Prenant le relais après un nouvel échec du Conseil de sécurité paralysé, l'Assemblée générale de l'ONU devait se prononcer hier soir sur une résolution exigeant «un cessez-le-feu humanitaire immédiat» dans la bande de Ghaza, un texte non-contraignant qui a toutes les chances de passer. Malgré la pression du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres qui craint un «effondrement total de l'ordre public» dans le territoire palestinien en guerre, un projet de texte sur ce cessez-le-feu humanitaire s'est heurté vendredi au Conseil de sécurité à un veto scandaleux des Etats-Unis, allié déclaré du sionisme. Le Conseil avait déjà mis plus d'un mois après le début de l'agression barbare que mène l'armée sioniste dans le territoire palestinien, en plus d'un siège total et d'un blocus qui dure depuis plus de 16 ans. L'instance onusienne se heurte chaque fois au veto de l'administration Biden depuis le 7 octobre et elle s'est contentée mi-novembre, après quatre textes rejetés, de demander des «pauses» humanitaires. De nombreux pays et organisations de défense des droits humains ont déploré l'échec dû au veto américain, y compris Antonio Guterres qui a décrit dimanche un Conseil de sécurité à l'autorité et la crédibilité «compromises». Plus de deux mois après, les bombardements, les raids terrestres et maritimes et les persécutions ainsi que les atrocités de l'armée sioniste se poursuivent, affectant depuis quelques jours le sud de la bande de Ghaza après avoir transformé le nord en un «vaste cimetière» selon l'ONU qui ne cesse d'alerter sur la situation catastrophique dans tout Ghaza, où le système humanitaire est «au point de rupture».»Certains ne voient pas la réalité telle qu'elle est», a dénoncé l'ambassadeur palestinien à l'ONU, Riyad Mansour, vendredi après le veto américain.»Mais à la fin, ils céderont sous la pression massive de l'humanité, d'un bout à l'autre du globe», a-t-il espéré. Pour maintenir cette pression, les pays arabes ont réclamé une nouvelle réunion spéciale de l'Assemblée générale mardi après-midi, juste après la visite de plus d'une dizaine d'ambassadeurs du Conseil de sécurité prévue au point de passage de Rafah, entre l'Egypte et Ghaza. Le projet de texte, selon les médias, reprend en grande partie la résolution bloquée au Conseil de sécurité vendredi par les Etats-Unis. S'inquiétant de la «situation humanitaire catastrophique dans la bande de Ghaza», il «exige un cessez-le-feu humanitaire immédiat», réclame la protection des civils, l'accès humanitaire et la libération «immédiate et inconditionnelle» de tous les otages. Mais comme le texte adopté par l'Assemblée générale fin octobre - qui appelait à une «trêve humanitaire immédiate, durable et soutenue, menant à la cessation des hostilités» -, il est plus que probable ququ'il sera fustigée par l'entité sioniste et son allié inconditionnel les Etats-Unis qui viennent de lui attribuer des dizaines de milliers d'obus sans passer par le Congrès. Cette précédente résolution avait recueilli 120 voix pour, 14 contre (dont l'entité sioniste et les Etats-Unis) et 45 abstentions, sur 193 Etats membres. Les appels à un cessez-le-feu se multipliant, «on peut anticiper que la majorité sera plus grande» cette fois, a indiqué Richard Gowan, de l'International Crisis Group. Elle se rapprocherait alors peut-être des quelque 140 voix qui ont plusieurs fois dénoncé l'invasion de l'Ukraine, un résultat que les Etats-Unis avaient vu comme une preuve de l'isolement de la Russie. Mais même avec un soutien massif à un texte non-contraignant, «personne n'imagine que l'Assemblée générale puisse persuader de cesser le feu», a commenté Richard Gowan. Même si le Conseil de sécurité est «au coeur de notre travail pour la paix et la sécurité», «les messages (de l'Assemblée générale) sont aussi très importants», a tempéré lundi Stéphane Dujarric, porte-parole d'Antonio Guterres.