Les combats entre l'armée sioniste et les combattants du Hamas faisaient rage hier à Ghaza, deux mois après l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien suivie de l'agression barbare sioniste qui a fait des milliers de victimes. Un vote extraordinaire à l'Onu sur un cessez-le-feu est attendu depuis hier tandis que l'agression, concentrée dans une première phase dans le nord du petit territoire palestinien surpeuplé, est étendue depuis une semaine jusque dans le sud, où sont acculés près de deux millions de civils réfugiés. Des bombardements intenses au coeur et autour de plusieurs grandes villes ont encore alourdi le bilan des victimes palestiniennes, qui dépasse désormais 17.000 personnes dont 70% de femmes et de mineurs, d'après le ministère de la santé du Hamas. A Deir el-Balah, dans le centre de la bande de Ghaza où les combats font rage, les blessés continuent d'affluer dans les hôpitaux, dont de nombreux enfants. Rimah Mansi, une habitante, a déclaré avoir perdu «tous les gens que nous aimions, tous». Dans le nord de la grande ville de Khan Younès (sud), les bombardements de l'armée sioniste ont rasé le quartier d'al-Katiba. Celle-ci se vante d'avoir «frappé 450 cibles» lors d'opérations terrestres, aériennes et navales. La veille, les attaques ont été particulièrement féroces à Khan Younès, et plus au nord dans la ville de Gaza et le secteur voisin de Jabaliya. Créant une vive émotion sur les réseaux sociaux, les chaînes de télévision sionistes ont diffusé jeudi soir des vidéos montrant des dizaines de Palestiniens en sous-vêtements, les yeux bandés, sous la garde de soldats sionistes dans la bande de Ghaza. Des milliers de personnes se sont réfugiées autour de Rafah, à la frontière égyptienne, seul endroit où de l'aide humanitaire est encore distribuée, au compte-gouttes.»Depuis deux mois, on bouge d'un endroit à un autre (...) Nous sommes très fatigués, nous dormons dans la rue», témoigne Abdullah Abou Daqqa, qui est parvenu à rejoindre la ville frontalière, évoquant «les deux mois les plus durs» de son existence. L'entité sioniste a imposé depuis le 9 octobre un siège total à la bande de Ghaza, qui provoque de graves pénuries d'eau, de nourriture, de médicaments et d'électricité. Le carburant, nécessaire au fonctionnement des générateurs dans les hôpitaux et aux équipements de dessalinisation de l'eau, manque aussi. Jeudi soir, «69 camions transportant de l'aide humanitaire et 61.000 litres de carburant sont rentrés à Ghaza en provenance d'Egypte», bien moins que pendant la trêve qui a eu lieu entre le 24 et le 30 novembre, a indiqué l'agence des Nations unies chargée de la coordination humanitaire (OCHA). Selon l'ONU, 1,9 million de personnes, soit environ 85% de la population, ont été déplacées par la guerre dans la bande de Ghaza où plus de la moitié des habitations sont détruites ou endommagées. Face à une «situation catastrophique dans la bande de Ghaza», le Conseil de sécurité de l'ONU devait se prononcer hier soir sur un appel à un «cessez-le-feu humanitaire immédiat», un vote à l'issue incertaine dans un contexte diplomatique tendu car, depuis le début de la guerre, le Conseil a réussi à adopter une résolution qui appelait à des «pauses et couloirs humanitaires» à Ghaza, mais pas à un «cessez-le-feu», auquel les Etats-Unis s'opposent à ce stade. Hors de Ghaza, les violences se poursuivent aussi en Cisjordanie occupée, où les forces sionistes ont tué par balles hier six Palestiniens dans un camp de réfugiés, selon le ministère de la Santé de l'Autorité palestinienne. L'armée barbare a par ailleurs mené une incursion jeudi soir dans les rues de Ramallah. Plusieurs soldats israéliens ont tiré des grenades et des boutiques endommagées ont été fouillées. Au moins 264 Palestiniens ont été tués par des soldats ou des colons juifs extrémistes depuis le 7 octobre, selon l'Autorité palestinienne. La guerre a aussi ravivé les tensions à la frontière avec le Liban, où les échanges de tirs sont quotidiens entre l'armée sioniste et le Hezbollah libanais, allié du Hamas. Benjamin Netanyahu a lancé une nouvelle menace au mouvement chiite libanais: «Si le Hezbollah choisit de déclencher une guerre totale, il transformera par sa faute Beyrouth et le sud du Liban, non loin d'ici, en Ghaza et Khan Younès», a-t-il dit, se flattant de l'ampleur du génocide commis par son gouvernement dans l'enclave palestinienne.