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Qu'est-ce qui a changé en Algérie?
11 SEPTEMBRE 2001 CINQ ANS APRÈS
Publié dans L'Expression le 11 - 09 - 2006

Les visites successives d'officiels américains, tant politiques que militaires, annoncent peut-être une mainmise de Washington sur la région du Maghreb.
Deux mini-guerres, ni gagnées ni perdues en Irak et en Afghanistan, le projet du GMO largement compromis après le parti pris flagrant de Washington dans la guerre israélienne contre le Hezbollah, les scandales liés aux graves violations des droits de l'homme à Guantanamo Bay, à Abou Ghraïb et à Kaboul, des prisons secrètes disséminées par la CIA en Europe et au Moyen-Orient, et qui ont entaché Bush vis-à-vis de l'UE, un coût faramineux des opérations militaires menées un peu partout dans le monde: voilà où en est la situation américaine après sa «total war» lancée tous azimuts, au lendemain des attaques du 11 septembre. Ni Oussama Ben Laden, ni Ayman al-Zawahiri, ni le Mollah Mohamed Omar n'ont été, à ce jour, capturés. 2700 soldats américains ont été tués en Irak et la mort d'Abou Mossaâb al-Zarkaoui a été vite remplacée et oubliée. Au contraire, son successeur, expert en explosifs, met Baghdad à feu et flamme.
En déclarant la guerre contre les islamistes sans discernement ni distinction, Bush a créé un monde encore plus violent et certainement moins libre. Même les régimes arabes les plus dictatoriaux trouvent aujourd'hui l'aplomb pour affirmer que c'est au nom de la guerre contre le terrorisme qu'ils font des coupes dans les libertés.
Nous assistons aujourd'hui à de nouvelles mutations, faites dans la douleur, par l'islamisme politique, et qui, en fait, annoncent à la fois, le refus du duopole américano-israélien et l'émergence d'une nouvelle forme de résistance aux hégémonismes: le terrorisme de masse.
La formule est nouvelle et les résultats, au niveau planétaire, sont déjà là pour prouver l'efficacité tragique de cette nouvelle forme de guerre, jusque-là inconnue dans les annales de l'histoire des conflits. La guerre menée par le Hezbollah a démontré l'efficacité de cette nouvelle formule.
La résistance irakienne, dirigée par des groupes djihadistes, est aujourd'hui la plus manifeste représentation de cette guerre, qui oppose, en réalité, deux forces dont les moyens, les techniques et les effectifs sont disproportionnés l'une par rapport à l'autre. C'est une guerre asymétrique, sans règles, sans visage, sans objectifs clairs, et qui est menée par les résistants. De nouvelles armes sont apparues, et qui font peur aux hégémonies militaires: le rapt, le marchandage d'otages, la vidéo et l'attentat suicide.
Dans le Sahara algérien, avec l'affaire des trente-deux otages kidnappés par le Gspc, dans la Bande de Ghaza, en Irak, en Russie, en Tchétchénie ou en Arabie, le terrorisme de masse fait florès. Aujourd'hui, parler de groupes armés ou essayer de limiter la violence terroriste aux seuls groupes armés connus, relève de l'utopie. Lorsqu'un djihad est lancé, et bien argumenté au plan théologique et politique, c'est presque tout le monde qui souscrit à l'appel et le terroriste potentiel n'est même plus l'islamiste convaincu mais un peu le monsieur Tout-le-monde de la grande masse des musulmans.
Des femmes ont fait partie de la prise d'otages d'Ossétie, des jeunes filles et des adolescents palestiniens se font exploser près de barrages israéliens, de vénérables vieillards font partie des groupes de soutien du Gspc et d'adorables mamans font partie, elles aussi, du groupe islamique combattant marocain et de la tendance des ultras de la salafiya djihadiya du Royaume chérifien. Les troupes militaires américaines, qui sillonnent l'Afghanistan et le Waziristan pakistanais, savent bien qu'elles sont en zone hostile et que personne, même ceux qu'elles paient grassement, ne leur dira tout à propos des mouvements des Talibans et des caches secrètes des principaux leaders d'Al Qaîda.
Cette forme de guérilla - appelons-là stratégie du désespoir - a ciblé, jusque-là, deux formes d'hégémonie: l'américano-israélienne et la soviétique. Cela n'est pas fortuit, on s'en doute, et il est heureux qu'elle ait encore évité de s'en prendre à des pays comme la France, l'Allemagne, l'Italie ou la Grande-Bretagne. Les deux premiers ont, depuis fort longtemps, adopté une politique arabe et musulmane efficace. Le troisième, alterne la bonne et la moins bonne. Le Royaume-Uni a été préservé jusque-là, grâce à une seule chose: la présence de leaders islamistes sur son territoire et dont le poids auprès des groupes armés situés loin du Royaume est certain.
La stratégie du désespoir n'est pas un choix fait dans la joie, ni une idéologie réfléchie, mais bien un choix de l'urgence et une forme extrême, située à la périphérie de la vie normale elle-même. Le terrorisme de masse, malheureusement pour ses cibles, ne reconnaît pas le droit à la vie et se pose comme le champion du raccourci pour l'au-delà. La mort à portée de main! Voilà ce qu'il promet, et il faut convenir encore qu'il n'en est qu'à ses formes primaires et que Dieu seul sait quels nouveaux visages il prendra demain.
Comme Les Oiseaux d'Alfred Hitchcock, l'islamisme politique est aujourd'hui une expression agressive de la religion, une pathologie de l'Islam, et plus nous assistons à la montée des hégémonies, hostiles au monde arabo-musulman, plus cette agressivité sera prononcée, appuyée et menée à son paroxysme. Le terrorisme de masse se pose déjà comme une première réponse à l'hyperhégémonisme américain et lui fait pièce tant au plan politique qu'au plan militaire, malgré l'adhésion, feinte ou non, des régimes arabes aux plans de Washington.
La journée du 11 septembre a été un pain béni pour Alger, qui y a vu l'occasion de se faire entendre et de marquer des points. Et des points, l'Algérie va en marquer plus qu'elle n'espérait. Moins d'une année après, Alger se paie un intéressant colloque international sur le terrorisme et fait venir des sommités en matière d'études antisubversives. Bush découvre tout à coup qu'Alger est une «escale» profitable pour ses plans et l'Otan se charge, pour les Etats-Unis, de faire le reste. Du coup, exercices militaires, opérations et manoeuvres maritimes, coopération et échanges ont connu une courbe ascendante depuis 2001 et les Forces navales et terrestres se sont exercées avec les meilleures troupes étrangères, dont des unités de combat américaines et britanniques.
Les visites successives d'officiels américains, tant politiques que militaires, annoncent peut-être une mainmise de Washington sur une région qui a toujours été proche de l'Europe, voire sa chasse gardée. Le rapprochement américain, qui a commencé au lendemain des attaques du 11 septembre 2001, a connu des progrès rapides: l'Algérie désirant un retour vers la communauté internationale d'où elle semblait être bannie depuis une douzaine d'années, et les Etats-Unis voulant mettre sous la loupe une région qu'ils jugeaient désormais «stratégique». La France ou les Etats-Unis? Alger, avec brio, a su attiser la compétition entre Paris et Washington, mais semble avoir résolu l'équation par ses chiffres. «Face aux Etats-Unis, la France n'a pas le même poids», avait déclaré Mohamed Bedjaoui au Council on Foreign Relations, lors de sa visite à Washington où il a rencontré son homologue américaine Condoleezza Rice et John Negroponte, directeur national du renseignement américain.
Pour Washington, l'Algérie présente au moins trois motifs pour s'y intéresser au plus haut point. Le pétrole, la sécurité «intérieure» et une alliance qui amoindrirait la France et l'Europe. Mais, pour le moment, c'est la sécurité qui importe le plus. Alger devait impérativement surveiller la mer Méditerranée, pour ce qu'elle offre de voies maritimes privilégiées pour l'Atlantique, et donc, les Etats-Unis, mais surtout la vaste bande du Sahel. Les Etats-Unis avaient, en fait, commencé à s'intéresser à cette région saharo-sahélienne au lendemain de la «guerre totale» engagée par Bush, et la dispersion des cadres d'Al Qaîda et de ses sympathisants un peu partout dans le monde. On avait vite fait de croire que les salafistes pouvaient avoir des incursions à partir de l'Algérie vers le Mali, le Niger, la Mauritanie (qui avait accusé, il y a un an, le Gspc d'être l'instigateur de l'attentat de Lemgheity, thèse qui sera perturbée quelques semaines plus tard), et toutes ces bribes d'idées avaient fini par conforter la thèse des experts militaires américains selon laquelle cette bande du Sahel, longue de plusieurs milliers de kilomètres et qui va de la Mauritanie au Tchad et à la Somalie en passant par le Mali et le Niger, finira par constituer une «rampe de lancement» pour les futurs groupes armés affiliés à Al Qaîda dans leur assaut contre les Etats-Unis.
La capture des islamistes africains menés par Amari Saïfi, dans la zone de guerre du Tibesti, a fini par faire croire définitivement que la bande du Sahel, déjà infestée de groupes rebelles, d'opposants armés, de Touareg sécessionnistes et de contrebandiers constitués en bandes mafieuses, risque de se voir encore encombrée d'islamistes qui se retrouveraient aux portes de l'Europe dès qu'ils passeraient les frontières nord. Le plan américain Pan-Sahel Initiative (PSI), élaboré par Washington vers cette date, est un vaste programme, dont l'objectif est d'endiguer toute menace terroriste venant du Sahel. D'où tout l'intérêt porté aujourd'hui à l'Algérie qui possède déjà sur place hommes et logistique militaire. On dit que les Etats-Unis, avec leurs drones et leurs satellites, ne sont jamais loin, car, outre les satellites espions, les Etats-Unis utilisent des avions de reconnaissance Orion P3.
Une initiative maritime est menée depuis plusieurs années en Méditerranée par les navires de l'Otan et dirigée par Washington sous le nom de code «Active Endeavour» (Participation active), et à laquelle prend part l'Algérie. L'objectif recherché par Washington est celui de contrôler l'étroit passage du bassin méditerranéen, lequel conduit directement en Atlantique, d'où les craintes américaines. Incapable de gérer militairement la planète, les Etats-Unis vont devoir «sous-traiter» les zones à risques, et l'Algérie prend part, là aussi, à ces opérations.
L'Afghanistan, l'Irak, la Syrie, l'Iran, le Liban et tout le Machrek pose des problèmes souvent insolubles aux Etats-Unis, lesquels commencent à présenter des signes de fatigue.
Cet indomptable Machrek fait pousser Washington à «regagner» le Maghreb, où les choses paraissent infiniment plus simples. Le projet du Grand Moyen-Orient ne concernait pas l'Algérie. Mais, chemin faisant, il semble que notre pays «colle» mieux à l'initiative, car n'ayant ni les tiraillements multiconfessionnels et multiethniques de l'Irak, ni les tendances encore rigides de la Syrie ou de l'Iran. L'Algérie, dont les caractéristiques d'un pays méditerranéen sont encore trop évidentes pour être occultées, passe aujourd'hui pour être le mieux placé pour servir de modèle: sa lutte antiterroriste date de plus de douze ans, son imbrication dans les programmes communs et les exercices conjoints avec l'Otan est totale, son engagement avec Washington pour endiguer toute menace dans la bande frontalière du Sahel est sans équivoque et son contexte politique (adhésion à l'OMC, réconciliation nationale, implication des islamistes modérés dans le jeu démocratique, retrait de l'armée du champ du temporel, etc.) est très favorable à l'émergence d'une classe de politiciens «intégrés». Les choses n'étant jamais innocentes en politique, il y a encore lieu de voir dans cette poussée américaine en Algérie, une bonne tentative de prendre de court les initiatives de l'Euromed et de Poutine, afin d'amarrer Alger plutôt à Washington qu'à Paris ou à Moscou.
Enfin, les restrictions pour les achats d'armes sont levées, et, par gros contrats successifs, l'Algérie se dote d'un des plus efficaces armements de la région. Au plan interne, les effectifs de la police et de la gendarmerie grossissent à vue d'oeil, tant et si bien que les prévisions de 2009 affectent 200.000 pour le premier et 100.000 pour le second corps de sécurité. Les caméras de télésurveillance quadrillent la capitale, et si ce n'est pas encore «1984» et le «Big Brother» de George Orwell, on n'en est pas loin. «Plus de sécurité et moins de liberté». La formule, qui a consacré le règne des Etats-Unis depuis le 11 septembre est aussi valable pour l'Algérie, qui mène, à sa manière, la lutte contre le terrorisme.


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