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Pillage à ciel ouvert
Notre patrimoine archéologique en déperdition
Publié dans L'Expression le 12 - 05 - 2022

Pour les agences de voyages algériennes: le Grand Tour d'Algérie, s'accompagnait, presque toujours de collectes d'objets, alimentant le voyage de curiosités historiques. Les escales archéologiques ont été une source intarissable d'inspiration pour les touristes, toujours européens, australiens ou américains, au cours de ces dernières années. Il a été l'affaire d'érudits qui ont visite l'Algérie romaine, pourtant, loin de chez eux. Or, ce phénomène axé sur les visites des sites, s'est démocratisé au cours de ces deux dernières années. La multiplication des moyens d'hébergement à proximité des biens culturels, tel que l'excellent hôtel Trajan de Timgad, a largement amplifié et nourri un désir addictif pour les choses anciennes. C'est en Afrique du Nord- Algérie- Tunisie, dans ces pays qu'on appelle: en voie de développement que l'on retrouve l'immense majorité des musées archéologiques, des guides spécialisés et d'archéologues hors du commun résidant et présentant le riche patrimoine antique à Timgadus, à Hippone, à Guelma, à Tiddis, et bien évidement à Djemila, et à bien d'autres villes romaines. Non seulement les mécanismes de l'offre et de la demande ont été dynamisés par les agences de voyages, mais ils ont également conduit les nouveaux passionnés à chercher eux-mêmes à comprendre les vestiges en dehors des cadres légaux et scientifiques qui se sont construits en parallèle sur le marché des voyages vers les sites d'antiquités.
Les ventes les plus lucratives concernent naturellement les pays d'exception, telle que la Grèce ou l'Egypte des pharaons. Pour certaines catégories, la demande est si forte que leur valeur marchande va croissante pour atteindre des sommes colossales en millions d'euros. Certains objets deviennent des valeurs spéculatives. En 2014, Christie's Londres vendait la sculpture égyptienne Sekhemka pour 15,7 millions £. Un bacchus en bronze, déclaré «trouvé en vallée du Rhône», était vendu 509 000 $ le 12 avril 2016 par Christie's à New York. Enfin, une monnaie omeyyade en or atteignait une somme record avec Morton & Eden en 2011 avec plus de 3 millions de £. Ces transactions aiguisent les appétits et stimulent les pillages.
Obligation de traçabilité
Cependant, même avec peu d'argent, en utilisant les plates-formes de vente en ligne, qui deviennent un des vecteurs clés des ventes, il est possible de constituer une collection d'objets anciens (sur Ebay, Leboncoin, Delcampe on peut trouver nombre de «fibules», «boucles antiques» ou carrément des lots de «détection»). Cette manne, alliée à l'accroissement des moyens financiers des acheteurs, aux facilités d'acquisition, au manque d'obligation de traçabilité et à l'absence pour certains de «barrière morale», est en soi une incitation à collectionner. Sans compter que le collectionnisme est pour certains un puits sans fond.
Mais qu'en est-il en Algérie? Dans la maison de l'ex-responsable du site de Timgad, une quantité de plus de soixante objets des plus rares a été découverte par son remplaçant qui s'empressa de signaler au procureur de la République et à la direction général de Batna...Même s'il est difficile de quantifier l'ampleur des pillages, en Algérie, on estimait que depuis l'indépendance, la pratique des pillages illégale sur le postulat, ce sont pas moins de 520000 objets qui se sont vraisemblablement évaporés dans la nature et qu'aucun site n'est en cours de fouilles ou même visé. L'ensemble du territoire est concerné: les surfaces agricoles bien sûr, mais aussi les grottes, les mines et les domaines forestiers, rivières asséchées, littoraux, subaquatiques, entre autres; toutes les périodes sont concernées, avec dans certaines régions, les ports de Béjaïa, d'Alger ou celui d'Oran ou par le fond ou gisent bien des frégates chargées de divers objets de valeurs depuis l'Empire ottoman. Une prédilection pour les plongeurs sous- mariniers. Cet engouement est appuyé par le prosélytisme, direct ou indirect, de plusieurs types de médias: livres, magazines, guides, émissions de radio, de télévision, etc. Les sujets abordés prennent souvent un cadre historique, mais c'est avant tout, la quête, la résolution d'énigmes et l'aventure qui tiennent en haleine les amateurs.
Dans certains pays, des séries télévisées scénarisant des aventures sont récompensées. Ces séries deviennent des modèles et créent une demande. Ce faisant, elles stimulent le marché du voyage et de la découverte et l'Algérie n'est pas en reste. À plus grande échelle, en Angleterre et au Pays-de-Galles, un dispositif nommé Portable Antiquités Scheme, (cogéré par le British Museum) a pour but d'encourager le public à déclarer ses trouvailles, même minimes, aux autorités compétentes. Il libéralise la pratique des détecteurs de métaux en dehors de quelques milliers de sites protégés. Cette expérience montre que seule une petite majorité de métal detectorists déclare les trouvailles, et ce dans une faible proportion.
La tentation libérale
Même si ce système réduit le risque de voir disparaître certains objets dans le marché illégal, cette gestion libérale est une forme d'encouragement à prélever des objets archéologiques, à chasser l'objet. On est dans une forme d'incitation à la recherche matérielle plutôt que dans un encouragement à pratiquer l'archéologie avec ses protocoles.
En revanche, dans le sud de l'Europe comme en Algérie, la majorité des archéologues et des gouvernements résiste à cette tentation libérale et tente de dissuader la recherche d'objets archéologiques en dehors de cadres réglementaires. Mais quel que soit le cadre choisi, le respect et l'application des lois posent des problèmes dans les différents pays. Notons également un certain paradoxe des institutions muséales qui abritent des collections archéologiques. Si ces dernières assument une médiation autour du métier de l'archéologue pour démystifier le «chasseur de trésor» et expliquer la démarche scientifique d'un chantier de fouille, il n'en demeure pas moins que le vocabulaire ou les titres de leurs propres expositions sont parfois équivoques.
«La production muséale fait apparaître de réelles contradictions, celles des organisations hybrides évoluant entre recherche et événement, diffusion et conservation, loisir et délectation, consommation et éducation. Se mêlent le désir d'assouvir un rêve d'enfance autant que l'émotion de pouvoir être en contact direct avec des témoins du passé
Sensibilisez, sensibilisez….
Il y a là un souhait de toucher l'Histoire et de s'approprier ses vestiges: «Le contact avec les objets issus du passé ouvre l'espace d'une expérience de dépaysement.». L'enrichissement soudain, la quête de fortune sont d'autres éléments moteurs. Il y a un espoir, un désir de magots en or ou de trésors numismates. Même si une majorité d'entre eux abandonne rapidement la détection, déçus par le faible rendement d'une pratique novice, certains persistent et deviennent au fil de l'expérience des chasseurs d'objets efficaces comme probablement l'ex- responsable du site de Timgadus et ses patrons.
Cependant, la plupart ne perçoivent pas forcément les conséquences de leurs prélèvements. Ce sentiment peut être renforcé par l'absence d'archéologues bien implantés localement (les responsables du ministère ne viendront jamais ici), mais également par le peu de visibilité du patrimoine archéologique algérien (rien n'est signalé, on peut profiter). Beaucoup de superstitions et d'idées reçues persistent. Certains pensent sincèrement être archéologues amateurs et participer à la connaissance du passé, quand d'autres usent de prétextes (recherche d'objets perdus, dépollution d'objets métalliques). De plus, si certains sont désintéressés financièrement, d'autres au contraire sont animés par l'appât du gain. Le rôle des institutions, Les pratiques illicites en Algérie, concernant les biens culturels, sont condamnées par des dispositifs internationaux de protection du patrimoine (sous-tendus par les ratifications des Etats). Citons principalement la Convention de La Haye de 1954 pour certains pays, Convention de l'Unesco de 1970 pour l'Algérie sur les biens culturels volés et illicitement exportés (la France, qui bien évidemment ne l'a pas ratifiée du fait que ça l'arrange et la convention sur la protection du patrimoine subaquatique de 2001. Le Conseil de l'Europe s'est aussi saisi de la question des 1969 (Convention de Londres). Cela a abouti à la révision du texte en 1992 (Convention de Malte). Celle-ci engage juridiquement les pays à s'accorder avec les principes pour la protection des biens archéologiques en tant que source scientifique et documentaire.
Depuis les années 2000, des actions de sensibilisation à destination des professionnels, du grand public et notamment à destination des touristes se sont multipliées.
Des bonnes pratiques destinées à être diffusées dans les aéroports et sur d'autres supports comme Internet. En effet, «alors que l'achat de souvenirs soutient le développement des industries culturelles locales, l'exportation illicite de biens culturels protégés pose un sérieux risque, non seulement au patrimoine culturel lui-même, mais aussi au potentiel de la culture en tant que premier vecteur de développement économique».
En Algérie, l'auto-régulation ne fonctionne pas. Une législation efficace et l'application efficace de la loi sont nécessaires, mais la vérification préalable de la chaîne d'approvisionnement et la transparence du marché sont cruciaux, a moins que Messieurs les directeurs généraux continuent a se pavaner dans leurs véhicules sponsorisés par l'Etat, jouer aux intellos. Madame la ministre est ainsi avertie, notamment par cet article pour répondre aux questions des parlementaires.


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