste box des accusés où se trouvaient également Mohamed, Ali Dega et Farid. Le procureur général de l'audience ainsi que les trois juges et à leur tête, le président Amar Belkharchi étaient abasourdis, alors qu'un brouhaha inhabituel s'installa pendant quelques secondes avant que le rigoureux magistrat ne rétablisse l'ordre en envoyant très fort, son poing massif sur le pupitre. Les quatre détenus prirent place après s'être bien défoulés, une fois le prévenu Corso assis. On passa alors au procès proprement dit, et les quatre cadres de la Dgsn furent rejugés dans des conditions, on ne vous dit pas! La peine infligée à la «va-vite», selon des gens de droit ayant assisté aux débats, par le tribunal de Sidi- M'hamed- Alger fut reconduite purement et simplement devant un collectif d'avocats chevronnés, mais «avertis» depuis fort longtemps que le «pot de terre» cède à chaque fois devant les rugissements du «pot de fer»! C'était comme cela avant que la toute dernière Constitution ne vienne enfin, remettre de l'ordre dans la maison «Justice» et permettre ainsi au train, du triomphe de la vérité, d'être remis sur les rails pour la bonne cause! Il faudra attendre très longtemps pour qu'une partie de nos magistrats comprenne le but de la Constitution et entrent désormais dans l'ère de la «libération» des crocs pointus et extrajudiciaires, qui les ont à chaque fois fait dévier de leur noble mission principale: rendre justice, franchement, cordialement même, simplement, sans aucune, mais alors, aucune interférence, surtout celle d'un pouvoir honni par le peuple, dans son ensemble! Mais, attention, cela risque de revenir, si de solides balises ne sont pas posées, entre -temps, par les jeunes et futurs dirigeants choisis par le peuple!