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Un physicien nous éclaire
La filière photovoltaïque en Algérie
Publié dans L'Expression le 09 - 06 - 2022

Selon une étude prospective du groupe pétrolier Shell, «le solaire PV devrait être la 4e source d'énergie primaire du monde en 2040, derrière le charbon, le pétrole et le gaz mais devant l'éolien, l'hydraulique, les agro-carburants, la gazéification de la biomasse, la valorisation des déchets, la géothermie et le nucléaire».
Aujourd'hui, le contexte international gagné par la mondialisation rapide de la science, de la technologie et de l'innovation impose une évolution des marchés qui exige la mobilisation dynamique d'importantes ressources de savoir et de savoir-faire pour affronter des situations complexes et concurrentes susceptibles de mettre à mal les programmes de développement.
Contexte national
Face à la puissante dynamique de placer les technologies d'énergies renouvelables (ER) au coeur des mutations en cours visant ouvertement la concurrence directe du nucléaire, voire du charbon pour mitiger les impacts désastreux sur l'environnement, l'Algérie possède de nombreux atouts (gisement solaire impressionnant, abondance en minerais, vivier de compétences pluridisciplinaires,...) mais hélas dans un passé récent, aucun programme d'envergure à la hauteur de ces atouts; seules des annonces qui s'éternisaient à réaliser une part de renouvelables dans le bilan national de production d'électricité. Force de reconnaître que le Pner porté initialement à 22 000 MW est un échec au vu d'à peine 400 MW installés sur une dizaine d'année.
Certes, l'ambition affichée des pouvoirs publics de promouvoir les ER, laisse ouverte l'opportunité concrète d'un essor de la filière PV orientée vers le développement de nombreux secteurs socio-économiques. Citons ceux stratégiques comme l'agriculture, les télécommunications ou la sécurité nationale qui sont au premier plan du développement national pour bénéficier durablement d'un approvisionnement décentralisé en électricité propre. Pour pouvoir entreprendre la transition énergétique, reconsidérer la stratégie d'approche à court et moyen termes dans un programme national des énergies renouvelables revisité est un impératif. Une vision globale et un plan de déploiement structuré impliquant différentes parties prenantes et acteurs. L'Algérie et compte tenu de sa démographie galopante est face à un dilemme grave et critique, tiraillée d'une part entre décroissance inexorable de ses ressources d'énergie primaire et impératif urgent de croissance économique, d'autre part. Primo, sur les trois segments de la chaîne de valeur PV, seul le segment aval (encapsulation des modules) est pris en charge par quelques opérateurs économiques (en majorité du secteur privé). Leur activité épisodique reste tributaire de l'aléa d'importation totale des intrants pour l'assemblage de kits des modules solaires avec un taux d'intégration ne dépassant guère 10%. Et cette importation qui dépend des ressources en devises du pays ne saurait être pérenne et soutenable, surtout dans le cas de grandes centrales PV coûteuses.
Secundo, les travaux de R&D à l'actif d'innombrables projets (avec publications de haut niveau, brevets et prototypes valorisant un savoir-faire certain) ne trouvent aucun débouché pour leur valorisation en direction du secteur économique par absence d'une filière industrielle. Il importe pourtant d'envisager à terme de remonter graduellement la chaîne de valeur vers la fabrication de cellules puis la métallurgie du minerai de base pour disposer d'une masse critique de compétences spécifiques à ces technologies.
Enjeux
Tertio, le chômage des diplômés post-gradués est un fléau nouveau qui va aller en s'aggravant. 23 000 diplômés de doctorats sont actuellement sur le marché du travail et attendent un poste d'emploi. Ainsi, la possibilité de développer des activités arrimées à une filière industrielle pourrait générer moult emplois, notamment à travers la création de start-up, dans le domaine de la sous-traitance et du management.
Les pays émergents qui, aujourd'hui, sont cités en exemple, ont soigneusement mis en place des politiques ciblées, investi puissamment dans les ressources humaines et procédé à d'importants changements de leur modèle de développement, adapté leur réglementation, restructuré leur système bancaire et ont renforcé considérablement leurs infrastructures. Ils ont adopté des stratégies industrielles qui font une large part à l'innovation et aux technologies nouvelles de communication et de management, socles indispensables d'un développement solide et durable.
Un florilège de dysfonctionnements à corriger
L'expérience de gestion calamiteuse du dossier des ER en Algérie pose un certain nombre de questionnements:
Expériences passées infructueuses: quelles évaluations et leçons tirées?
(Exemples: projet d'usine PV verticalement intégrée 200 MW/an Rouiba-Eclairage/Centrotherm Germany - 2012, Projet Tafouki-2020, Offre Terra Sola 4 000MW-2020,...).
Quid des moult recommandations de rencontres internationales tenues en Algérie: quelle prise en charge effective et quel impact?
Rôle et mission des institutions d'orientation et de stratégie (Cnese, Inesg, Cnrst...): quelle implication effective?
R&DT nationale (Cder, Crtse, laboratoires universitaires): quelles valorisations des résultats des recherches et des innovations? Quelles retombées économiques?
Ecoles doctorales et Ecole nationale supérieures des ER, Iteer,...: quelles perspectives de débouchés professionnels?
Départements ministériels et institutions directement ou indirectement impliqués (Haut Conseil de l'énergie, ministères de l'Energie et des Mines, de la Transition énergétique et des Energies renouvelables, des Finances, de l'Industrie, Commissariat aux énergies renouvelables et à l'efficacité énergétique,...): quels mécanismes de coordination et synergies à conjuguer pour la mise en place d'un écosystème?
Analyse
La situation critique insatisfaisante de la trajectoire de développement des énergies renouvelables (solaire PV en particulier) en Algérie s'inscrit en porte- à- faux par rapport à l'urgence d'une transition énergétique dictée par les contextes, économique, social et environnemental critiques. L'option en cours est l'annonce du lancement d'une série de programmes de 1000 MW en centrales électriques PV jusqu'en 2035 à travers des appels d'offres.
Point fort: sans doute un pas en avant, pour mettre en pratique sur le terrain tout un complexe technico-financier à la mesure de l'envergure d'un tel projet, avec à la clé une mobilisation d'acteurs dans le domaine des services et de la sous-traitance (intégration). Le volet engineering des centrales PV (peu développé) pourra favorablement être bâti et s'impliquer pour gagner en expérience (smartgrid, interconnexion au réseau conventionnel, gestion de la stabilité temporelle de l'équilibre offre-demande,...). Point faible: ce programme en importation est évoqué avec un taux d'intégration autour de 40% mais quel est l'impact sur le coût de ce dernier, sachant que la cellule solaire, l'élément le plus coûteux n'est pas inclue. Quelles retombées aussi pour les programmes de R&D technologique lourdement soutenus par les pouvoirs publics, la valorisation de matières premières ainsi que les débouchés professionnels pour les diplômés des grandes écoles et instituts dans la filière des ER? Ainsi, pour s'extirper graduellement de la mise en minorité dans les projets (33% de prise de part), il faudra remonter les maillons en amont de la chaîne de valeur (fabrication de la cellule et traitement de la silice). Ne serait-il pas propice d'ores et déjà de mener une réflexion prospective sur l'opportunité d'émergence d'une industrie locale pour exploiter à terme l'ensemble des ressources, mobiliser les potentiels et ce, en vertu des dispositions du récent décret 22-112 de création du Haut Conseil de l'énergie?
L'option industrielle
Les situations critiques précédentes privilégient clairement cette voie à plus d'un titre: Lancement de pilotes pour maturer les procédés les plus performants (TOPCon, IBC, HJT,...) et faire évoluer (en partenariat) les capacités de production aux échelles de rentabilité reconnues.
Donner du sens et une finalité concrète à la recherche et développement sur les technologies en orientant selon une approche «Top-Down» les projets des laboratoires universitaires, centres et instituts de science des matériaux vers des applications industrielles. Cela induirait une base à l'innovation et la veille technologique.
Accéder au savoir-faire spécifique de gestion des grands complexes industriels PV.
L'exemple du projet avorté en 2012 d'usine photovoltaïque «Rouiba Eclairage» verticalement intégrée sur les 3 segments de 200 MW/an avec la firme allemande Centrotherm est édifiant: sur la période 2014 - 2022 et selon un scénario positif, l'usine aurait produit 1600MW (une partie du Programme PV algérien vers 2030) avec à la clé des capacités de développement et maîtrise technologiques appréciables, en sus des opportunités conséquentes d'emploi.
Ainsi, l'organisation de forums sur l'approche industrielle à appréhender aiderait à faire converger les vues pour identifier les stratégies appropriées et les technologies idoines pour chaque segment de la chaîne de valeur.
En parallèle au volet technologique, les environnements «financement» en filigrane du rôle des banques et «réglementation» pour la mise à niveau des textes sont par ailleurs tout aussi critiques. Des points focaux de réflexion et de dégagement de réformes et solutions à ces questions gagneraient à être pris en charge spécifiquement par les départements ministériels et institutions directement ou indirectement impliqués (en particulier celui des finances) pour assurer les meilleurs outils de soutien et leviers aux programmes du gouvernement en matière d'énergies renouvelables.



*PHD, Directeur de recherche Material Science & Processes
Messaoud Boumaour


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