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Le Liban face aux paradoxes de la politique
Publié dans L'Expression le 02 - 08 - 2006

Nous vivons des moments difficiles et dangereux, dont les retombées seront historiques sur l'avenir du Liban.
La guerre israélienne barbare contre le Liban n'est pas terminée et elle pourrait ne pas finir de sitôt. Cependant, et avant même que les canons ne se taisent des différents côtés et que la machine de guerre israélienne mette fin à son entreprise de destruction systématique du pays, les Libanais sont appelés à réfléchir à certains résultats de cette guerre et à penser à la situation présente ainsi qu'à l'avenir, plus lointain, auquel ils aspirent.
Nous affirmons, avec sincérité, responsabilité et réalisme, que la guerre menée contre le Liban, aussi bien de l'intérieur que de l'extérieur, a permis à l'ensemble des belligérants de réaliser certains de leurs objectifs, et ce avant même qu'elle ne prenne fin. Cependant, le plus grand perdant, que ce soit présentement ou dans un avenir proche, est l'ensemble du Liban ainsi que le peuple libanais dans ses différentes composantes.
Israël a réalisé une partie importante de l'objectif qu'il s'était assigné depuis son édification et ce, en détruisant le Liban en tant que modèle pluraliste, religieux, culturel, idéologique, ce Liban qui est l'antithèse du monolithisme israélien. Israël a détruit l'infrastructure, les institutions civiles, les villages et les quartiers résidentiels qui se sont effondrés sur leurs habitants. Il a ainsi provoqué une catastrophe matérielle et humaine immense. Mais il n'a pas réalisé tout ce dont il rêvait, tout ce auquel il aspirait, dans la mesure où il n'a pas réussi à détruire le Hezbollah sur le double plan militaire et politique. Il n'a pas réussi à créer une fissure profonde au sein de la société qui conduirait à une discorde confessionnelle, puis à une guerre civile, processus auquel les Libanais ont pris l'habitude de se laisser entraîner dans le cadre de leurs conflits sectaires, politiques, partisans et tribaux depuis l'indépendance. Aussi, les Libanais ont-ils prouvé qu'ils étaient unis face à l'invasion israélienne, malgré les protestations de fractions importantes de la société contre l'aventurisme du Hezbollah.
De son côté, le Hezbollah a réalisé une partie de ses objectifs. La guerre a, d'ailleurs, été un moyen pour lui de prouver sa capacité à réaliser ces objectifs. Ses combattants ont fait preuve de beaucoup de courage, de bravoure et de combativité dans leur résistance à l'incursion israélienne terrestre, et il a tiré ses roquettes sur l'hinterland israélien, indépendamment du rapport comparatif que l'on pourrait établir avec l'ampleur des dégâts provoqués par la machine de guerre israélienne au Liban.
Pour un dialogue interlibanais et une conférence internationale
Le Hezbollah a ainsi confirmé à Israël qu'il possède des racines profondes, au Liban-Sud surtout, mais aussi dans la communauté chiite en général, ce qui n'est pas près de changer à court terme, en attendant la tournure que prendront les événements après le silence des canons et durant la période qui suivra la poursuite de la guerre, si jamais il s'avère impossible d'y mettre fin dans l'immédiat.
Toutefois, le Hezbollah a beaucoup perdu au niveau des acquis qu'il avait obtenus grâce à son rôle fondamental dans la libération du Liban-Sud de l'occupation israélienne. L'aventure dans laquelle il a entraîné son pays et son peuple, en l'occurrence une guerre inégale et extrêmement destructrice, est l'expression même de cette régression.
La direction syrienne a, pour sa part, atteint un objectif qu'elle s'était plus d'une fois promis de réaliser, que ce soit directement ou indirectement, celui de sanctionner les Libanais pour leur détermination, l'an dernier, à mettre fin à sa tutelle sur leur pays. Le contenu de l'avertissement était on ne peut plus clair, sans équivoque aucune: «Nous détruirons le Liban tant sur le plan politique qu'économique et sécuritaire». Le directoire syrien n'a même pas eu besoin de déployer ses forces au Liban pour aboutir à ses fins, puisque le Hezbollah s'est chargé lui-même de cette mission par procuration à travers son aventure, qui a poussé Israël à détruire -et de la manière la plus barbare- le Liban en signe de représailles. Ainsi, Israël a-t-il réalisé l'objectif de la Syrie. Cependant, le directoire syrien a perdu le Liban et les Libanais, ainsi que le monde arabe et la planète entière, avant de se retrouver dans l'isolement le plus total.
L'Iran aussi a réalisé certains de ses objectifs, notamment le fait de faire comprendre au monde entier qu'il est capable de se battre contre ses ennemis américain et israélien hors de ses frontières, et ce, sans même utiliser ses forces propres. Il a également prouvé au monde entier, à court terme, qu'il représente une force concrète et une référence spirituelle pour les chiites du monde arabe, et qu'elle peut aussi user de ce statut quand il le désire. Mais Téhéran a perdu maintenant et à long terme la sympathie de beaucoup de Libanais qui souffrent des effets de la guerre israélienne, en raison de l'aventure qui a conduit à cette guerre et qui a bénéficié du soutien total de l'Iran.
Quant au monde arabe -gouvernements, peuples et forces politiques de différentes tendances, laïques et religieuses, de gauche, de centre ou de droite-, il a prouvé sa totale impuissance face au bain de sang libanais, comme ce fut déjà le cas devant le bain de sang palestinien. Cette impuissance est ancienne parce que générée par les régimes despotiques qui dominent leurs peuples depuis des décennies. Ces régimes ont rendu leurs peuples -et même les élites politiques et culturelles- statiques et monolithiques, ils ont anesthésié leur faculté de jugement et leur capacité à utiliser les connaissances de même qu'ils les ont maintenus dans la sphère émotionnelle qui ne conduit qu'à un discours affectif, dénué de sens, incapable de s'opposer à l'agression, de consoler un blessé ou un réfugié, ou encore de ramener un martyr à ses parents.
Le monopole des USA
Mais le malheur le plus grand se manifeste au niveau de la communauté internationale. La guerre israélienne contre le Liban a prouvé que les Etats-Unis continuent de monopoliser la décision de guerre et de paix, d'étendre leur hégémonie sur le monde et de présider aux destinées des peuples. Ils sont capables de provoquer des conflits, puis de décider, à leur convenance et en fonction de leurs intérêts propres, des modes de résolution. Les Nations unies sont incapables de reprendre leur rôle, même sous une forme limitée. L'Union européenne, la Russie, la Chine, le Japon, l'Inde, le Pakistan, l'Amérique latine -qui émerge lentement vers un avenir nouveau encore imprécis-, et l'Afrique enlisée dans ses guerres tribales, sont tous incapables de jouer leur rôle pour placer des limites à l'hégémonie américaine et à la barbarie israélienne, et pour rendre à l'ONU son rôle de gouvernement mondial chargé de régler les conflits internationaux, d'assurer la paix mondiale et de respecter le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes en toute liberté.
A la lumière de ces événements qui nous dépassent, les Libanais sont appelés à préserver leur unité face à l'agression israélienne et à assumer ses résultats dans les différents domaines. Il s'agit là d'une priorité absolue. Cependant, ils sont également invités, dans toutes leurs composantes politiques -à commencer par le Hezbollah-, à s'asseoir à nouveau à la table du dialogue pour prendre une décision rapide et responsable, celle de confier au gouvernement libanais la tâche de négocier sans entraves. L'objectif étant d'initier des pourparlers avec la communauté internationale au sujet des moyens susceptibles d'arrêter la guerre et de paver la voie à une négociation pour la recherche de solutions justes et globales qui désamorceraient le conflit avec Israël et qui mettraient fin à ses causes, anciennes et nouvelles.
Ces solutions comprendraient, d'abord, l'application totale et globale de l'accord de Taëf que les Libanais ont tous accepté comme étape transitoire entre la guerre et la paix civile, permettant la réédification de l'Etat. Cet accord stipule clairement que l'Etat doit rétablir sa souveraineté sur l'ensemble du territoire libanais et déployer l'armée à la frontière. Si un accord entre les Libanais portant sur un retour à l'accord de Taëf et à son application intégrale intervient, le Hezbollah sera contraint de renoncer à se substituer à l'institution militaire dans la défense des frontières et de la patrie.
Ces solutions comprennent ensuite l'échange des prisonniers et la restitution des hameaux de Chébaa à l'Etat libanais avec ou sans accord syrien, conformément aux cartes que le gouvernement libanais possède et qui confirment l'identité libanaise de ces fermes.
Elles comprennent également le déploiement de forces internationales au Liban-Sud sur la base d'une résolution du Conseil de sécurité, avec l'accord du gouvernement libanais dont le Hezbollah fait partie, et avec l'accord du gouvernement israélien. Il s'agirait là d'une force intérimaire visant à aider l'armée libanaise à remplir sa mission au Liban-Sud et à rétablir son autorité sur l'ensemble du territoire libanais occupé par Israël dans le cadre de cette guerre insensée.
Il reste que ces solutions qui font couler beaucoup d'encre, les Etats-Unis refusent d'y souscrire autrement que conformément à leurs conditions propres et celles d'Israël. Elles nécessitent davantage de pressions internationales et de souplesse libanaise, dont le Hezbollah également devrait faire preuve, compte tenu de sa grande responsabilité dans cette guerre et qu'il se doit d'assumer. Dans ce contexte, l'appel à une conférence internationale pour mettre en application ces solutions mérite toute notre attention en tant que Libanais. Il est toutefois nécessaire de prendre en considération la teneur du rapport du secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, qui appelle à la participation de la Syrie et de l'Iran, en tant que parties au conflit et que pôles d'influence disposant d'un pouvoir sur ces solutions.
Mais tout cela est conditionné par la nécessité que cette conférence ne dérive pas vers d'autres questions dépassant la mission qui lui est assignée, à savoir la fin de la guerre au Liban, le désamorçage du conflit et le règlement des problèmes qui y sont rattachés, comme nous l'avons indiqué précédemment. C'est dans ce cadre qu'intervient également la question du tracé précis et définitif des frontières entre le Liban et Israël et entre le Liban et la Syrie.
Nous vivons des moments difficiles et dangereux, dont les retombées seront historiques sur l'avenir du Liban et de la région, que ce soit positivement ou négativement, et ce en fonction de l'aboutissement des négociations concernant les solutions proposées. Cela sera suivi nécessairement, ou de manière concomitante, par le début immédiat d'un dialogue entre les Libanais, toutes tendances confondues, concernant la nécessité de dépasser les retombées de l'agression et de mobiliser les Arabes et le monde pour aider le Liban dans la réalisation de cet objectif. Cela doit être également suivi d'un travail visant à dépasser les susceptibilités nées de la guerre et à empêcher ceux qui vouent de la haine au Liban d'exploiter ces susceptibilités pour pousser les Libanais à un conflit interne semblable à celui qu'ils ont déjà vécu dans leur histoire.


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