Le pétrole a-t-il fini de broyer du noir? La question est posée. L'avenir nous le dira. Pour ce qui est du présent, il est incontestable que les cours de l'or noir ont réussi à stopper leur saignée. Ils ont mis fin à six séances consécutives de baisse pour clôturer la semaine sur une nette hausse. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février a progressé de 1,79 dollar pour afficher 75,84 dollars. Son équivalent américain, le West Texas Intermediate, pour livraison en janvier avançait de son côté de 1,89 dollar à 71,23 dollars. Quel est le détonateur qui est à l'origine de ce sursaut? Les cours du brut auraient repris de la vigueur, après une rencontre du président russe Vladimir Poutine et du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane avec au menu la situation du marché de l'or noir. «Les prix ont augmenté vendredi à la suite des interventions de la Russie et de l'l'Arabie saoudite pour que les membres de l'Opep+ (l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et leurs alliés, ndlr) respectent les réductions de production convenues», notait Stephen Innes, analyste chez SPI AM. Le président russe Vladimir Poutine et le prince héritier saoudien Mohammed ben Salman ont appelé jeudi tous les membres de l'Opep+ à se joindre à un accord sur la réduction de la production de pétrole, affirmant que ces mesures sont bénéfiques aux producteurs et à l'économie mondiale en général. Vladimir Poutine a tenu une réunion organisée à la hâte à Riyadh avec le prince héritier saoudien mercredi après que les 13 membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et leurs 10 alliés dont la Russie aient annoncé le 30 novembre le retrait de quelques 900.000 barils par jour supplémentaires du marché. Parmi les 23 pays de l'alliance, certains pays comme les Emirats arabes unis, l'Irak, le Koweït, le Kazakhstan, ou Oman, se sont engagés à se joindre à cette initiative. L'Algérie a, pour sa part, décidé de procéder à une réduction volontaire supplémentaire de 51000 barils/jour, à compter du 1er janvier 2024 jusqu'à fin mars prochain. Le gros de l'effort est cependant supporté par les deux poids lourds mondiaux du marché de l'or noir, l'Arabie Saoudite et la Russie. Riyadh a ainsi annoncé l'extension de sa mesure de réduction d'un million de barils par jour (bpj) jusqu'à la fin du premier trimestre 2024. La Russie a décidé quant à elle de prolonger la réduction de sa production de 500000 barils par jour jusqu'à fin mars 2024. C'est donc dans le souci de mettre en oeuvre ces nouvelles coupes que s'est tenue la rencontre du Président Russe et du Prince héritier saoudien. Les deux parties ont salué leur étroite coopération et les efforts fructueux déployés par les pays de l'Opep+ pour renforcer la stabilité des marchés pétroliers mondiaux, ont souligné l'importance de poursuivre cette coopération et la nécessité pour tous les pays participants d'adhérer à l'accord de l'Opep+, de manière à servir les intérêts des producteurs et des consommateurs et à soutenir la croissance de l'économie mondiale, indique un communiqué publié, jeudi, par le Kremlin. Il faut savoir que les prix du pétrole avaient vécu une séance cauchemardesque la veille. Le West Texas Intermediate a glissé mercredi sous les 70 dollars son plus bas niveau depuis juin alors que le Brent de la mer du Nord lâchait 3,75%. Les opérateurs n'ont accordé aucun crédit à la promesse de membres de l'Opep+ de nouvelles coupes conjuguées de 900.000 barils par jour, en net, de janvier à mars prochains, soulignaient les experts. «Et je ne pense pas qu'on verra quoi que ce soit d'autre de leur part d'ici la fin de l'année. Ils n'ont plus de munitions.» assurait John Kilduff, d'Again Capital. «Les réductions de production ne sont pas suffisantes pour compenser les mauvaises prévisions de demande de la Chine, premier importateur mondial», a estimé, pour sa part, José Torres, d'Interactive Brokers. L'Arabie Saoudite et la Russie, par le biais de leurs déclarations, ont vraisemblablement remis les pendules à l'heure. Les prix se sont redressés...