L'état du tourisme en Algérie est affligeant, faut-t-il le rappeler encore et encore. Le constat est d'autant plus amer que l'inadéquation entre l'offre, à travers les investissements existants et la demande domestique exprimée au plan national, est flagrante. Le potentiel touristique existant reste entièrement sous-exploité, du fait de nombre de facteurs exogènes et endogènes. Dans cette situation globale, la responsabilité du secteur touristique, ainsi que d'autres à des degrés différents, reste entièrement et pleinement engagée. Cela dit, les estivants algériens n'ont pas attendu que les choses s'améliorent. Il y a quelques années seulement, pour passer des vacances ordinaires, il fallait casquer des sommes colossales. Pourtant, l'Algérie, ce pays continent, plus que toute autre destination, regorge de gisements touristiques insoupçonnés, divers et riches en potentiels. Des destinations où s'entremêlent nature, plage, zones de pêche et de navigations sous-marines, ainsi que des sites touristiques féeriques et époustouflants. Rappelez-vous Thalassa, Arte et d'autres chaînes occidentales, notamment allemandes et autres. La fréquentation des lieux de vacances en Algérie reste en deçà des potentiels existants et des possibilités offertes par un littoral aussi long que divers. La nature a horreur du vide Face à un déficit en matière de capacités d'accueil touristique, conjugué à un manque d'information flagrant, et comme la nature a horreur du vide, les particuliers ont pris le relais pour offrir des produits, souvent de basse qualité. C'est ainsi que des locations, en partie, ne répondant à aucune norme touristique, ont vu le jour, partout dans les grandes stations balnéaires. De Tlemcen à Annaba, les locations estivales, souvent des maisons ou des lieux attenants, sont transformés en sites de vacances, l'espace d'une saison d'été. Des particuliers, profitant de cette aubaine, sont venus jusqu'à investir dans des projets immobiliers, souvent ne répondant à aucune norme ni touristique, encore moins de sécurité. Le tissu urbain s'en est trouvé lourdement sanctionné. Bien que le secteur du tourisme ait connu des investissements, aussi bien publics que privés, dans les grandes villes du littoral algérien, au grand bonheur des familles en quête de sable doré et de plages rafraîchissantes, les locations de particuliers ont, certes, diminué, mais n'ont pas disparu. Toutefois, au plan des prix et des prestations, les choses semblent connaître davantage de décantation avec des revues à la baisse des prix pratiqués, mais aussi des améliorations sur les prestations fournies, les gîtes proposés et même les commodités avoisinantes. De Port Say, dans la commune de Marsa Ben M'hidi, relevant de la daïra de Maghnia, à Tlemcen jusqu'à El Kala, en passant par toutes les stations balnéaires, à Aïn Témouchent, Oran, Mostaganem, Chlef, Alger, Béjaïa, Skikda, à Annaba, le constat est le même. En tout cas, les familles ont l'embarras du choix, selon les budgets réservés aux vacances d'été. En effet, nombre de familles algériennes se sont réappropriées les espaces balnéaires, jadis exclusivement réservés aux groupes de jeunes, filles et garçons, quelque peu aisés ou adeptes de l'aventure. Avec la multiplication des moyens de transport et l'accès, relativement abordable, aux différents moyens de locomotion, notamment les véhicules de transport dits clandestins, les familles algériennes ont, désormais, l'embarras du choix. Dans cette quête éperdue de villégiature à bon marché, bon nombre d'offres se sont multipliées, à travers le pays, proposant moults formules et services, moyennant des prix raisonnables. Il faut dire que depuis la généralisation des moyens de communication, notamment l'Internet mobile, les choses se sont nettement améliorées, au profit d'une plus grande affluence sur les sites balnéaires nationaux. Dans ce registre précis, l'apparition des réseaux sociaux aura permis au tourisme et aux exploitants balnéaires de disposer de grandes potentialités, en matière de publicité et de stratégie de communication. Les particuliers ne sont pas en reste de cette frénésie touristique alléchante. Elles sont nombreuses ces wilayas balnéaires, qui ont su tirer profit de cette situation. D'aucuns auront, sans doute, remarqué que de moins en moins de familles algériennes se rendent aux stations balnéaires tunisiennes qui, il y a peu de temps de cela, faisaient de l'ombre aux installations touristiques nationales. Pourtant, l'Algérie dispose d'un tissu d'hôtellerie et de complexes touristiques publics et privés, qui n'a rien à envier à ce qui se trouve ailleurs, en Tunisie, en Turquie ou même dans certains pays européens. Des offres multiples et variées Il suffit de voyager à travers le pays pour le découvrir. C'est justement cet aspect de la communication qui, faisant défaut, n'a pas permis de lever le voile sur un potentiel touristique et hôtelier, incommensurablement important. En 2022, le secteur a fait savoir que le nombre de projets touristiques devait porter la capacité d'hébergement hôtelier à 500000 lits à l'horizon 2030, conformément au schéma directeur d'aménagement touristique (Sdat). Le nombre de projets d'hôtels enregistrés était de 1 500, dont 36 étaient entrés, alors, en service. Parallèlement, certains trouveront, sans doute, à redire au sujet de la non- fréquentation de ces sites touristiques publics, notamment, à cause des prix pratiqués ou à cause des mauvaises prestations fournies. S'il est vrai que, dans certains cas, comme partout dans le monde, y compris en France ou en Tunisie, il faut voir les émissions «Enquête exclusive» ou autres émissions du genre pour le constater, les prestations laissent à désirer, il existe parallèlement une panoplie de structures qui fournissent des services de haute qualité. Il est vrai que sur le plan de la culture estivale et des moeurs sociales, beaucoup d'aspects sont à discuter. En revanche, sur le plan des installations, des équipements, des services et des prestations, la mise à niveau aux normes et standards internationaux est remarquable. Reste encore certains détails à réajuster pour répondre, convenablement, aux besoins des différentes catégories d'estivants et de vacanciers. Là encore, sur la base des offres proposées via les réseaux sociaux et les commentaires accolés, on peut aisément distinguer la qualité des offres, selon les budgets et la capacité de financement de ses vacances. Les offres peuvent aller du simple au double, voire même plus, selon les budgets réservés. L'une des raisons qui ont présidé au mécontentement des estivants algériens, est sans doute l'absence d'informations sur l'éventail d'offres et la qualité des prestations fournies. L'Internet aura rendu un grand service aux propriétaires de ces sites en exploitation. Il aura également permis aux familles et aux estivants potentiels de découvrir ce gisement de possibilités et la qualité des services proposés. Aujourd'hui, la situation semble évoluer dans le bon sens, grâce à la concurrence existante et les nouvelles infrastructures entrées en service, depuis peu. Un basculement spectaculaire qui a produit un rush des estivants algériens sur les offres locales, qui s'avèrent être de haute qualité et répondre à leur attente, selon des budgets raisonnables. Les opérateurs touristiques privés, et dans une moindre mesure, ceux publics, ont fini par saisir la raison de cette situation et répondre, de manière judicieuse, à ces opportunités réelles. Elles sont nombreuses, ces familles algériennes qui se rendaient dans des complexes touristiques étrangers, en Turquie, en Tunisie, en Malaisie pour passer des vacances dignes de ce nom. Suite à la pandémie de Covid-19, certaines familles, obligées de se rabattre sur les complexes nationaux, finiront par découvrir des structures d'accueil intéressantes et dignes d'être fréquentées. Aujourd'hui, ils sont plusieurs complexes touristiques privés, notamment à afficher complet durant les hautes saisons. Les réseaux sociaux aidant, ces opérateurs touristiques ont réussi à faire fructifier leurs chiffres d'affaires et à renforcer leurs investissements par des projets d'extensions et autres. La concurrence est telle, sur les réseaux, que des formules alléchantes permettent à des familles moyennes de passer quelques jours, en bord de mer, dans des complexes tout aussi beaux et luxueux que ceux qu'on trouve en Turquie, en Espagne et ailleurs. Les feed-back des estivants sur les différents sites balnéaires, notamment sur la qualité des sites d'hébergement, la qualité de la restauration, les services liés à la baignade, etc., ont également renforcé ce sentiment de confiance perdue, des années durant, faute de professionnalisation de ces activités. Les offres et les formules éclatent Eu égard à ce constat établi, notamment le manque d'information qui occulte un potentiel dormant qui, sans exagération aucune, peut concurrencer les meilleures destinations connues, les pouvoirs publics ont une grande responsabilité à assumer. Celle d'élaborer une stratégie à même de valoriser ce potentiel, et de désigner les secteurs ministériels à impliquer, tels le secteur de l'artisanat, du tourisme, de la culture et de la communication, a priori. Il s'agit, ensuite, de proposer une offensive sur le plan de la communication, mettant en oeuvre une politique de marketing touristique à la hauteur d'un potentiel et de capacités défiant toute concurrence. Il est aberrant de constater que jusqu'à nos jours, nous ne disposons pas d'une carte touristique digne de ce nom. Que de pays voisins ont inclus nos destinations touristiques, nos sites archéologique et nos ressources touristiques dans leurs circuits et cartes, drainant des touristes du monde entier dans nos villes, sans que cela ne profite, d'une quelconque manière, à notre économie. De secteurs doivent interagir pour garantir et assurer une politique de marketing touristique convenable, à la hauteur du potentiel existant et pallier ce manque de visibilité.