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Sous le signe de l'échange et de l'universalité
RENCONTRES D'IBN ROCHD À LA BN D'EL HAMMA
Publié dans L'Expression le 17 - 06 - 2006

«C'est un pont entre l'Orient et l'Occident qu'on veut dresser pour restituer Alger dans sa dimension de Méditerranée ouverte », dira Sofiane Hadjadj.
C'est sous le signe de l'accueil et de la convivialité qu'ont commencé, mercredi dernier, les tables rondes entrant dans le cadre des rencontres d'Ibn Rochd, placées sous le thème de «Vivre ensemble?» Il s'agira, selon les termes de Sofiane Hadjadj, écrivain et responsable des Editons Barzakh et notamment co-organisateur avec l'association Chrysalide de ces rencontres, «de dire que l'Algérie est ouverte et plurielle. L'idée est de restituer les frontières, la géographie de la Méditerranée, de penser la Méditerranée en tant que lieu et pensée mais aussi de création. Sous le signe d'Ibn Rochd, c'est un pont entre l'Orient et l'Occident qu'on veut dresser pour restituer Alger dans sa dimension de Méditerranée ouverte.»
En ouverture de ces tables rondes, les intervenants diront le lien qu'ils entretiennent avec cette époque à l'âge d'or des pays auxquels ils appartiennent. Un monde dont on dit qu'il était bien moins barbare. Certaines époques sont ainsi présentées comme des modèles parfaits de cohabitation heureuse entre les peuples et les communautés. Or, on verra, que ces époques mythifiées n'en possèdent pas moins, elles aussi, ces moments de tumulte dans le sillage des terribles armées conquérantes qui, elles-mêmes, ont été en partie un facteur de chamboulement des idées au plan historique et notamment politique comme la démocratie et l'esclavagisme.
Du mythe de l'âge d'or
Dans son intervention l'écrivain grec, Takis Theodoropoulos, prenant l'exemple de Xenophon, maître de guerre grec qui était hostile à la démocratie dira: «Quand on voit les problèmes insolubles aujourd'hui de la démocratie, les Aristote athéniens ont eu les mêmes problèmes. C'est une question de perspective identitaire», reconnaîtra, tout de même, que la modernité de la Grèce est fondée sur cet héritage historique.
Youssef Sedik, un philosophe et anthropologue tunisien, nous éclairera, quant à lui, sur un passé lointain et notamment sur le rapport étroit qu'entretient la langue arabe avec la langue grecque en citant plusieurs exemples, y compris des mots dérivés du grec dans le Coran. Un brassage de mots qui ont émigré d'une langue à une autre preuve, s'il en est, que les langues sont une belle preuve de transmission et de voisinage liée par le temps entre les peuples. «Il y a une sympathie qui se reflète dans le Coran. Je déplore que nos exégèses l'ignorent». Spécialiste d'Ibn Khaldoun, philosophe et romancier, Bensalem Himmich, tout en réfutant l'idée de l'existence des âges d'or en histoire, nous exhortera à prendre comme exemple la civilisation andalouse qui dit-il, «devrait nous interpeller car elle était ce symbole de la diversité des religions, des cultures». Et d'ajouter un peu plus loin: «Il ne faut pas s'entêter par cette question de l'origine maghrébine de la Méditerranée. Il faut penser plutôt à se développer».
jeudi matin c'est place à la seconde partie des tables rondes où l'écrivain algérien, Malek Alloula, l'historien turc Edhem Eldem, le dramaturge espagnolo-suisse Maurici Farre, et l'universitaire algéro- palestinienne Adila Laïdi- Hanieh évoqueront, chacun, leur propre expérience et notamment celles de leurs pays respectifs dans cette notion de «Replis identitaires et la fin du cosmopolitisme» . Si ailleurs, il se traduit par la peur de l'autre, de l'étranger, de l'immigré, la Palestine, elle, semble être l'otage perpétuel de l'injustice et d'une définition exclusive de l'autre, de l'appartenance territoriale.
Evoquant le thème du vivre ensemble, Adila Laïdi, dira qu'il faudrait d'abord apprendre à vivre avec nous-mêmes en tant qu'individus.
Haine de l'autre, le cosmopolitisme menacé
Il est en effet un des facteurs qui poussent les gens paradoxalement à haïr l'autre, cet autre qui est en nous. Aussi, le cosmopolitisme est plus que menacé aujourd'hui et constitue une des marques du monde actuel, fragilisé par l'éclatement des empires coloniaux et des blocs géopolitiques. -Le contact avec la modernité s'est fait d'une façon violente et inégale-, a affirmé l'oratrice ajoutant que ce contact s'est fait -en contradiction avec les valeurs et les idéaux de cette modernité-. Pour sa part, l'écrivain Malek Alloula, a abordé dans son exposé la relation ‘'conflictuelle avec la langue de l'autre'', expliquant par ailleurs que la notion d'expatriation n'est pas physique, «mais mentale et existentialiste».
‘'L'apprentissage d'une langue ne consiste pas seulement en l'apprentissage d'un vocabulaire et d'une grammaire, mais c'est une coexistence forcée car on s'imprègne de la culture de cette langue'', a dit le conférencier. Edhem Eldem, à évoqué, pour sa part, le cosmopolitisme en Turquie soulignant: ‘'L'empire turc a produit beaucoup de cosmopolitisme''. Et de renchérir: ‘'Le cosmopolitisme doit produire une culture qui transcende les individualités''
Il ajoutera que l'Orient a une -très forte tradition- de cosmopolitisme. Maurice Farre dira qu'il faut «avoir une identité, des racines, pour être cosmopolite et faire dialoguer ces identités».
Enfin, en clôture de ces tables rondes, l'après-midi par le générique «Vivre ensemble, quelles utopies», l'Egyptien Khaled Alaâ, présentera sa revue Amkenah comme étant un lieu d'expression de gens ordinaires qui peuvent tenir des discours autres que ceux que l'on entend habituellement. Amkenah rend compte de ces mutations socioculturelles des populations qui peuvent traverser un espace donné, notamment les frontières. Présentée comme une revue qui tend à casser les tabous dans le monde arabe, Pierre Abi Saad, responsable de la revue, Zawaya, dira son objectif premier de se réapproprier la langue arabe en tant que langue vivante, aux côtés des autres langues et faire en forte qu'elle existe au même titre, sans idéologie aucune derrière. «j'essaye d'inventer un espace d'expression culturel alternatif» dit-il, Thierry Fabre, directeur de la revue La pensée de Midi et néanmoins instigateur des Rencontres d'Averroès à Marseille, développera les notions du devenir même, du devenir autre et du devenir partagé, en corrélation avec le quotidien, fait de violence ou de rejet de l'autre en particulier, et, en général, s'agissant de la dichotomie par exemple Islam/ Occident. «Mon rêve est le devenir partagé. C'est-à-dire le monde Méditerranée. Ma vision est celle d'une mosaïque fragmentée autrement d'un monde commun à possible plusieurs voix» et d'ajouter: «Mon utopie: tenter de dessiner un faire ensemble par la circulation de textes et la traduction.»
Quand je pense, c'est déjà fait!
Enfin le directeur de la revue Naqd, Daho Djarba, a, dans sa communication très intéressante, expliqué les bouleversements sociopolitiques et dramatiques qui ont frappé l'Algérie de 1962 à nos jours par des symptômes appelés «le contournement d'objet pour voir plus clair une épistomophobie».
Penser ce qui nous arrive et ce que nous faisons. En clair, ce qui arrive à la société est qu'elle a commencé à penser ce qu'elle n'aurait jamais fait et faire ce dont elle n'aurait jamais pensé, d'où l'éclatement de l'individu alors que beaucoup ont basculé dans une sorte de dédoublement involontaire partant du fait que l'autre qui est en nous-mêmes est un monstre.
«Comment lui faire prendre conscience de son égarement?» le problème étant «quand je pense c'est déjà fait!» Aussi, que de vérités assénées par cet intellectuel et qui nous aurait été assénées comme un couperet fatidique. Alors vivre ensemble, possible ou non? Tout ceci dépend de la volonté du respect de l'autre à y mettre par chacun de nous comme le soulignera Adila Laïdi-Hanieh.


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