Compte tenu des nombreuses déclarations de Monsieur Josep Borrell, Haut représentant de l'UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, et des autres représentants des institutions de l'UE et des Etats membres sur la prétendue intention de la Russie «d'utiliser la nourriture comme une arme», nous considérons qu'il est nécessaire d'attirer l'attention sur les points suivants. L'analyse des données statistiques actuelles sur les opérations d'import-export de céréales publiées par la Commission européenne et l'Eurostat, l'office statistique de l'UE, dans le domaine public nous permet de tirer un certain nombre de conclusions sur les priorités réelles de l'UE en ce qui concerne la sécurité alimentaire mondiale. En 2022, les importations de céréales vers l'UE ont augmenté en termes de valeur de 106 pour cent par rapport à 2021 (de 6 milliards d'euros à 12,7 milliards d'euros). En 2023, cette tendance s'est poursuivie, avec une augmentation de 46 pour cent au premier semestre (de 12,9 à 18,8 millions de tonnes).2 La situation est la même pour les volumes d'approvisionnement. Au cour de la campagne agricole 2022-2023 (calculée de juillet à juin dans l'UE), l'UE a importé 9,3 millions de tonnes de blé, soit 3,5 fois de plus par rapport à la période correspondante précédente, 2 millions de tonnes d'orge (deux fois de plus) et 26 millions de tonnes de maïs (1,6 fois de plus). Au cours des huit premières semaines de la campagne agricole 2023-2024, les importations de blé Dans le même temps, les exportations de céréales de l'UE n'ont augmenté en termes de valeur que de 41 pour cent en 2022 par rapport à 2021, et encore moins pendant le premier trimestre de 2023 - juste de 5 pour cent. Il est à noter qu'au cours des premières semaines de la campagne agricole 2023-2024, presque toutes les céréales ont vu leurs exportations de l'UE diminuer (en baisse de 23 pour cent au 22 août 2023). Il y a donc de bonnes raisons de penser que l'Union européenne continue à acheter activement des céréales sur les marchés étrangers, y compris en Ukraine, en «freinant «ses propres exportations. Ces actions peuvent être considérées comme l'un des facteurs, en plus de la pression exercée par les sanctions sur l'agro-industrie russe, qui ont contribué à l'augmentation des prix mondiaux des céréales et à l'aggravation du problème de leur inaccessibilité pour les pays qui en ont besoin. Le but des efforts de l'UE est évident: accumuler des réserves alimentaires de céréales, y compris pour compenser les pénuries dans l'UE elle-même, et générer des revenus financiers supplémentaires en exportant des produits céréaliers transformés, y compris de la farine et d'autres produits moulus. En 2022, les livraisons de la farine de l'UE vers les pays tiers ont augmenté de 22 pour cent (de 19 milliards d'euros à 23 milliards d'euros), et au premier trimestre 2023 -de 24 pour cent pour atteindre 6,2 milliards d'euros. L'Ukraine reste l'un des fournisseurs de céréales les plus importants de l'UE. En 2022, les importations de céréales vers l'UE en provenance de l'Ukraine ont augmenté de 162 pour cent en termes de valeur par rapport à 2021, passant de 1,8 milliard d'euros à 4,6 milliards d'euros (ce qui constitue un record). En particulier, on a observé une forte augmentation des volumes de maïs (augmentation de 62 pour cent) et de blé (augmentation de 960 pour cent) importés.7 Les importations de céréales vers l'UE en provenance de l'Ukraine ont continué à augmenter en 2023. De janvier à juin 2023, elles ont plus que doublé par rapport à la même période en 2022 (de 1,4 à 3,1 milliards d'euros et de 5,3 à 11,2 millions de tonnes).8 Au cours des huit premières semaines de la campagne agricole 2023-2024, l'Union européenne a déjà acheté 488000 tonnes de blé ukrainien (près de 3 fois plus que durant la même période de l'année précédente).9 Selon la Commission européenne, à la date de août 2023, plus de 60 pour cent des exportations de céréales de l'Ukraine depuis le début de l'opération militaire spéciale ont été acheminées par ce que l'on appelle les «couloirs de solidarité» (environ 41 millions de tonnes de céréales, de graines oléagineuses et d'autres denrées alimentaires au total). Le reste a été exporté par voie maritime dans le cadre de l'initiative de la mer Noire. En même temps, l'analyse de la dynamique des exportations de céréales de l'Ukraine vers l'UE, selon les données d'Eurostat, montre une forte augmentation du volume d'approvisionnement depuis août 2022. Les chiffres parlent d'eux-mêmes: juillet 2022-779000 tonnes, août -960000 tonnes, septembre -1,6 million de tonnes, octobre -2,1 millions de tonnes, novembre -2,7 millions de tonnes, décembre -2,5 millions de tonnes, janvier 2023-2,2 millions de tonnes, février -2,4 millions de tonnes. Les chiffres ci-dessus confirment que l'Union européenne a délibérément utilisé l'initiative de la mer Noire pour assurer sa propre sécurité alimentaire, ainsi que pour obtenir des revenus d'exportation supplémentaires grâce à la vente de céréales et de produits transformés à l'étranger. Les informations tout à fait incorrectes sur lesquelles les fonctionnaires de l'UE s'appuient dans leurs discours publics et leurs publications visent délibérément à tromper la communauté internationale.