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Autobiographie et romans de la vraie vie
«Parole de psychiatre» de Farid Kacha
Publié dans L'Expression le 04 - 11 - 2021

Le professeur Farid Kacha, l'un des plus grands et des plus anciens psychiatres algériens vient de publier chez «Koukou éditions», un livre autobiographique? extrêmement émouvant, riche, et très utile, aussi bien pour les lecteurs de manière générale, que pour les psychiatres, les psychologues et le personnel du corps médical et paramédical. Ce précieux livre a été écrit par le professeur Farid Kacha durant la période de confinement total, décidé suite à l'apparition de la pandémie de la Covid-19. Farid Kacha a donc mis à profit cette période de grande solitude pour se raconter.
Le livre se veut une sorte d'autobiographie. Mais l'humilité dont est pétri l'auteur a fait que ce dernier se découvre à chaque fois en train de raconter les autres au lieu de parler de lui-même. C'est dire à quel point Farid Kacha a voué sa vie pour les autres et plus particulièrement pour les milliers de patients qu'il a eu à prendre en charge de manière dévouée pendant près d'un demi-siècle d'exercice dans un domaine des plus difficiles. Bien plus difficile que l'on pourrait le croire. Et on le découvre ou on le confirme au fur et à mesure que l'on avance dans la lecture de ce livre qui est en réalité un témoignage poignant sur des dizaines de tranches de vie tourmentées dont certaines se sont terminées dramatiquement par des suicides.
Tragédie humaine
Farid Kacha, tout au long de son parcours en psychiatrie, entamé au lendemain de l'indépendance, a eu à voir de très près toute sorte de tragédie humaine.
Des femmes et des hommes faisant face à des difficultés de vie insurmontables pouvant pousser ces derniers à l'irréparable. Des épisodes qui ont marqué à vie Farid Kacha qui ne cache pas sa sensibilité extrême face à de tels destins cruels. Lui-même, dans sa propre vie, a eu à vivre des situations similaires à celles qu'il aura à découvrir et à prendre en charge tout au long de son parcours professionnel à Alger.
Farid Kacha a choisi de raconter sa vie dès l'enfance tout en la mêlant de celle des autres car, pour lui, toutes les vies sont liées d'une manière ou d'une autre. Ce sont d'ailleurs des événements l'ayant bouleversé dans son enfance et dans son adolescence, plus particulièrement le suicide d'un camarade de classe, qui ont fini par le motiver à choisir le métier de psychiatre. Ce n'est donc pas un hasard,mais bel et bien un choix bien réfléchi effectué par Farid Kacha dès son très jeune âge. Mais le pays étant à peine indépendant, et la majorité des psys qui exerçaient en Algérie ayant quitté le pays, la spécialité s'est retrouvée en pleine crise et il fallait des efforts incommensurables afin de pouvoir donner corps à la psychiatrie algérienne. Et pour ce, un grand monsieur y a été pour beaucoup. Il s'agit du professeur Khaled Belmiloud auquel Farid Kacha n'a pas cessé de rendre hommage tout au long de son livre en racontant avec moult détails le rôle joué par ce pilier de la psychiatrie algérienne au lendemain de l'indépendance pour promouvoir cette spécialité. En outre, peut-on parler de psychiatrie sans citer Frantz Fanon? Bien évidemment non, surtout pour quelqu'un de très bien placé comme Farid Kacha.
La psychiatrie et Frantz Fanon
À Frantz Fanon, non seulement Farid Kacha rend hommage, mais aussi, il le cite plusieurs fois tout en mettant en relief plusieurs de ses citations dans son ouvrage comme celle où Fanon disait: «Une vie sans cause à défendre ne vaut pas la peine d'être vécue» ou encore: «Chaque génération doit dans une relative opacité, découvrir sa mission, la remplir ou la trahir.». Ces citations de Fanon, Farid Kacha les a relevées du livre «Les damnés de la terre».
D'autres psychiatres de grande envergure ont aussi marqué profondément Farid Kacha à l'instar du regretté Mahfoud Boucebci auquel plusieurs passages du livre ont été également réservés. Il s'agit de raconter un métier noble et difficile à travers des personnalités dont le travail titanesque accompli a été décisif. Farid Kacha parle de ces hommes avec une étonnante sincérité.
En dehors de Frantz Fanon, Farid Kacha a connu et fréquenté de très près toutes les autres sommités de la psychiatrie algérienne évoquées. Concernant Frantz Fanon, Farid Kacha écrit qu'il a été marqué par ses oeuvres. Il a aussi connu son épouse.
Le deuxième aspect du livre de Kacha, ce sont les témoignages émouvants qu'il partage concernant les patients dont la complexité des symptômes l'a beaucoup marqué.
Des patients, femmes et hommes, dont il se rappelle avec les moindres détails, leur vie et les souffrances qui ont émaillé ces dernières. Chaque témoignage est raconté avec des détails minutieux et on se demande comment après tant d'années, voire de décennies, Farid Kacha, se rappelle-t-il encore de ces éléments biographiques et des faits saillants ayant marqué ses patients. Ceci reflète indéniablement le degré d'amour et de conscience professionnelle avec lequel Farid Kacha exerçait son métier de psychiatre.
Une vie, un roman
Il faut dire que chacune des vies des patients, racontées par le professeur Kacha, en quelques paragraphes, est un roman à lui-seul.
N'importe quel écrivain talentueux pourrait bâtir un grand roman à partir des faits narrés par Farid Kacha en quelques lignes.
Le lecteur ne peut rester insensible devant tant de chagrins et de douleurs portés par des Algériens vulnérables. Farid Kacha restitue ces cas psychologiques et psychiatriques avec une sensibilité débordante qui bouleverse.
En lisant ces témoignages, on comprend vite que Farid Kacha ne considère pas ses patients comme seulement étant des personnes ayant besoin d'une prise en charge médicale. Il voit en eux des êtres humains, des amis, des proches... Il en parle comme s'il s'agissait d'un frère ou d'une soeur et même d'un fils ou d'une fille.
Quand l'un ou l'une parmi eux finit par désespérer complètement et passer à l'acte de suicide, Farid Kacha ne cache pas à quel point il a été complètement atterré à chaque fois qu'un tel drame survient.
Le livre que vient de publier Farid Kacha est inclassable. Peut-être qu'initialement Farid Kacha a voulu écrire une autobiographie, mais au fil des pages, il a constaté qu'il a tellement de choses à raconter sous le prisme de son expérience professionnelle, que sa propre vie devait inéluctablement passer en second plan.
Les cas des vies tragiques qu'il a narrées ont fini par éclipser la sienne. Mais, Farid Kacha trouve à chaque fois le moyen de rebondir sur sa propre vie professionnelle, mais pas pour longtemps.
Dimension scientifique de l'ouvrage
Car, il est vite appelé à bifurquer encore vers d'autres trajectoires: celles de ses anciens patients, celles des piliers de la profession ou encore et c'est là un aspect de l'ouvrage extrêmement important. Celui qui relève de la dimension scientifique. Le professeur Kacha décortique, avec une rigueur scientifique remarquable tout ce qui a trait à la psychiatrie comme la parole et la violence vécue, la parole agressive, les sacrifices et les frustrations, les addictions, la parole apaisante et la parole inquiétante, la persécution, l'art de vivre heureux...
Dans un autre chapitre, sous le même thème générique, Farid Kacha aborde des questions comme la motivation, la médecine et la mort, le père, l'adolescence, le cousin germain, la conduite suicidaire, la famille en détresse... Même l'affaire de l'assassinat de Boudiaf y est.
L'auteur lui consacre un passage important qui ne manquera pas d'intéresser le lecteur. Farid Kacha raconte aussi la mission historique à laquelle il avait pris part lors de la célèbre affaire des prisonniers américains en Iran.
Un chapitre s'avère également attrayant. C'est celui consacré à la politique et la psychiatrie que l'auteur conclut avec un regard sur le portrait psychologique du président Wilson par le père de la psychanalyse Sigmund Freud. Il faut dire que le livre de Farid Kacha brasse une infinité de sujets tous aussi importants les uns que les autres.
Ce nouveau livre de Farid Kacha fera date dans le milieu de la psychiatrie et de la médecine en Algérie. C'est incontestable.
Dans cet ouvrage, il y a un peu de tout: la psychologie, la psychiatrie, la sociologie, l'histoire, la politique et même la littérature. Il y a par exemple un témoignage inédit de Farid Kacha sur l'écrivain Malek Haddad qui était son ami.
Farid Kacha a déjà écrit de nombreux livres dont «Manuel de psychiatrie du praticien maghrébin», «Psychiatrie et psychologie médicale», «Les thérapeutiques psychologiques», «L'assassinat d'un président, psychiatrie et justice», «L'hypnose, le chaman, l'exorciste et Erickson». Farid Kacha, professeur émérite, psychiatre issu de la première promotion en Algérie, a créé et dirigé un service universitaire de référence à Alger.
Prix maghrébin de médecine, il a été assistant puis professeur invité au service de psychiatrie universitaire à Genève.
Farid Kacha est président de la Société algérienne de psychiatrie et membre fondateur de nombreuses associations dont l'association franco-maghrébine de psychiatrie.


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