Reportée plusieurs fois, l'audition du gouverneur de la Banque d'Algérie par la commission des finances et du budget est enfin intervenue avant-hier dans le cadre de l'examen du projet de loi sur la monnaie et le crédit. D'ailleurs, à l'occasion des débats sur le projet de loi fixant les relations entre le Parlement et le gouvernement, des députés avaient dénoncé ce retard, l'assimilant à «un manque de considération envers l'institution parlementaire». Les députés se sont, notamment interrogés sur «les véritables raisons ayant poussé la Banque d' Algérie à ne plus présenter son rapport annuel sur l'évolution économique et financière». Les membres de la commission ont soulevé plusieurs questions relatives à la dévaluation continue de la monnaie nationale par rapport aux principales devises. Ils se sont également demandé «quelles sont les solutions pratiques proposées par la Banque d'Algérie pour aider à capter l'argent de l'informel outre l'adhésion volontaire de la population évoluant dans les circuits souterrains de l'économie nationale jusqu'ici»? Dans ce contexte, les députés ont appelé à encourager l'utilisation de la monnaie scripturale via le chèque et la numérisation des moyens de paiement et à rendre obligatoire l'usage du chèque. Il a indiqué lors de son exposé que «la préparation du projet monétaire et bancaire a été effectuée avec la contribution effective de la Banque d'Algérie». L'intervenant a soutenu que «ce texte est le socle fondamental pour garantir un développement économique durable et rationnel, et l'un des plus importants en matière de gouvernance et de modernisation du système bancaire».Aussi, les députés ont insisté sur le développement de la finance islamique qui est un élément important pour bancariser les Algériens qui ont choisi de ne pas utiliser les banques conventionnelles. La finance islamique est censée permettre de les intégrer et de capter leur épargne thésaurisée en dehors du circuit bancaire. Outre les P-DG des six banques publiques, ceux d' Al Baraka Bank d'Algérie et Al Salam Bank Ageria, la commission a écouté les exposés du président de la Chambre nationale des commissaires aux comptes, président de l'Organisation nationale des comptables agréés, le président de l'ordre national des experts-comptables ainsi que d'autres experts. Lors de la présentation du projet, le ministre a précisé que ce texte de loi s'inscrit dans le cadre des réformes initiées par les pouvoirs publics et de la restructuration du système monétaire et financier en Algérie, afin de mieux répondre aux exigences de la réforme économique escomptée. Cette réforme permettrait d'encourager l'investissement étranger qui nécessite des facilitations en termes de transfert des capitaux. Cette révision confère au Conseil de la monnaie et du crédit (CMC) de nouvelles prérogatives. Il étend ses prérogatives en matière d'agrément aux «banques d'affaires, banques digitales, prestataires de services de paiement et aux intermédiaires indépendants de courtage et autorise l'ouverture de bureaux de change. Le texte propose également la «réintroduction» du mandat du gouverneur et des vice-gouverneurs et un réaménagement de la composante du conseil d'administration de la Banque d'Algérie et du Conseil de la monnaie et du crédit. Ce texte prévoit «aussi bien l'agrément de banques et établissements financiers exerçant -exclusivement- des opérations de banque relevant de la finance islamique, que la préservation de guichets dédiés. Ledit projet prévoit également «la digitalisation des paiements en introduisant une forme digitale de la monnaie fiduciaire, développée, émise, gérée et contrôlée par la Banque d'Algérie, dénommée Dinar Algérien Digital».