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Un roman où la vie croise le fer avec un destin funeste
«Les sept fantômes de Hassina»
Publié dans L'Expression le 26 - 10 - 2023

L'auteur use d'un style fluide pour une narration aguichante attirant sans cesse le lecteur pour poursuivre la lecture. Contrairement à ce que l'on peut croire à la lecture superficielle, le roman n'est pas qu'historique. Les phrases se suivent comme une eau ruisselant de la montagne creusant des sillons dans les profondeurs des personnages. L'auteur scrute le moindre balbutiement dans les coeurs et les esprits du monde de Hassina. Au fil des pages, on se rend compte, tout accroché à la lecture, que le roman est plus psychologique qu'historique. Le père absent, mais paradoxalement toujours présent. Il est à la base de la formation de la personnalité effacée de toute la famille dont notamment Lazhar et Hassina. Mais, paradoxalement, c'est Lazhar, dont la destinée s'est formée à base de fragments de la personnalité du père qui plante le décor. Hassina, elle, apparaît à la vie justement à la disparition de l'ombrageux père décédé suite à sa maladie qui a brisé l'image d'un personnage singulièrement dominant. Dominant mais, lui, également étreint par le poids des traditions anciennes. «Arrivé en ville, le père reste prisonnier de son monde rural. D'ailleurs, Lazhar est resté, à cause de cela, sur le seuil de la ville sans jamais y accéder. Hassina, le petit ange, prend conscience de la vie, de sa vie, suite à la gifle du père qui a brisé sa poupée. Le père soupçonna une attirance charnelle entre sa petite fille et son bout de bois qu'elle caressait avec ses mains. La gifle «castra» prématurément la personnalité de Hasina qui ne reprend sa liberté qu'à la mort du père. N'est-ce pas que le père symbolise les forces rétrogrades avec paradoxalement leur impuissance et leur emprise sur les individus. Mais, la renaissance de Hassina, sera-t-elle facile? Oh, que non!
Une révolution ça remet tout à plat
Au fil des pages, l'auteur met en lumière le caractère stagnant de la société qui refuse toute émancipation. Il écrit «L'émancipation de Hassina ne fut pas sans conséquence sur sa réputation dans le quartier. Des bruits circulaient sur une vie de dépravée qu'elle mènerait en cachette en compagnie d'une voisine. Les deux femmes ne se connaissaient même pas, mais la rumeur publique en fit des complices dans le monde du péché». Son désir de changer de vie et de s'émanciper se heurte à des obstacles. «C'est dire que son projet de changer de vie se heurtait à sa réalité quotidienne», écrit l'auteur. Mais, à un détour de son quotidien balbutiant, Hassina voit s'entrouvrir une porte dans les réseaux sociaux.. Elle rêvait d'une révolution et la rencontre se fait comme par magie. Une révolution qui chamboulerait l'ordre établi et lui ouvrirait une brèche. Une révolution ça remet tout à plat. Ça détruit des situations acquises, ça en crée d'autres. Dans une révolution, l'orateur a une place de choix, pensa-t-elle. Et cette place, elle la trouva lorsqu'elle ouvrit sa propre chaîne de télévision sur les réseaux sociaux. Devenue elle-même youtubeuse, elle s'était retrouvée naturellement dans la rue à filmer les gigantesques marches des mardis et des vendredis. La révolution lui rouvrit les portes du rêve. Lazhar mourut à l'instant même où sa soeur rencontrait son «ange gardien». Encore une autre mort qui propulse la jeune fille. Une libération psychologique. Une vie sans le frère Lazhar mais avec un ange apportant un autre destin. Au détour, apparaît un nouveau personnage, Yacine,, tout aussi insignifiant avec des rêves grandioses. Sa disparition laisse traverser la lumière vers sa famille et un père «brisé» par Doula ou précisément le Premier ministre. «C'est à cause de toi que j'ai tout perdu, ma famille, ma dignité, mon honneur. C'est moi Smaïl à qui tu as détruit le gagne-pain. Crève!», criait-il dans le brouhaha d'une foule qui ne l'entendait pas.
Qui est l'ange gardien de Hassina?
Farid raconte, par sa naissance et sa vie, une page douloureuse de l'histoire. Mais, dans le récit, l'histoire n'est qu'un futur indéfini, là où tous les temps s'annulent, écrit l'auteur qui effectue un chassé- croisé entre la vie de Hassina et son ange, Farid, qui représente l'antithèse du mal de sa mère violée par les terroristes. Enfin, au fil des pages, on s'aperçoit que les fantômes de Hassina ont raconté leurs histoires alors vivants et ils ont égrené les bribes qui en restaient bien après leur mort. Leurs histoires enlaçaient dans un lugubre décor qui fait face à un miroir intérieur que seul le psychiatre Farid a su faire remonter en surface. Sa rencontre avec Hassina en fera de même pour lui d'ailleurs. Leur départ à la recherche d'une éventuelle relation familiale amènera Hassina à aller dans le village de ses parents. Yacine, Lazhar, le père, les deux frères ont marqué la vie de Hassina et reviennent en fantômes bien après leur mort. C'est que Hassina, met à profit leurs apparitions pour faire une plongée dans son histoire familiale et son être profond qu'elle exorcise dans la douleur. Ce voyage se trouve toutefois souvent entrecoupé de bribes d'histoire du pays et surtout du rêve d'un changement amené par les marches du vendredi et mardi. Le seul fantôme qui a apporté de l'apaisement à la vie de Hassina c'est Farid. Le psy qui a fini, lui aussi, par se perdre dans les dédales de la vie insaisissable de la jeune fille. Il s'interrogera d'ailleurs, face à la maladie de Hassina, comment peut-elle s'attacher, à ce point, à une famille qui, sur des générations, n'avait fait que subir l'adversité des autres. Par quel mécanisme psychologique pourrait-on expliquer une nostalgie qui n'avait jamais réellement existé? Hassina, qui s'était libérée de l'emprise des membres de sa famille, finit étrangement, par se laisser enchaîner par leurs fantômes. Paradoxal destin d'une jeune femme qui se laisse aspirer par le tourbillon de ses fantômes malgré les appels de Farida et du psy. «Ils sont la mort, tu es la vie. Ne te laisse pas aspirer. Résiste», lui dit Farida mais en vain.
«Tu l'as conçu dans la honte!»
Personnage vidé de sa substance par la présence d'un père et de frères dominateurs n'était-elle pas prête à se libérer. N'était-elle pas armée pour faire face à une vie ressemblant à une mer trouble et pleine de tourbillons. Elle se fera d'ailleurs aspirer par le premier en se laissant attirer par une guide islamiste vers l'abîme, la psychose.
L'origine du mal apparaît derrière l'écran de folie de Hassina qui tue son psy Farid. «Bonjour tout le monde. Je vous présente votre demi-frère. Il s'appelle Farid. C'est ton fils à toi, père. Tu l'as conçu dans le péché. Tu as violenté une femme pour semer ta graine. Tu ne te rappelles sans doute pas de la gifle que tu m'as donnée, parce que tu as vu dans mon geste innocent une obscénité impardonnable. Mais toi tu t'es permis de sauter sur la fille d'un autre père pour la déshonorer à jamais. On ne s'enfuit pas indéfiniment de ses péchés. Regarde-le. C'est la chair de ta chair. Tu l'as conçu dans la honte. Mais il est si gentil! Toute la famille est réunie maintenant. Mais mon travail n'est pas fini! Je m'occupe de vous trouver les tantes et les grands-parents. Ces amoureux que la guerre et Si Hamid ont détruits. Ils ont eux aussi le droit de vivre!». et l'histoire continue de se refaire sans Hassina et ses fantômes avec d'autres jeunes filles et d'autres fantômes.
L'espoir est dans le mouvement et les marches, mais le narrateur n'en dira pas plus sur son issue. Le roman de Said Boucetta se faufile dans les dédales des histoires de ses personnages jusqu'à reconstituer l'origine du mal collectif. Un style fluide et simple mais qui révèle des facettes ombragées de l'individu, le roman «Les sept fantômes de Hassina» mérite bien d'être lu sur et entre les lignes. Les femmes algériennes ne tiennent-elles pas tout de même un peu des traits de Hassina tout comme les hommes d'ailleurs. Lazhar ne nous emprunte donc pas quelques traits? À la fin de la lecture on est persuadé... qu'on doit absolument le relire parce qu'on n'a pas tout saisi. Et, c'est toute la beauté du style dont à usé l'auteur.


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