Les regards sont désormais tournés vers Niamey où la tension est croissante d'heure en heure, compte tenu de l'expiration, ce soir, de l'ultimatum de la Communauté des Etats d'Afrique de l'Ouest aux militaires putschistes du Conseil national de sauvegarde de la patrie (CNSP) pour rétablir sans condition la légalité constitutionnelle et restaurer Mohamed Bazoum dans sa fonction de président de la République du Niger. La France, ancienne puissance coloniale, a réaffirmé, hier, son appui «avec fermeté et détermination» aux efforts de la Cédéao pour mettre en échec la tentative de putsch. «Il en va de l'avenir du Niger et de la stabilité de toute la région», a prévenu le Quai d'Orsay. Vendredi soir, les chefs d'état-major de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) réunis en conclave, trois jours durant, à Abuja, au Nigeria, ont achevé les préparatifs de l'éventuelle action militaire contre le CNSP. Ils ont affirmé que le plan d'attaque est bel et bien défini, tant dans ses tenants que dans ses aboutissants et qu'il reste aux chefs d'Etat de l'organisation régionale à donner le feu vert aussitôt que le délai imparti aura expiré. Parmi les pays membres, les armées du Sénégal et de la Côte d'Ivoire avaient déjà indiqué leur disponibilité à fournir des soldats pour constituer la force d'intervention, non sans souligner que la décision incombe aux dirigeants politiques. La cheffe du Quai d'Orsay, Catherine Colonna, avait, pour sa part, insisté sur le fait qu'il importe de «prendre très au sérieux la menace de recours à une intervention de la Cédéao» tandis que l'Allemagne, de son côté, prône une certaine retenue et se prononce en faveur d'une action strictement diplomatique. De leur côté, le Mali et le Burkina, pays voisins du Niger et comme lui confrontés à une grave menace terroriste qui endeuille les populations depuis presque une décennie, malgré la présence de forces étrangères censées combattre le fléau, ont averti que toute intervention militaire à Niamey sera considérée comme «une déclaration de guerre» à leur encontre. Seul le Tchad, non membre de la Cédéao et autre voisin immédiat du Niger, considéré comme une puissance militaire africaine d'importance dans la région, a exclu de participer à l'aventure militaire contre Niamey. Le ministre de la Défense, Daoud Yaya Brahim, a affirmé que «le Tchad n'interviendra jamais militairement. Nous avons toujours prôné le dialogue». Reste à savoir si, au bout du compte, la voix de la raison et de la médiation responsable parviendra à l'emporter.